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L'autorité de parole du sociologue allemand Max Weber (1864-1920) atteignit un de ses sommets lorsqu'il prononça, en 1917 puis en 1919, devant des étudiants bouleversés, la conférence intitulée " La science, profession et vocation ". La puissance de cet orateur était éminemment associée, dans l'esprit de ceux qui la reconnaissaient, à la croyance dans la singularité exceptionnelle de son individu. Le philosophe Heinrich Rickert écrivit de Weber après sa mort : " Beaucoup voyaient en lui quelque chose d'incompréhensible, de mystérieux. Il passait pour une sorte de démon, un surhomme, qu'on ne pouvait qu'admirer, mais qu'il fallait aussi redouter. "
Qu'un intellectuel fasse l'objet d'un culte n'est évidemment pas un phénomène sans précédent ; mais que lui-même voie là plus une contradiction qu'un motif de satisfaction, qu'il prenne ce phénomène pour objet d'analyse et s'emploie à en dégager méthodiquement les ressorts constitue un trait plus spécifique. L'élaboration même de la théorie du charisme, chez Weber, la présence insistante de ce motif dans une bonne partie de son oeuvre et le caractère conflictuel, sinon pathologique, de son rapport à la science comme " profession et vocation " furent, telle est la thèse de ce livre, le produit du malaise suscité chez lui par l'antagonisme entre le projet intellectuel (démocratique) de transmettre la science et la réalité sociale (autoritaire) de la position de savant " charismatique ".
Décrivant sans fard les obstacles sociaux qui empêchent l'instauration d'un échange rationnel et égalitaire appelé " science " et font de la relation pédagogique un rapport de force dans lequel l'étudiant est toujours dominé, Weber en appelait à ceux-là mêmes qui l'admiraient à renoncer aux séductions de la " personnalité " et à se mettre au service, s'ils entendaient faire oeuvre de science, de leur objet et de lui seul. Avec vigueur et courage, Weber défend l'idée que la science n'a pas pour vocation de répondre au besoin de croyance, qui prend chez les intellectuels une forme pernicieuse parce que dissimulée : " À ceux qui ne peuvent pas assumer virilement ce destin de notre époque, on ne peut que dire : "Retournez plutôt sans mot dire, en vous abstenant de l'habituelle réclame à laquelle se livrent publiquement les renégats, retournez en toute simplicité dans les vieilles Églises, qui vous tendent les bras avec miséricorde." "
Ce livre se compose de deux parties : la traduction par Isabelle Kalinowski de la conférence de Weber " La science, profession et vocation ", et un essai d'Isabelle Kalinowski, " Max Weber, la science et la propagande ", qui restitue les enjeux contemporains et actuels du texte ainsi que d'annexes qui illustrent le débat auquel cette conférence donna lieu au début des années 1920 - textes d'Alfred Weber, Marianne Weber, Heinrich Rickert, Erich von Kahler, etc.
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