"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A lors qu'il arpente les boulevards d'un Paris transformé, Jacques Damour se souvient de son ancienne vie à Ménilmontant... ciseleur sur métaux, marié à Félicie, il était pauvre mais heureux avec ses deux enfants, Eugène et Louise.
Tout a basculé pendant le siège des Prussiens. C'est le début de la Commune, Béru, un peintre en bâtiment affamé, qui mange bientôt matin et soir chez les Damour, tient des propos enflammés, prône la république, la justice et l'égalité et convainc le père et le fils d aller se battre sur les barricades. Mais Eugène est touché par une balle en pleine poitrine et meurt. Peu de temps après, Jacques Damour est fait prisonnier et est déporté au bagne de Nouméa. Berru, lui, a filé trois jours avant l arrivée des troupes... C'est cet « ami » justement que Damour retrouve par hasard sur le pont Notre-Dame. Berru lui apprend alors que Félicie s'est remariée avec un riche boucher des Batignolles. Les deux hommes, grisés par le vin, partent pour la boucherie... Quelle sera la réaction de Félicie en voyant Damour qu'elle croit mort depuis dix ans ? Eugène va-t-il être vengé ? Et Louise, qu'est-elle devenue ?
Adaptation BD d'une nouvelle d'Emile Zola, Jacques Damour raconte l'histoire d'un homme se laissant guidé par les soubresauts de l'Histoire. Ancien communard arrêté et déporté au bagne de Nouméa qui tenta sa chance aux Amériques avant de revenir à Paris et espérant y retrouver sa femme et sa fille l'attendant sagement à la maison après des années d'absence et sans aucune nouvelle. Vrai loser à qui rien ne réussi Jacques Damour va toutefois retrouver un Paris bien changé avant de renouer avec sa fille mariée à un homme aux moyens suffisants et de trouver sa femme dans les bras d'un autre. Doit-il tenter à tout prix de récupérer femme et enfant? En tout état de chose il va se laisser balader selon le bon vouloir de chacun et tenter de finir ses jours paisiblement.
N'ayant pas lu la nouvelle d'Emile Zola je découvre ce récit en BD, ne sachant pas si cette adaptation est fidèle ou non j'ai débuté ma lecture sans à priori, me laissant guider par les événements et tentant de comprendre le fil de l'histoire, j'ai même cru un moment que le vie de Jacques Damour n'était qu'une invention tant la malchance le suivait comme son ombre.
Bel hommage à Zola avec un récit bien construit et des illustrations mettant en valeur le Paris du XIXème, les personnages sont croqués simplement les rendant bien sympathiques.
Chronique précédemment publiée sur le blog sambabd.be
On adapte, on adapte… La mode est clairement à l’adaptation d’œuvres littéraires plus ou moins classiques. En même temps, quand c’est si bien fait, on ne va pas s’en plaindre. Non seulement c’est bien fait, mais en plus le choix de la nouvelle de Zola est également très pertinent. En effet, la Guerre de 1870 et l’épisode de la Commune de Paris sont un peu les parents pauvres des programmes scolaires du Lycée, régulièrement relégués en fin d’année quand il n’y plus ni temps ni motivation. Résultat, nous autres Français, si collectivement passionnés d’Histoire, avons de grosses lacunes en ce qui concerne cette période pourtant si importante de notre passé récent. Bien sûr, la nouvelle de Zola s’attarde bien plus sur les implications humaines et individuelles de cette période trouble que sur ses ressorts politiques, mais cela reste toujours très instructif de se replonger dans le Paris de la Commune et des années qui s’ensuivirent.
Pour ce qui est de l’adaptation elle-même, les auteurs s’y sont pris de belle manière, collant au plus près du récit, reprenant un maximum de dialogues du texte, mot pour mot, et, surtout, introduisant le personnage de Monsieur Emile (avec un Z comme Zola…). L’astuce narrative qui voit l’auteur de Germinal devenir lui-même un personnage de sa nouvelle me paraît très bien vue car elle permet une narration non linéaire et mieux rythmée, en particulier grâce aux différents points de vue des personnages qui lui racontent tour à tour cette histoire dans l'optique d'une publication ultérieure.
Le ton choisi par les Vincent et Gaël Heny pour traiter un sujet aussi lourd que celui de La perte (au sens large : son fils, mort au combat, sa femme, remariée, son identité, envolée dans une mort supposée, sa maison, la fortune, aussitôt acquise aussitôt envolée…), est celui de l’humour. Le dessin au trait simplifié et onduleux fait parfaitement ressortir les caractères des personnages par des expressions et mouvements un peu caricaturaux. Certaines situations et les divers épisodes d’alcoolisation des protagonistes font le reste. Cet humour assumé permet de faire passer la pilule d’une histoire qui, sans cela, serait absolument et totalement déprimante.
Alors, question subsidiaire : les auteurs ont-ils trahis l’esprit que Zola a voulu donner à cette nouvelle ? Personnellement, je ne le crois pas. Je vous invite cependant à vous faire votre propre idée en lisant vous-mêmes cette fort sympathique BD.
Jacques Damour, un bon père de famille, aimant, père son fils pendant la commune et veut le venger. Emprisonné et envoyé en Nouvelle-Calédonie, il s’enfuit et rejoint l’Australie, puis les Etats-Unis, pour revenir en France plusieurs années après son départ. Un vieil ami le reconnaît et lui présente sa fille, abandonnée par sa mère.
Le récit est tragique. Le personnage, faible mais bon, s’imagine faire fortune pour retrouver sa famille ensuite. Mais rien ne va, tout part de travers. Jacques Damour est une personne comme tellement de monde, décalé avec son univers. Paris a changé, mais pas lui. Une histoire magnifique, marquée par la résignation et de beaucoup d’abnégation. Une histoire généreuse, complète dans un seul tome, ce qui aujourd’hui est appréciable quand on constate que tous les éditeurs proposent systématiquement des récits qui s’étalent sur plusieurs albums.
Le dessin est fluide, virevoltant, léger, souple. Un coup de crayon qui propose les émotions des personnages avec autant de détails qu’il en faut, tout en étant minimaliste. Le dessin est juste ce qu’il faut, comme il faut. La couleur aurait pu ne pas exister, le noir et blanc suffire, mais elle améliore le côté tragique de la situation, elle est indépendante du dessin, elle apporte quelque chose.
Un récit bien adapté, un graphisme parfait, une bande dessinée comme on les aime.
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