"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De la jungle du Guatemala aux montagnes de l'Afghanistan, des bordels de Saigon aux ruines de Sarajevo, Pascal Manoukian a suivi les conflits qui ont agité la planète des années 1970 à aujourd'hui, souvent au risque de sa vie. Le Diable au creux de la main est un récit d'aventures émaillé de portraits vivants, de destins dramatiques, héroïques ou pathétiques, d'hommes et de femmes nés au mauvais endroit, au mauvais moment.
Mais c'est aussi l'aventure intérieure d'un petit-fils de victimes du génocide arménien, qui a cherché, en capturant l'Histoire, à faire la paix avec la sienne.
Il y a des livres où une chronique est presque du superflue ! Parce qu’il y a des récits qu’il faut juste LIRE. Qu’il n’est pas nécessaire d’épiloguer ou de faire de grandes phrases… quand on nous parle d’hommes ou de femmes nés au mauvais endroit, ou au mauvais moment dans des pays en guerre.
« Comme M. Mao repêché en mer de Chine avec sa femme et leurs trois enfants Sead, un adolescent de Sarajevo aux joues rouges, tué par un sniper de son âge sur la ligne de front ; Amin, le jeune guide afghan, que son rang et le destin tragique de son pays vont métamorphoser en puissant seigneur de guerre ; Nacri, rescapée du génocide cambodgien»
Pascal Manoukian nous raconte les conflits dans les pays comme l’Irak, l’Iran, le Cambodge, le Guatemala, la Turquie, l’Afghanistan, etc. depuis les années 70 à ce jour. Il nous montre surtout ce que le Monde voudrait cacher… Il rencontre bourreaux ou martyrs, prend d’énormes risques pour nous informer, et ramener des témoignages dramatiques, héroïques ou monstrueux. Quel courage et quelle conviction, Pascal Manoukian possède, pour aller sur place, vivre dans des conditions très très difficiles pour pouvoir ensuite témoigner de ce qu’il a vu. Je suis admirative.
J’ai beaucoup d’empathie pour toutes ces personnes dont leur quotidien est incroyablement difficile, insoutenable et qui vivent dans une perpétuelle insécurité.
Je regarde peu les actualités et ne suit souvent que les gros titres des événements dans notre pays et dans le monde. Ce n’est surement pas « top » de suivre l’actualité succinctement mais je ne peux supporter au quotidien de voir tant de souffrances, tant de cruauté et d’absurdité ! J’ai donc appris en lisant ce récit, certains faits qui m’ont choqué.
Pour pallier mon manque de connaissances, je lis régulièrement des ouvrages qui m’informent de ce qui se passe « ailleurs », mais que c’est dur parfois !
Les lecteurs qui auront lu (et que je conseille VIVEMENT DE LES LIRE SI ce n’est pas encore fait) ce que tient ta main droite t’appartient ou encore les échoués de Pascal Manoukian comprendront ma chronique et mon ressenti.
Difficile d’avoir parfois notre conscience tranquille….quand on sait que des enfants, des femmes et des hommes meurent chaque jour sous les bombes, de faim ou de tortures.
Je recommande ce récit évidemment.
https://leslecturesdeclaudia.blogspot.fr/2018/01/le-diable-au-creux-de-la-main.html
Avant de faire le choix de la fiction avec "Les échoués", Pascal Manoukian a écrit "Le diable au creux de la main", récit-mémoire des vingt ans au cours desquels il a plongé dans le ventre immonde de la haine et de la guerre pour en porter le témoignage. L'Afghanistan, le Liban, le Cambodge, Sarajevo... il dresse une géographie du sang où le diable prend ses aises. Le bruit des combats, l'odeur du sang, la terreur et le courage emplissent ses phrases de l'insupportable que l'humanité toujours parvient à supporter. Cette humanité que Pascal Manoukian sait trouver dans chaque lieu, dans chaque conflit, dans chaque embuscade, dans chaque victime.
La force des images que son écriture imprime dans notre mémoire s'amplifie encore de sa propre histoire et de celle des siens, constante caisse de résonance des appels à l'aide, des cris de souffrance et de la résistance à un oubli imposé par les bourreaux.
Je n'ai aucun mot suffisant pour dire la puissance de ce livre, sa dimension universelle et l'intensité des sentiments qu'il fait naître. Il plonge au coeur de ce qui fait notre humanité, nous la fait regarder en face, dans la crainte et l'horreur, mais aussi dans la noblesse et la dignité. C'est le récit et l'histoire d'un être humain qui nous fait nous sentir profondément humains. "Solidaires du genre humain". Pour le pire... et le meilleur.
Ne passez surtout pas à côté de ce livre ! Il est, pour moi, inoubliable.
Ce livre n'est pas un roman mais un récit des aventures de Pascal Manoukian journaliste. Je ne suis pas un amateur des journaux télévisés depuis très longtemps, car je pense qu'ils ne font plus leur devoir d'informations mais qu'ils sont liés à l'audimat et qu'ils font dans le sensationnel, dans l'exagération systématique pour appâter le téléspectateur. Des centaines d'exemples peuvent argumenter ma théorie. Le dernier en mémoire, c'est par exemple l'élection cantonale à Brignoles. C'est tout sauf une info qui doit mobiliser tous les médias pendant des jours et des jours, ou alors éventuellement au France 3 région PACA, et ce, d'autant plus que cette élection avait déjà été gagnée par ce parti puis invalidée en 2011, et à l'époque, ça n'avait pas fait autant de gros titres. Mais les JT savent que parler du FN en ce moment fait monter l'audience et malheureusement et accessoirement, les intentions de vote en faveur du parti d'extrême droite. J'ai donc déserté les JT depuis longtemps, et commence à faire de même pour les journaux radio qui prennent la même voie. Je préfère et de loin des émissions de reportages ou de débat autour d'une question (tel 28 minutes sur ARTE, à laquelle P. Manoukian a participé -je l'ai raté-, ou l'inoxydable Envoyé Spécial que j'avais un peu délaissé ces dernières années). Je ne suis pas un grand fan de l'info, je n'aurai jamais pu être journaliste, mais je dois dire que le récit de P. Manoukian est passionnant. Très détaillé tant dans les rencontres avec des bourreaux qu'avec des victimes, mais aussi dans les manières de pénétrer un pays en guerre et/ou totalement fermé avec son lot d'échecs et de retours à la maison, dans les frustrations d'un interview qui n'aboutit pas parce que la personne en face ne se dévoile pas, dans les peurs de mourir sous une balle d'un sniper, dans les désirs de parfois passer la barrière pour aider les plus faibles toujours contenus pour rester un journaliste, un témoin, ... Pascal Manoukian explique toujours en amont le conflit qu'il va couvrir, ce qui est une excellente idée parce que malheureusement, parfois on ne sait plus ce qui l'a déclenché. Il n'élude pas ses peurs et ses angoisses, ses questionnements sur le bien-fondé de ses reportages alors qu'une femme et des enfants l'attendent en France. Il fait également souvent le lien avec le génocide arménien dont sa grand-mère fut une victime bien qu'elle en réchappât. Elle dut se battre, encore enfant, elle "rampait jusqu'à la limite du camp et ramassait le crottin laissé par les chevaux des officiers. Dans le noir, elle le décortiquait des restes d'orge et de blé pour en confectionner des boulettes qu'elle forçait dans la gorge de Nazélie [sa sœur]. Puis elle s'enduisait le visage et le sexe avec le reste pour éloigner les violeurs." (p.180/181)
Un peu long parfois, ce livre se lit comme une suite de nouvelle : des petits reportages sur des pays et des gens ravagés par la guerre et l'oppression, par la volonté de certains de mettre en pratique des théories ahurissantes. Le chapitre D'un miroir à l'autre 1984 consacré au Cambodge est particulièrement dur et touchant. Pascal Manoukian y arrive après le règne des Khmers rouges, mais tout est encore très imprégné de peurs, de désespoir : "Le pays est alors assommé, anémié, amputé, blessé de toutes parts. Les survivants squelettiques se demandent encore comment leurs propres parents, leurs propres enfants, ont pu creuser autant de fosses communes et y précipiter autant de frères et de sœurs. Comment la moitié du peuple a pu anéantir l'autre moitié et, surtout, comment désormais survivre à cet inceste criminel." (p.108) En la matière, le régime de Pol Pot fut sans doute l'un des pires, qui a massacré la moitié de son peuple sans raison, parce qu'untel portait des lunettes, parlait une langue étrangère, portait une montre, ...
Pas reposant, mais très instructif et passionnant, c'est un livre qui montre le difficile travail des journalistes de guerres (on vient de la constater encore douloureusement ces derniers jours) et qui permet de refaire le point sur des conflits parfois oubliés, parce que l'info va vite et que d'autres guerres les remplacent tout aussi meurtrières, toujours pour des questions de territoires ou de religion, des histoires d'hommes parce "qu'un génocide c'est masculin, comme un SS un torero. Dans cette putain d'humanité les assassins sont tous des frères." (Renaud, Miss Maggie)
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