"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le 30 avril 1975, les troupes de la république démocratique du Viêt Nam entrent dans Saïgon, tandis que les hélicoptères évacuent dans la panique les derniers réfugiés du haut des toits de l'ambassade américaine. Ce jour-là s'achève la guerre de trente ans poursuivie par les communistes vietnamiens afin de chasser les Français, puis les Américains de la péninsule indochinoise. Riche en révélations, le livre d'Olivier Todd s'impose comme le récit le plus complet et le plus exact de cesjours terribles. En journaliste, il fut l'un des rares occidentaux à avoir observé de près Hanoi, Saigon et les maquis du Vietcong, et en écrivain, Olivier Todd raconte les quatre derniers mois de cette tragédie.
"Journaliste, j'ai couvert cette guerre de 1965 à 1973. Au départ, avec des réserves mollettes, j'adhérai à la cause nordiste. Je n'ai jamais été communiste. Compagnon de route tiédasse, j'étais la victime consentante, sous-informée, désinformée d'une quasi schizophrénie bien cernée par Edgar Morin...j'avais mené mes lecteurs en bateau...je m'étais laissé porter par le tiers mondisme ambiant. J'avais soutenu, dans mes articles, ce qui semblait être un mouvement de libération nationale (alors qu'il était) avant tout le fer de lance de la communisation. Je ne parlais plus du Vietnam au Nouvel Observateur, certains collègues me prenaient pour un traître...ou un agent de la CIA. la direction estimait qu'il n'était pas opportun de faire part de mes doutes et de mes découvertes...nos lecteurs, paraît-il, n'étaient pas prêts"
Cette confession distillée par l'auteur en préambule est, sans doute, trente ans après les faits rapportés et vingt après la rédaction de cette chronique des cent-vingt derniers jours du Sud Vietnam est l'élément le plus intéressant de l'ouvrage. Elle illustre parfaitement l'une des deux causes de l'effondrement du Sud Vietnam vilipendé par les médias faiseurs d'opinion occidentaux. La seconde cause est assez bien résumée par la lettre de Sirik Matak cambodgien répondant à la lettre de l'ambassadeur américain lui offrant la possibilité de fuir en même temps que les GI "je vous remercie très sincèrement pour votre offre de nous conduire vers la liberté. Hélas je ne peux partir d'une manière aussi lâche...Quant à vous et à votre grand pays...vous nous avez refusé votre protection, vous partez et je souhaite que vous et votre grand pays trouviez le bonheur sous le ciel. mais si je meurs ici, dans mon pays que j'aime tant,...je n'ai commis qu'une erreur, ce fut de vous croire et de croire les Américains. Veuillez accepter...mes sentiments loyaux et amicaux"...Comme d'innombrables compatriotes Sirik Matak disparaîtra dans l'enfer des Khmers Rouges.
Mais l'abandon des Américains n'a t'il pas lui aussi à voir avec la propagande déversée par le Nord et complaisamment relayée, à l'époque, par l'auteur et ses confrères ?
A la lecture de cette chronique, on redécouvre, derrière les politiciens corrompus, aussi des hommes d'honneur et on comprend que l'éviction de Nixon provoquée par l'affaire du Watergate aura signé l'arrêt de mort de beaucoup de Sud Vietnamiens.
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