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Dominicain défroqué, proclamant haut et fort la liberté de pensée en matière de science comme de religion, provocateur invétéré, Giordano Bruno (1548-1600) est sans doute la figure la plus fascinante de la Renaissance italienne. Il se fit le défenseur de Copernic et prolongea sa thèse, en soutenant l'idée qu'un Dieu infiniment puissant ne saurait créer qu'un univers infini, lequel, dès lors, ne saurait avoir de centre... Celui qui écrivait « Si Dieu te touche, tu seras un feu ardent » finit tragiquement sur le bûcher de l'Inquisition pour avoir nié la Trinité, l'Incarnation, la virginité de Marie et même la damnation éternelle. Son oeuvre, toujours peu connue du public français, englobe toutes les disciplines de son temps, des mathématiques à l'alchimie et à la métaphysique.
Jacques Arnould, à qui l'on doit de nombreux ouvrages sur les relations entre science et religion, est comme Giordano Bruno à la fois astrophysicien et ancien moine dominicain. Il nous livre ici une superbe biographie de cette figure si moderne et nous introduit à la richesse de sa pensée.
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Il trône en Italie sur le Campo de Fiori, une statue de Bruno Giordano qui déplu fortement aux voisin du Vatican, car elle est le symbole des esprits libres et rationnels face à une église sectaire assoiffée de pouvoir.
Sa vie :
Bruno Giordano de son véritable nom Filippo Bruno est le trublion des frères dominicains au XVIème siècle. Moine par vocation car la contemplation semble lui parler, mais aussi par sécurité – Naples connaît à cette époque tremblement de terre et épidémie –, ainsi que par goût des études, de la philosophie et de la théologie, Bruno Giordano est un élève curieux de tout, au sein de l’université de Naples (une des meilleurs d’Italie).
Mais son intérêt pour toutes les idées, son rejet de quelques points du christianisme (Jésus ou encore la virginité de la Vierge), son esprit libre, font qu’il fait fi de la censure ecclésiastique et fait qu’il ne restera pas longtemps au cœur du couvent napolitain ni des suivants.
« Ignorant les démêlés disciplinaires de frère Giordano, les frères du couvent dominicain de Sainte-Marie-sur-la-Minerve, près du Panthéon, lui offrent l’hospitalité […]. Mais les nouvelles ne tardent pas à leur parvenir depuis le couvent de Naples ; aux soupçons d’hérésie à l’encontre du jeune professeur s’ajoute la découverte de livres dans le vase de nuit de la cellule du fugitif, des ouvrages interdits, comme ceux écrits par Érasme, dont il a osé lire les paragraphes défendus par la censure romaine en détachant la colle qui normalement les dissimule à la vue des pieux lecteurs, même diplômés en théologie. » p. 54.
Alors en fuite pour échapper aux poursuites engagées contre lui par ses frères, notre moine commence une vie d’errance et de rencontres pendant 17 ans.
Parcourant l’Europe : la France, l’Allemagne, L’Italie, l’Angleterre, la Suisse, etc. Bruno Giordano pour vivre et exister : enseigne, écrit beaucoup et critique énormément. Il mène une vie intellectuelle intense, tout en côtoyant dans le même temps les grands de ce monde comme le roi de France Henri III.
Mais rentrant en Italie car motivé par la chaire de mathématique vide à l’université de Padou qui ira à Galilée, Bruno Giordano part ensuite à Venise sur l’invitation de Giovanni Mocenigo qui souhaite apprendre l’art de la mnémotechnique et de la magie. C'est le début de la fin. Effectivement, notre personnage ne met pas beaucoup d’ardeur pour apprendre à son hôte les choses qu’il demandes. Furieux se dernier le dénonce à l’Inquisition.
Se retrouvant alors en prison pour de longues années car le procès traîne en longueur, notre Bruno Giordano qui vit à une époque non réputée pour des condamnations clémentes reste cependant campé sur ses positions. Et ce malgré les accusations qui évoluent et se cumulent. Ne se désavouant jamais, fidèle à lui-même, le 17 février 1600 Bruno Giordano est livré aux flammes purificatrices sur la place où s’élève sa statue aujourd’hui. Scellant le destin de cet homme qui réfléchissait beaucoup sur son époque.
Sa pensée :
Toutefois ce livre n’a pas pour seul vocation de nous faire découvrir seulement la vie d’un homme. Effectivement, l’auteur et lui se rejoignant pour la vocation dominicaine, Jacques Arnould va essayer de nous faire entrer plus profondément dans l’esprit qui animé cet homme. Et grâce à cela on se rendra très vite compte que malgré son rejet de certaines idées du dogme chrétien, Giordano Bruno reste très spirituel, très philosophe, très mystique. Il ne condamne pas Dieu car ce n’est pas un athée, par contre il le cherche en tentant de connaître la vérité du monde. Et la vérité du monde passe notamment par la science. Voilà pourquoi il ne désavoue pas Copernic.
Dans ces passages portés sur la philosophie du Nolain, nous remarquerons également qu’il a pu être un homme en avance sur son temps avec une âme compatissante pour la planète et les animaux. Bien sûr les douleurs que la terre peut ressentir quand nous creusons des mines peuvent faire sourire, mais quand il est question de la douleur animale il est clairement dans le juste.
On pourrait encore parler longuement de la philosophie du frère dominicain, de ses positions, de ses fantasmagories avec la magie, de ses positions critiques sur le protestantisme sans oublier métempsychose (la réincarnation) impossible pour un chrétien qui ne possède que trois solutions : paradis, enfer, purgatoire. Mais je ne vais pas rentrer plus que cela dans le détail, le livre le fait très bien et quant à moi ce n’est pas ce que j’ai le plus retenu.
En conclusion c’est un court livre agréable à lire, même si peut-être il n’arrive pas à la cheville d'autres biographies. Mais pour celui qui s’intéresse à cet homme sans plus de curiosité, ces pages font leur job. Vous découvrirez avec certitude ce résistant à l'Inquisition.
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