"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Très tôt, tous les adultes (voisins, instituteurs, psychologues …) ont commencé à m’appeler « la petite aux livres », parce que j’étais la plus petite de ma classe et que j’avais toujours un livre avec moi. Partout et tout le temps. Dans la cour de récréation, dans les couloirs pendant qu’on se rendait en classe, pendant les cours, dans la file de la cantine, durant le repas … Même pendant les alarmes incendies ! Vu que j’avais toujours un livre posé sur les genoux, je l’embarquais sans m’en rendre compte quand on allait s’agglutiner dans la cour, et je me plongeais dans ma lecture alors que tout le monde était en train de s’exciter en se demandant si c’était un exercice ou une vraie alerte. Je ne peux pas passer une journée sans lire. C’est pourquoi, tandis que je cherchais un petit livre pour terminer en beauté le mois de mai (je n’aime pas avoir une lecture en cours quand débute un nouveau mois), je me suis tournée vers la nouveauté de la collection Saute-Mouton : bref, certes, mais toujours aussi passionnant !
Lilou a beau être grande, désormais, elle aime passer ses mercredi après-midi en compagnie de sa grand-mère … D’autant plus que quand elles vont en parc, elle peut y retrouver son meilleur ami Max ! Ensembles, ils nourrissent les oiseaux et vont chiner quelques ouvrages dans la boite à livres installés au cœur du parc. Mais ce jour-ci, rien ne se passe comme prévu : une pauvre petite tourterelle se blesse en fonçant dans un lampadaire, et un oiseau pinceur s’est réfugié dans la boite à livres et attaque Lilou quand celle-ci tente de le faire sortir ! Les deux adolescents décident de se rendre chez l’oiseleur pour lui confier la tourterelle blessée. Ils font alors la connaissance d’Anyupa, une petite fille pas comme les autres qui leur apprend que le temps presse : l’oiseau qui a blessé Lilou est un esprit créateur au cœur rongé par la colère contre les hommes. Il faut le retrouver et mettre fin à son désir de vengeance ! Les trois amis se préparent donc pour un dangereux voyage au cœur des contes …
S’il y a bien une chose que j’apprécie dans les ouvrages de la collection Saute-Mouton, c’est qu’ils ne prennent pas les enfants pour des idiots ! Bien au contraire. Ici, Mido nous invite à faire la connaissance de Lilou, une jeune collégienne bien au fait des réalités de ce monde : Lilou déplore l’état de notre monde, un monde « de violence, de famine et de pauvreté ». Elle s’inquiète, aussi : « Elle sera comment ma planète quand je serai plus grande ? ». Lilou a pleinement conscience que l’homme a fait bien du mal à la Terre, et que l’avenir ne s’annonce pas sous de bons auspices. Toutefois, comparé à bien des enfants qui y voient une sorte de « fatalité » et se laisse envahir par une sorte de découragement, de lassitude, de détachement mêlé de désenchantement, Lilou veut croire en l’humanité. Elle veut croire qu’ensembles, les hommes seront capables de trouver des solutions pour préserver cette belle planète qui nous a été confiée, pour réparer les torts des générations passées et éviter de réitérer les mêmes erreurs dans le futur. J’ai beaucoup aimé l’optimisme de Lilou, sa motivation à œuvre pour un monde meilleur : on a besoin d’enfants comme elle, d’enfants prêts à défendre leur avenir.
Et surtout, on a besoin de rêves. « Les rêves sont toujours plus forts », nous dit-elle. On vit dans un monde où l’imaginaire est regardé avec mépris : le plus important, croit-on, c’est le matériel, le tangible, la rationalité et la réalité. On oublie bien trop souvent que ce sont nos rêves qui nous donnent l’espoir, nos rêves qui nous donnent la force. Quand un enfant est trop rêveur, trop imaginatif, on tente à tout prix de brider ses rêves, de brider son imagination : « cesse-donc de rêvasser ! » lui répète-t-on. Mais dans ce roman, si Lilou, Max et leur nouvelle amie Anyupa parviennent à sauver le monde de la colère du serpent Arc-en-ciel, ce n’est pas en faisant des tas de calculs savants, mais bien en se laissant guider par leur imagination. Parce que les jeux d’enfants sont incroyablement chargés en magie, et que cette magie peut changer le monde si on les laisse s’épanouir. Et croyez-moi, une fois qu’on a tourné la dernière page de ce petit récit, on n’a plus qu’une seule envie : retrouver notre âme et notre cœur d’enfant. Car on se rend bien compte qu’avec un regard d’enfant, tout semble à nouveau possible, et tout peut donc le devenir. Car parfois, souvent, les choses sont insurmontables uniquement parce qu’on s’en est « raisonnablement » convaincu …
En bref, vous l’aurez bien compris, j’ai été conquise par ce petit roman qui m’a fait passer un très agréable moment de lecture : c’est une véritable petite bulle de douceur que nous propose l’autrice avec ce petit récit … Mais aussi de biens jolis messages destinés aux jeunes lecteurs et lectrices : nous sommes les gardiens de notre Terre, nous devons veiller sur elle au lieu de la détruire. Et surtout, nous devons croire en nos rêves, ne jamais laisser personne les étouffer, car ce sont eux qui changent le monde. Il y a aussi la force de l’imagination et de l’amitié, le plaisir d’aider les autres et de répandre le sourire autour de soi. Bien sûr, pour le lectorat adulte, l’histoire semblera bien banale et bien brève … Mais pour les plus jeunes, il ne fait aucun doute que ce sera un pur moment de plaisir : il y a du mystère, il y a du suspense, il y a de l’émotion et de l’action … Enfin, l’autrice propose aux enfants de découvrir les légendes et l’histoire du peuple aborigène Australien : entre la beauté de leurs mythes et leur histoire méconnue, le jeune lecteur apprendra bien des choses sans s’en rendre compte. A faire lire d’urgence à tous les enfants autour de vous !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2020/06/la-porte-des-temps-imaginaires-mido.html
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