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La Seconde Guerre mondiale n'est pas achevée lorsque Victor Dancette et Calvo unissent leurs talents pour cracher leur venin sur ses atrocités. C'est la naissance de l'album "La Bête est morte !". Dessiné et peint en pleine occupation allemande, il est publié dans le troisième mois de la Libération. Cette oeuvre unique, ce bestiaire sanglant, qui s'inscrit dans la longue tradition du symbolisme animal, est à l'image de cet épisode le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité : féroce et impitoyable. La satire est anthropomorphe. C'est la guerre mondiale chez les animaux. Chaque animal a un pouvoir symbolique et évocateur véhiculant certaines valeurs. Des loups affreux et féroces (les Allemands) massacrent, de toute la force de leur artillerie, de braves lapins et courageux écureuils (les Français), sans hésiter à envahir le territoire de fiers lionceaux (les Belges). Mais la résistance s'organise chez les résolus et flegmatiques bouledogues (les Anglais). Malgré les attaques menées par les hyènes enragées (les Italiens) et les perfides singes (les Japonais), ils gagnent du terrain grâce aux interventions salvatrices et musclées des puissants bisons (les Américains), tandis que les ours (les Russes) défendent chèrement leur peau... Et s'il est vrai que Victor Dancette, auteur du scénario, ignore les nuances, on trouve dans cet ouvrage le témoignage émouvant d'une indignation nationale et, surtout, une éclatante démonstration d'art dans la bande dessinée. 1re partie : Quand la bête est déchaînée. 2e partie : Quand la bête est terrassée.
Profiter d’une journée de vacances pour se plonger dans un classique de la bande dessinée, c’est effectivement le temps qu’il m’a fallu pour lire La bête est morte.
En effet, des heures il en faut pour s’atteler à la lecture de ce monument du 9e Art.
À l’origine, deux tomes illustrés par Calvo en 1944 et en 1945 composent cet album proposé aujourd’hui sous la forme d’une intégrale rééditée par Gallimard.
Dès le sous-titre, l’histoire ou plutôt l’Histoire est présentée : La Guerre mondiale chez les animaux. L’anthropomorphisme est le fil conducteur de cette Histoire de la Seconde Guerre mondiale racontée par un grand-père écureuil à ses trois petits-enfants.
En 80 pages densément écrites, le narrateur mangeur de noisettes explique, à l’aide de nombreuses métaphores, le déroulement de cet épisode sanglant de notre Histoire mondiale.
À côté d’un pays habité par des écureuils, lapins, grenouilles et cigognes se trouve La Barbarie peuplée par des loups.
Quand le Grand Loup plein de fureur arrive au pouvoir, il décide d’envahir ses voisins. Et ce n’est pas la Ligne Livarot (!) qui l’empêchera de mettre son plan à exécution.
Pour assurer ses arrières, le Grand Loup a pris soin de s’allier au Grand Ours, afin d'éviter que celui-ci ne l'agresse.
Mais c’est sans compter sur la réaction du Dog fameux au cigare. Ce dernier ne voulant pas mettre son île à portée des loups décide de réagir. Tout comme la Cigogne nationale en exil, qui du haut de sa stature imposante va appeler les animaux, sur les ondes Bibici, à continuer le combat.
Bientôt, ils seront rejoints par les Bisons déterminés à agir pour que le monde redevienne libre.
Aucune date, aucun lieu, aucune bataille ne sont mentionnés. Et c’est ainsi, avec une chasse aux indices, qu’il est possible de retracer le déroulement de la Seconde Guerre mondiale en Europe, en Afrique du Nord, mais également dans le Pacifique.
Alors bien évidemment, si vous n’aimez pas l’Histoire, il ne fait aucun doute que vous devrez passez votre chemin.
Mais ce serait une très grande erreur que d'omettre ce chef-d’œuvre datant de près de 80 ans, nécessitant bien évidemment une appréciation plus contemporaine.
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