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L'expérience esthétique s'offre souvent à nous comme transcendant notre vie sensible, nous mettant en présence d'une oeuvre qui s'imposerait par sa beauté propre comme Kant le pensait. Ce livre entend démystifier cette impression dans le cadre d'une approche matérialiste intransigeante. S'appuyant sur des auteurs aussi divers que Nietzsche, Freud, Marx, Bourdieu et même le grand psychologue russe Vygotski, tout en multipliant les analyses concrètes, l'auteur montre avec beaucoup de rigueur mais aussi de subtilité, que l'oeuvre d'art est une production entièrement immanente à la vie de l'artiste, à ses intérêts vitaux les plus profonds, mais qui s'expriment en elle d'une manière sublimée, grâce à une forme spécifique qui nous fait croire à son autonomie. Et c'est par eux qu'elle nous touche, voire nous bouleverse, puisqu'elle rejoint ainsi notre propre vie, fût-ce à notre insu. Reste que nous parlons pourtant de sa beauté, qui paraît nous transporter en un autre lieu : c'est sans doute là une illusion, l'illusion esthétique, mais qui est inévitable à son niveau dès lors que l'on parle d'art.
Le livre est suivi d'un récit, De la mort à la beauté, dans lequel Yvon Quiniou décrit l'expérience personnelle qu'il a faite de l'art en Italie : celle d'une illusion d'éternité le faisant fugitivement échapper à la mort. On y retrouve, mais concrétisées avec une extrême sensibilité, les idées précédentes
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