"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À travers les trois romans parus de 1976 à 1983 qui composent L'Europe après la pluie, Philippe Curval compose, bien avant la lettre, une allégorie de notre présent, voire de notre futur.
Dans Cette chère humanité, au début du XXI e siècle, l'Europe occidentale s'est brutalement repliée sur elle-même. Pour former le « Marcom », communauté totalement autarcique qui, après avoir chassé tous les étrangers de son territoire, a érigé sur ses frontières d'infranchissables barrières. Figé économiquement, le Marcom l'est aussi socialement, moralement, esthétiquement.
Dans leur confortable enfer climatisé, seuls les privilégiés peuvent s'offrir un ersatz d'éternité : des cabines à ralentir le temps. Restent quelques marginaux. Et surtout Belgacem Attia, l'espion qui vient du chaud - les anciens pays en voie de développement qui forment désormais une union civilisée - pour s'opposer au conditionnement qui coupe l'homme des puissances de l'instinct et des ressources infinies de l'imaginaire.
Un livre intelligent, qui pose les vraies questions avec la violence qui convient. De cette bataille d'idées un autre aurait fait un conte philosophique, Curval en fait un grand roman d'aventures qui réconcilie James Bond et Jules Verne, Franz Kafka et Lawrence Durrel. Roman touffu dans lequel on rencontre des créatures végétales, des adorateurs de la pollution, des «montreurs de rêves» qui peuvent matérialiser les paysages mentaux des gens. Une oeuvre prophétique qui fourmille de grands délires. Sans doute l'un des romans les plus importants de l'histoire française de la science-fiction.
Par son sujet, Le dormeur s'éveillera-t-il ? prend abruptement le contre-pied des thèses écologistes qui font aujourd'hui florès.
Le monde du Dormeur, l'Europe en pleine désagrégation, n'est qu'un vaste bouillon de culture : de l'écologie au fascisme en passant par les dangers de l'énergie spatiale solaire pour changer et les bienfaits de l'énergie nucléaire (?). Curval, on n'en doute, plus a le sens de l'humour grinçant... l'humour qui se retourne contre le lecteur. Un livre présage, existentialiste, anarchisant.
En souvenir du futur, fourmillant de notations exotiques, de postulats poétiques dont la science pourrait faire son profit, renouvelle de façon excitante et ambiguë le thème du voyage dans le temps. Le Centre de Gestion Temporel envoie ses agents à travers le temps afin de réguler la marche des événements et de gommer tout risque de voir se concrétiser le Marcom. Pour ces voyages, délaissant la machine ou la chimie, Philippe Curval a choisi une troisième force : la passion. Grâce au voyage analogique, Georges Quillan est à même de s'ancrer dans telle ou telle époque et ses étapes sont autant de femmes qu'il a connues : Inglès, Jickie, Véra, Aziza et Nancy.
Sera-t-il susceptible d'influencer le futur proche ? Pourra-t-il éviter la fin du monde que certains ont cru apercevoir ? Son héros court, en quelque sorte, à la recherche d'un avenir perdu, et sa quête a un parfum prononcé d'angoisse.
De tous les romanciers français de S.F., Curval est un de ceux dont l'imagination est la plus riche, la plume la plus ferme, et le goût de la critique sociale le plus aigu. L'actualité européenne rend la réédition de ce triptyque cruciale, notamment sur la question des frontières et des migrants.
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