"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans cette magistrale fresque hantée par la question du mal, Richard Flanagan déploie l'histoire d'une passion incandescente sur fond de guerre et de captivité, épisode inoubliable dans la vie d'un médecin militaire affecté à la construction de la "voie ferrée de la mort" (la ligne Siam-Birmanie, 1943) et devenu héros de guerre malgré lui.
Quel puissant et profond roman
D’autant plus prégnant qu’il est inspiré de la vie du père de l’auteur.
Dorrigo Evans est un jeune chirurgien australien amené à soigner et commander les prisonniers faits par les japonais.
C’est en pleine guerre du Pacifique et les prisonniers doivent construite une ligne de chemine de fer en pleine jungle pour relier le Siam et la Birmanie.
Or ils sont tous blessés, malades, affamés. Outre la mousson, ils doivent subir les épidémies, la vermine, la faim, la crasse, les châtiments……. et travailler jusqu’à ce que bien souvent mort s’en suive.
Les pages relatant ces événements sont sublimes et se dévorent, nous laissant dans un écœurement profond.
Et puis il y a Amy, l’amour passionné de Dorrigo. « Amie, amante, amour », ces trois mots qui l’aident à surmonter tout cela.
Le livre raconte en détail ces pages atroces de l’Histoire, et fait revivre quelques uns des hommes impliqués, tant du côté des Australiens que des Japonais, avant, pendant et après la guerre.
Abomination de toutes les guerres !
Après la guerre, Dorrigo est devenu un chirurgien célèbre, reconnu, admiré.
Marié, il collectionne pourtant les aventures bien que n’oubliant jamais Amy, son amour impossible.
Mais c’est surtout l’histoire d’un homme profondément seul, qui ne comprend pas sa vie.
Un destin brisé par l’amour et par la guerre.
Merci à Olivier Auroy de m’avoir conseillé ce livre fort à côté duquel il est vraiment très dommage de passer.
Une claque ! Une fresque époustouflante écrite dans une langue remarquable. Il y a d’abord le récit poignant de ces prisonniers australiens, forçats pliant sous le joug de l’envahisseur japonais. Extrait numéro 1 :
« Il essayaient de tenir grâce à leur causticité australienne, leurs jurons australiens, leurs souvenirs australiens et leur camaraderie australienne. Mais soudain cette Australie mythique ne suffisait plus face aux poux, à la faim et au béribéri, face aux vols, aux corrections et à toujours plus d’exploitation. L’Australie rétrécissait, se ratatinait, un gain de riz paraissait désormais beaucoup plus gros qu’un continent et les seules choses qui grandissaient quotidiennement étaient leurs chapeaux cabossés, déformés, désormais aussi imposants que des sombréros sur leurs visage émacié et leurs yeux sombres au regard vide, des yeux qui ressemblaient déjà à des orbites noirâtres attendant les vers ».
Le personnage central, Dorrigo Evans, emporte tout sur son passage, au fil des pages. Héros de guerre, chirurgien, « saint sans croire en Dieu » comme le médecin de la Peste de Camus, terriblement solitaire, mari imparfait, père absent, être en suspens que les hommes qui le croisent n’oublieront jamais… comme le lecteur. Extrait numéro 2 :
« Dorrigo Evans détestait la vertu, détestait l’admiration qu’inspirait la vertu, détestaient ceux qui le prétendaient ou se prétendaient vertueux. Et avec l’âge, plus on l’accusait d’être vertueux, plus il détestait cela. Il ne croyait pas en la vertu. Elle n’était que vanité déguisée, guettant les compliments. Il en avait assez de la noblesse et de la générosité, et c’était dans ses travers qu’il trouvait Lynette Maison la plus admirablement humaine ; c’était dans ses bras infidèles qu’il puisait sa foi en cette étrange vérité selon laquelle tout n’est qu’impermanence ».
Autre réussite, le récit de la guerre du côté des bourreaux. Clint Eastwood dans ses films, Jérôme Ferrari dans son livre sur l’Algérie avaient déjà exploré cette voie. Il n’empêche, l’auteur réussit à nous faire aimer les auteurs de la torture et du néant, parce qu’ils sont aussi des hommes, parce qu’ils ont été dressés, dès leur plus jeune âge, à l’amour inconsidéré de leur patrie, au mépris total de la mort, un accident de la vie.
Richard Flanagan, dix ans durant, a construit un monument de la littérature contemporaine, d’une puissance inégalée qui justifie pleinement les nombreux prix qu’il a reçu. C’est un de ces chefs d’œuvres qui vous suit toute votre existence, qui ne s’oublie pas, pour la justesse de ses réflexions, la beauté et la singularité de es personnages, la force de ses descriptions et le caractère universel de son propos.
Alors qu'il est un tout jeune officier médecin, Dorrigo Evans se voit contraint en 1941 de partir pour l'Orient avec son bataillon et rapidement il est entraîné dans un camp de travail japonais. Là-bas il subira et vivra l'horreur des prisonniers, le manque de nourriture, le manque de soins qu'il peut apporter aux autres, la maltraitance des gardes et malgré tout cela il doit prendre part à ce projet fou des japonais d'un chemin de fer rapidement appelé "La voie ferrée de la Mort". Et cinquante ans plus tard il se remémore tout cela...
Difficile de parler de ce roman, autant j'ai trouvé le sujet très intéressant avec une part d'Histoire que je ne connaissais pas mais alors autant j'ai mis un peu de temps à le lire en entier. Je pense qu'il faut être pris dedans immédiatement pour l'apprécier à sa juste valeur, ce qui n'a pas été mon cas.
Dorrigo Evans nous emmène dans l'enfer qu'a été ce camps de prisonnier confrontant le lecteur à toutes les horreurs liées. Tout est parfaitement décrit, on aurait presque l'impression de voir ces pluies diluviennes dans la fôret de bambous qui nous est si bien décrite ou encore cet hôpital de fortune débordant de blessés qui attendent d'être soignés.
La richesse des descriptions est une des forces de ce roman, tout comme les multiples personnages rencontrés qui à leur tour raconteront une part de leur histoire. Ainsi on rencontre aussi bien Amy, avec qui Dorrigo aura une aventure, que certains de ses bourreaux ou de ses camarades de misère. Ils apporteront une complémentarité dans le récit, un autre point de vue également et enrichiront l'histoire.
La route étroite vers le Nord lointain est un roman riche et complet. L'histoire nous emmène dans le récit de Dorrigo avec force et avec cette part d'Histoire très méconnue de la Seconde Guerre Mondiale. Mais comme dit plus haut, il faut vraiment adhérer dès le début pour l'apprécier totalement, pour ma part cela n'a pas pris et je l'ai trouvé parfois même très long. Ce livre reste néanmoins une jolie découverte.
Lu dans le cadre du Prix Relais je pense qu'honnêtement je ne l'aurais pas choisit dans une librairie, le titre bien qu'accrocheur et cette couverture m'auraient fait penser à un tout autre genre de lecture mais le résumé ne m'aurait pas intrigué plus que ça.
Voilà un excellent roman !!!!A ne pas rater !
Le roman raconte le parcours de Dorrigo Evans, jeune officier médecin originaire de Tasmanie, qui vit une passion dévorante avec Amy, la femme de son oncle Keith, juste avant d'être mobilisé et fait prisonnier dans un camp japonais.
Ce livre est à mon sens une grande réussite.
La romance entre Dorrigo et Amy a le grand mérite de ne pas verser dans une peinture stéréotypée et fade, ce qui lui confère un certain réalisme.
Cette romance n'est par ailleurs qu'un volet du roman, puisqu'une grande partie est dédiée à la période passée dans le camp japonais, où l'on découvre les horreurs que je vous laisse imaginer, décrites sans complaisance, si bien que certains passages sont très durs à lire.
Le dénouement m'a paru magistral, en ce qu'il s'éloigne des dénouements classiques heureux, et donne à réfléchir.
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/05/la-route-etroite-vers-le-nord-lointain.html
Richard Flanagan s'est inspiré de l'histoire de son père et a mis douze ans pour écrire ce livre et cinq versions, afin d'extirper à cette histoire les détails que son papa ne racontait pas ou desquels il se protégeait derrière l'humour, qui est l'apanage de ceux qui survivent à une terrible situation.
La couverture donne l'impression d'une simple histoire d'amour, très glamour, mais en fait il s'agit de la captivité d'un jeune médecin et de milliers d'autres hommes en 1943 sous le joug des japonais, alors qu'il a une fiancée Ella et une maîtresse Amy femme de son oncle...
Captivité qui entraîne le travail forcé sur "la voie ferrée de la mort" entre la Thaïlande et la Birmanie.
C'est une construction de 415 kilomètres sur laquelle a été construit le pont de la rivière Kwaï .
Pour cela l'empereur Hirorito a sacrifié environ 90 000 civils et 16 000 prisonniers militaires.
D'emblée le récit est intense et précis, le lecteur s'approprie cette magnifique fresque entre tragédie de guerre et histoires d'amour.
Un élément est très important pour notre "héros" c'est la lumière et cette lumière changeante nous la voyons et la ressentons comme lui.
Amy, jeune femme qui l'a abordé dans une librairie et qu'il retrouve fortuitement en allant passer sa permission chez son oncle. En effet Amy est la femme de ce dernier et elle devient le tourment qui va le maintenir en vie dans cette guerre qui lui fait vivre l'insoutenable, l'indicible.
Le paludisme, la teigne, le choléra, la dysenterie, ces maux associés à des tâches inhumaines et aux violences faites aux prisonniers suffirent à décimer ces milliers de prisonniers,devenus des squelettes ambulants. L'auteur nous en parle avec un grand réalisme et ne nous épargne pas les images qui surgissent devant nos yeux et font que nous sommes bien dans cet enfer.
Rien qui ne soit gratuit, cela renforce le propos, et explique pourquoi Dorrigo qui est médecin a toujours ces ténèbres en lui et aussi pourquoi il ne se sent pas légitime dans la peau du héros national.
L'enfer est là et l'écriture de l'auteur l'accompagne, mais l'enfer co-existe avec les étincelles de vie qui habitent chacun de ceux qui vont survivre. Pour Dorrigan l'étincelle c'est Amy et l'écriture de Flanagan est poétique et luxuriante.
C'est une histoire qui prend "aux tripes"et "au cœur", l'animalité de l'humain est là comme une ombre, l'auteur nous fait voyager en absurdie avec maîtrise, force et poésie.
Difficile de dire, que notre héros, qui ne veut pas en être un, va toute sa vie être en équilibre à cause des abîmes dont il est ressorti.
Sous l'apparence d'une réussite sociale, c'est un homme brisé qui traverse sa vie.
Cette petite musique de mots et d'images l'accompagnera toujours: "Amy, amante, amour""
Richard Flanagan fait dire à Dorrigan : "un bon livre vous donne envie de le relire.Un grand livre vous incite à relire votre âme".
Indéniablement je viens de lire un GRAND livre.
Doririgo est australien. Il a vécu dans une famille peu aisée et est le premier à faire des études, des études de médecine qui plus est ! Il est passionné par la poésie ou une partie de celle-ci et c'est dans une librairie qu'il va rencontrer Amy. Il sent un étrange lien entre eux. Engagé comme médecin dans l'armée, il ne pensait jamais recroiser la route de cette jeune femme. Pourtant, c'est l'épouse de son oncle, il l'apprend lorsqu'il rend visite à celui-ci. La douche est froide pour Dorrigo qui sait qu'il ne doit pas tomber amoureux de cette femme précisément. Les deux jeunes gens (Amy est plus jeune que son mari) tentent de devenir amis mais la passion, l'attirance est plus forte et ils décident de vivre pleinement leur amour, c’est tout simplement magnifique.
Mais il y a une partie noire dans ce roman, des scènes insoutenables car l’auteur décrit les conditions de vie dans cet enfer où règne, folie, famine, maltraitance, violence, et maladies, telles la malaria, la dysenterie, le choléra et le typhus. Sous les pluies torrentielles de la mousson et logés dans des abris précaires au-dessus de la rivière Kwaï, les hommes faméliques triment nuits et jours sous les coups et les brimades du sadique commandant japonais. Ce ne sont plus des hommes mais des esclaves. Nous sommes donc en Orient, mais aussi dans l’enfer d’un camp de travail japonais où les captifs sont affectés à la construction d’une ligne de chemin de fer en pleine jungle, entre le Siam et la Birmanie. Hommage à tous ces innocents morts pour rien, dont il convient d’honorer leur courage.
Ce thème reste d’une grande richesse, un style d’écriture magnifique, nous transportant dans un univers lointain, dans l’espace du temps. Un livre très puissant et bouleversant.
Avec un titre poétique emprunté à un écrivain japonais du 17e siècle et une jolie couverture légère, le lecteur non averti pourrait supposer qu'il s'agit d'une histoire d'amour…
La route étroite vers le nord lointain est en fait un livre magnifique mais difficile à lire, de par la violence crue des faits, qui rappelle un épisode épouvantable de la guerre du pacifique, à savoir la construction de la « voie ferrée de la mort » entre le Siam et la Birmanie : 400 km de voie ferrée creusés à main nue dans la jungle par les soldats australiens prisonniers dans les camps japonais.
Au cours d'un douloureux flash-back le médecin colonel Dorrigo Evans se souvient de ces milliers d'hommes réduits à l'état d'esclaves rampants par des japonais sadiques et ultra-nationalistes qui n'avaient rien à envier aux tortionnaires nazis ! Il se souvient de ceux qui ont tant bien que mal survécu, et de ceux qui n'en sont pas revenus, victimes collatérales de la barbarie à l'état pur au nom de l'empereur Hiro-Hito. Il se souvient de la frontière fragile qui séparait les vivants des mourants, de la faim, des maladies, des blessures, des sévices… et des hommes qui réussissaient à conserver un reste d'humanité dans cet antichambre de l'enfer. Il se souvient des victimes, mais aussi des bourreaux après la débâcle, rattrapés ou pas par les tribunaux militaires, poursuivis par le souvenir des atrocités qu'ils avaient commises... ou pas.
Inspiré par le père de l'auteur, lui-même rescapé de ce camp, c'est un livre puissant, magnifique, souvent insoutenable mais nécessaire, je dirais…
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !
Oh oui il m'a plu. Mais j'espère que Le jardin des brumes du soir est un peu moins lourd psychologiquement. Je vais essayer d'en lire quelques uns plus légers en attendant de me confronter à nouveau au Japon
Alors, il vous a plu :)? Maintenant lisez le jardin des brumes du soir... Ce serait une suite logique.
Alors, il vous a plu :)? Maintenant lisez le jardin des brumes du soir... Ce serait une suite logique.
Alors, il vous a plu :)? Maintenant lisez le jardin des brumes du soir... Ce serait une suite logique.
Alors, il vous a plu :)? Maintenant lisez le jardin des brumes du soir... Ce serait une suite logique.