"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1890. Après une épuisante campagne militaire, le royaume de Coronado a conquis l'essentiel de la péninsule de la Lune d'Or. Seul l'Empire du Léopard, perdu dans les montagnes, lui résiste encore.
Dans l'attente des renforts promis par sa hiérarchie, le colonel Cérès Orkatz - surnommée la Salamandre - peine à assurer l'ordre sur place, la faute à un vice-roi bien intentionné mais trop faible. Dans ce monde de jungle et de brume, les colons venus faire fortune s'épuisent et meurent à petit feu, même si certains au sein du régiment espèrent toujours découvrir la mythique cité de Tichgu, qui abriterait selon les légendes locales la Fontaine de Jouvence...
Emmanuel Chastellière a un talent certain pour nous embarquer dans ces univers de fantasy où raisonnent des images du passé.
C'est (il me semble) le premier roman fantasy qui me renvoi à des images d'Amérique du Sud réinventée. C'est un décor tropical où la nature qui empêche de voir loin (dans tous les sens du terme), cela crée une ambiance suffocante, inquiétante, mystérieuse… la thématique de la forêt. le fait de ne voir que les choses au premier plan renvoi aussi aux secrets, que cachent les arbres, que cachent les peuples autochtones, et les « conquistadors » ?
Les personnages sont des êtres aux multiples facettes, ils ont tous des pans de vie secrète. Les femmes tiennent une place importante et on aussi des places importantes. Les alliances, les relations plus ou moins intimes entre certains protagonistes ne sont pas innocentes.
Le corps joue un rôle important et pas seulement l'élément sensuel, l'enveloppe charnelle. Il y a tout ce qui concerne les tatouages, les scarifications rituelles qui ont des liens avec la magie, mais aussi à la nature.
C'est un roman où la nature est partout, mère nourricière ou létale. Les animaux ont leur importance comme le suggère le titre du roman qui est un lieu singulier.
Je disais plus haut qu'il y avait cette forêt dense qui crée un climat inquiétant dans cette péninsule de la Lune D'or. En opposition on a la mer avec la ville de Carthage et son port, seul lien avec le pays des conquérants. Cela introduit l'idée d'ailleurs et à nouveau cette image de l'emprisonnement, là on n'est plus entouré d'arbres mais d'eau. Il y a la aussi une part de mystère, où sont les bateaux qui doivent arriver, puis arrive un bateau armé et l'histoire bascule…
Mon attention a été attirée par la forte présence de formes arrondies, que ce soit dans le nom de la péninsule ou des cercles rituels, dessins. Je n'ai pas noté exactement tout ce qui touchait à ce champs lexical mais cela m'a fait penser à l'idée de boucle, on revient à son point de départ, à son obsession personnelle pour certains personnages.
Il y aussi que se crée dans les idées et/ou images entre intérieur et extérieur. Que ce soit de lieux physiques ou de l'esprit. Des cercles qui s'ouvrent ou pas...
Diplomatie et action il y a dans cette dualité tant de possibles. Il y a aussi une certaine immobilité, où l'on voit les troupes de Cérès tourner en rond jusqu'au départ, le mouvement. Une impulsion débutée par l'arrivé d'un message, puis d'un autre messager de l'auteur camp.
C'est un roman très dense qui aborde plusieurs thématiques vous fera passer des moments très prenants que je vous laisse découvrir.
Voilà longtemps que je ne m'étais pas plongé dans ce type de saga Fantasy et j'avoue avoir ete porté par ce pavé, cela d'autant plus qu'ayant reçu "La Piste des Cendres"du même auteur et relevé qu'il y avait un certain écho entre les deux, à 26 ans d'écart, je voulais vraiment disposer d'une vision globale.
Imaginons un univers partagé entre plusieurs royaumes dont l'omnipotent Coronado avec ses colonies et un empire inaccessible et rival, sorte d'Eldorado.... c'est celui du Léopard. Qui dit colonie dit parfois éloignement et campagnes de guerre.... c'est le lieu de départ de ce livre et qui permet d'implanter des personnalités fortes comme un vice-roi Philomé, un peu trop timoré, une colonel forte Cérès meneuse de troupe de poigne et respectée mais à la vie sentimentale difficiles entre le vice-roi, la lointaine reine Constance et surtout une indigène Camélia tirée d'un sort funeste, un mercenaire Artémis Cortollan ambitieux et prêt à tout, un vieil alchimiste en perte de vitesse et son apprenti curieux et brillant Alério. Cette petite communauté à la tête d'une armée démotivée, un peu trop isolée et sur des terres arides est déja en ellle-même soumises aux doutes et aux conflits internes va s'engager dans une entreprise des plus ardues et incertaines.... répondre à une offre d'alliance avec le très mystérieux trio impérial de l'Empire du Léopard et cela alors que les rixes et conflits se multiplient avec les indigène que le Coronado a voulu asservir. Nous voilà plongé dans une véritable saga.
Tout le talent d'Emmanuel Chastellière est de mixer Fantasy (alchimie, fées, sorciers, monstres), la grande Histoire (comment ne pas penser à la conquête de l'Amérique du Sud), batailles Homériques, personnalités complexes mais fortes et nous évite un happy end. Le suspense est maintenu, les coups fourrés ne manquent pas, des manifestations troubles, avec sa part de phénomènes irréels et chimériques, dantesques à l'excès...
Un pavé conséquent de plus de 658 pages mais qu'il ne faut pas lâcher.
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