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Sur fond de polémiques grossières (« ils » sont tous devenus des nantis, « ils » ne voulaient que détruire, etc.), la société française ne parvient toujours pas, cinquante ans après, à étudier calmement mai 68. Nombre de politiques ou d'intellectuels nous garantissent que ce fut la perte de nos valeurs communes, de nos repères partagés. Au fond, ils ont tous eu peur, ceux de droite, ceux de gauche, tellement peur qu'ils courent encore.
Hervé Hamon est un témoin, un « piéton de Mai », mais aussi l'auteur, avec Patrick Rotman, de Génération, ouvrage qui fait référence sur la question. Avec le détachement de l'âge, avec humour, il s'efforce ici de mettre les choses en perspective. Cette grande insurrection, cette grande grève ne fut pas, dit-il, un début, mais une fin. La fin de la révolution conçue comme une guerre, la fin du communisme, la fin de l'ordre patriarcal.
Ce fut encore un mouvement créatif et drôle où l'on pouvait dire « je » au sein de la foule solidaire, où aucune question n'était interdite, où aucun débat n'était hors sujet.
Une société s'est alors mise à jour, de l'ouvrier au professeur, du médecin au paysan. Sans oublier l'essentiel : les femmes.
Mai 68, c'est du passé. Mais, soutient Hamon, du passé qui nous interroge en ce que la vraie révolution est celle de la société civile. Et ça, c'est toujours d'actualité.
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