"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alors qu'on pensait l'engeance éradiquée, un pirate écrit au maire de Pontax, une petite ville portuaire, pour le sommer d'organiser son débarquement avec faste. Réception, banquet, nombre de vierges à rassembler, le protocole est si détaillé que l'édile croit à une farce. Mais le commandant Georges n'envisage pas les choses avec légèreté... Et contre toute attente, il prend la ville au grand dam des élites administratives et politiques de la commune, du département et... du pays tout entier : le gouvernement est au cents coups.
Une mise en lumière fabuleuse !
Pépite !
Prenez soin de la préface d’Éric Dussert qui vaut son pesant d’or.
Inaugurale, explicite, perfectionniste, « et vite, on consacra son histoire sur les planches grâce à l’adaptation d’Armand Silvestre et Paul Bonnetain qui mirent en œuvre une comédie-vaudeville intitulée : « Les Pirates de Pontax ». Puisque ce récit était comique, et d’un humour ravageur, qu’il évoquait la vie politique et administrative du pays inventeur –sans aucun doute- du papier timbré, son succès fut retentissant ».
Gaston Bergeret est né en 1840 et décédé en 1921. Mais attention, sachez que ce texte n’a pas pris une ride. Il était novelliste côté cour et greffier à la Chambre des députés côté ville.
C’est dire si cette merveille est inspirée des diktats de la justice et de l’administration à outrance.
Ce texte réédité par les Éditions Marie Barbier est une sacrée chance. Un phénomène éditorial. Mais plus que cela encore, c’est une renaissance grâce à une éditrice qui sait la qualité hors norme et le précieux de ce classique de la littérature.
« Les Évènements de Pontax » est une satire. Un texte d’une rare intelligence, d’une maîtrise implacable, tant en 76 pages il changera votre regard sur les carcans administratifs et l’effet domino d’une telle emprise sur la vie.
« Apprendre à toujours se méfier » à l’instar de Prosper Mérimée. Gaston Bergeret, ici, s’amuse beaucoup. Trouble-fête, il bouscule son auditoire et enclenche un récit de haute voltige, aux sous-entendus comme des ballons de baudruche qui vont éclater au fur et à mesure de l’évènementiel. Le 7 mai, (écrite le 25 avril), le maire de Pontax reçoit une lettre. Jusqu’ici tout va bien. Sauf que nous sommes dans une ville portuaire réglée comme une horloge où cette lettre va être le détonateur et va semer la zizanie.
Le commandant Georges d’un bateau de pirates « Le Forban » somme son arrivée avec ses soixante pirates. Il a des exigences. Une table fournie, des vins succulents, qu’ils dorment tous dans un même antre et que l’accueil soit à la hauteur de sa renommée. Un chantage entre les lignes de cette première missive : « sinon la ville sera mise à sac et vous seriez personnellement pendu ». Le maire n’exécute pas les souhaits du commandant Georges. Cette première lettre n’a pas de timbre. On ne peut savoir où se trouve le bateau des pirates. Un mois pour concrétiser les vœux, le maire est dérouté mais pousse du pied cette première lettre, point d’inquiétude. Quoique.
Sauf que le 12 mai il en reçoit une autre. Le ton monte et les volontés du commandant aussi. Il désire soixante jeunes filles d’une grande beauté pour son équipage adulte. Le tsunami ! Le maire prend peur. Il informe sa hiérarchie. Monsieur le sous-préfet, le procureur de la République et tutti quanti. Cette annonce de l’arrivée prochaine du commandant passe de main en main dans un burlesque dont on ressent la maillage noué et irrévocable. D’aucuns de Pontax pressentent le danger. Mais qui est donc ce commandant Georges ? Pontax qui va ce jour être bombardée par une escadre dont on ne connaît pas l’origine. Le maire et sa cohorte administrative, d’officiers de la loi etc. Tous regardent derrière leurs épaules. Ne se doutent-ils pas que le commandant Georges va véritablement accoster ?
Et là les amis, le récit est un feu d’artifice. Le commandant Georges est à Pontax. Quid de ses menaces, car le maire n’a pas exaucé des volontés. Jusqu’au macrocosme administratif et politique c’est la valse à l’envers. La peur du méconnu. Le commandant Georges va prendre la main sur cette ville où tout est bousculé.
Le récit est le maître de cette scène à la vaudeville. On s’amuse, on trépigne, on observe. C’est le feu follet de la jubilation. Car sous ses faux airs d’un clown au nez rouge, Gaston Bergeret dévoile l’idiosyncrasie du genre humain : il va toujours dans le sens du vent, opportuniste et somme toute conformiste. Que va-t-il se passer au cœur de ce grand classique qui reçoit par le lecteur une ferveur certifiée ?
Le pouvoir politique, l’administration comme un caillou dans la chaussure, ici tout est décortiqué par la grâce joyeuse d’une écriture qui saute dans la flaque des règlements, lois, décrets, ordres… Un commandant Georges devenu un symbole. Celui qui va effondrer le mille-feuille des administrations. Et qui va par ses mystères (dévoilés en pages finales) être l’arbre que cache la forêt.
« Les Évènements de Pontax » est funambulesque, héroï-comique. Il sonne juste dans notre contemporanéité. Cette fable vaudevillesque, alerte, piquante, judicieuse est malicieuse. Fresque maritime et sociétale, elle dénonce les carcans qui voilent le courage et attisent la lâcheté. La morale est minutieuse et irradiante. Ce livre est un bonbon fondant en bouche. Une résurrection éditoriale de haute voltige.
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