Raymond Kassis offre dans cet ouvrage dense et bien argumenté la synthèse de ses recherches sur l'usage par Husserl de la notion de subjectivité transcendantale.
Il tente ici de dépasser le traitement juxtaposé des deux thèmes de la subjectivité égologique et de l'intersubjectivité et d'atteindre le lieu le plus retranché de la pensée husserlienne où l'intersubjectivité apparaît comme constitutive de la subjectivité la plus pure, la plus apodictique et en même temps la plus concrète. C'est le caractère transcendantal de l'ego qui, au terme de cette marche à rebours, se trouve érigé en enjeu de l'entreprise entière.
Si la quête pouvait aboutir, toute trace de transcendance extérieure serait effacée et tout retour de l'objection du solipsisme serait conjuré. Devrait aussi être mis en déroute le soupçon de cercle vicieux que suscite la formulation en terme de garantie du processus de réduction poussé jusqu'au point où l'autre s'avère inclus, quant à son altérité spécifique, dans la fameuse réduction. Pour mener à bien son enquête l'auteur a choisi la voie d'une lecture immanente qui lui impose de se tenir à l'écart des débats entre les héritiers proches ou lointains de l'oeuvre du maître.
Le prix payé pour une telle abstinence est élevé : il ne s'agit pas moins que d'une immersion totale dans l'oeuvre posthume de Husserl, que Raymond Kassis, excellent germaniste et lecteur infatigable, traverse avec une patience et une perspicacité dignes des plus grands éloges.
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