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Sur le tabouret que Sully occupait au bar du Horse est désormais assis son fils Peter, professeur d'université encore aux prises avec cet héritage écrasant lorsque son propre rejeton, Thomas, refait surface après des années de séparation. C'est aussi au Horse que Doug Raymer, ancien chef de la police de North Bath, et Charice Bond, fraîchement nommée à la tête de la police de Schuyler, se retrouvent un samedi soir après la découverte d'un corps en décomposition dans la salle de bal du Sans Souci, hôtel abandonné situé à la limite entre les deux villes. Au Horse, toujours, que Janey fait des extras pour arrondir ses fins de mois et sortir de l'ornière. Ne serait-il pas temps de mettre fin à ses relations toxiques avec les hommes et de pardonner à sa mère, Ruth, son ancienne liaison avec Sully ? Tandis que dehors un ballet de chasse-neige, de dépanneuses et d'ambulances sillonne la ville, tout ce petit monde se demande qui a bien pu disparaître sans que personne s'en rende compte. Troisième volet d'une trilogie initiée avec Un homme presque parfait et À malin, malin et demi, Le Testament de Sully, imprégné de l'humour cinglant et de la tendresse infinie pour ses personnages qui ont fait la réputation de Richard Russo, achève le portrait d'une Amérique qui a du plomb dans l'aile.
Richard Russo nous ramène à North Bath, cette petite ville ouvrière du nord de l’État de New York qui, malgré ses airs fatigués, regorge d’une humanité brute. Après la mort de Sully Sullivan, ce colosse au cœur tendre, l’ombre de son absence imprègne chaque page. North Bath est en sursis, sur le point d’être avalée par la prospère Schuyler Springs, et ses habitants, coincés entre un passé qui les étouffe et un futur qu’ils redoutent, semblent prêts à tout… sauf à changer.
Ce troisième opus de la trilogie, aussi drôle que poignant, s’ouvre sur une découverte macabre : un corps est retrouvé dans un ancien hôtel abandonné. Ce mystère n’est pourtant qu’un prétexte, un fil rouge sur lequel Russo brode ses véritables thèmes : l’identité, l’héritage et les liens qui nous façonnent.
La magie de Russo, c’est de nous faire aimer ces âmes cabossées. Ses personnages, parfois pathétiques, souvent maladroits, sont d’une vérité désarmante. On rit de leurs échecs, on pleure leurs pertes, mais surtout, on s’attache. Sully est peut-être mort, mais sa mémoire vit dans les gestes et décisions de ceux qu’il a laissés derrière lui : son fils, coincé entre un héritage qu’il rejette et une vie qu’il ne sait pas construire, ou encore ces voisins, fidèles à leur lot quotidien de frustrations, car mieux vaut un diable connu qu’un avenir incertain.
Entre humour grinçant et mélancolie douce, Russo capte l’essence de la vie dans toute sa beauté imparfaite. Et même si la fin semble un peu trop sage, elle résonne d’une sincérité qui touche au cœur. Un hymne à la résilience des petites gens, à leurs rêves jamais complètement éteints, et à ce qu’une communauté, même brisée, peut encore offrir.
Un roman qui achève brillamment une trilogie à l’humanité rare. Une œuvre à savourer, que vous soyez un habitué de North Bath ou un nouvel arrivant curieux. Bonne lecture.
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