"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Luis de Camoens vécut pauvre et mal famé, si bien qu'on ne possède à son sujet que deux éléments biographiques certains : la date et les circonstances de son bannissement aux Indes, en 1550 - qui furent notés sur les registres royaux - et la date de sa mort à Lisbonne, le 10 juin 1580. Ce fut de la peste, ce qui lui laissa le temps d'écrire encore :
« Enfin, je finirai de vivre et tous verront que j'ai tant aimé ma patrie que je ne me suis pas contenté de mourir chez elle, mais avec elle. » En effet, deux mois plus tard, le Portugal vaincu tombait aux mains de la couronne espagnole.
On montre à Macao la grotte où Camoens aurait écrit Les Lusiades, mais il s'agit d'une conjecture. Nous n'avons aucune preuve historique qu'il ait abordé la Chine. Le reste est à l'avenant. Nous ne pouvons douter qu'il fut à Goa. Ses voyages aux Moluques, ses expéditions en mer d'Arabie, restent des hypothèses. Certaines d'entre elles sont solides, d'autres sont plus incertaines. De même, nous ne savons rien des femmes qu'il a aimées. Il écrit à leur propos mais veille à ce qu'on ne puisse les identifier. Natercia est bien l'anagramme de Caterina, mais laquelle ? On a cru y voir Catherine de Ataide, dame d'honneur de la reine. Pas de chance ! Il y avait trois dames de ce nom à la Cour quand Camoens y avait ses entrées.
Dinamèna, ce nom de naïade grecque, recouvre-t-il celui de Din An Men, une Chinoise qu'il aurait épousée, ou bien toutes les femmes qu'il a probablement connues en Extrême- Orient ? Nul ne le sait.
Dès qu'il mourut, la gloire du poète s'éleva, et atteignit de tels sommets qu'on donna son nom à la langue dont il usait, le portugais, la langue de Camoens.
On ne le découvrit en France qu'à partir du XVIIIe siècle, et principalement à la période romantique, qui en fit un héros au goût du jour : rebelle, courageux, amoureux.
Parce que Camoens fut un poète indompté, patriote et guerrier, Louis Aragon s'en inspira pour écrire Les Yeux d'Elsa, publié clandestinement à Paris pendant l'Occupation. Tout le recueil lui rend hommage.
À la même époque, les fascistes portugais se prévalaient du grand écrivain de leur nation pour légitimer la dictature.
Chacun, selon son temps et ses arrière-pensées, a prêté ses propres sentiments et ses idées au poète dont on ne sait presque rien de façon certaine.
L'auteur du présent récit a fait de même. Toutefois, s'il a conjecturé la vie que mena Camoens de Lisbonne à la Chine en passant par l'Afrique et les Indes, il en a respecté le contexte historique : L'Odyssée de Camoens est aussi celle de l'aventure portugaise à la fin des Découvertes.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !