"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1990, Julie Delporte n'a encore jamais vu de butch, mais sa tante préférée chasse et fume le cigare. Presque vingt ans plus tard, elle publie un livre sur Tove Jansson dans lequel elle raconte avec joie que cette artiste finlandaise est la première femme à qui elle s'identifie, seulement elle était lesbienne et pas Julie. À 35 ans, après avoir surligné de toutes les couleurs son exemplaire de La pensée straight de Monique Wittig, Julie Delporte arrête de porter des robes et prend son avenir en main.
Dans ce roman graphique qui fait suite à Moi aussi je voulais l'emporter, l'autrice retrace l'histoire de sa sexualité. Une histoire marquée par la violence malheureusement trop banale des agressions, comme par celle des clichés et des injonctions liés à une culture de la performance et de l'hétéronormativité.
et les femmes de croire qu’il est cruel d’avoir des limites
que la sexualité se mesure à l’aulne tendresse
qu’il faut qu’on doit
sans entendre le plein vivant
et dire l’acte dégénéré pour guérir
les fictions autorisées diffusent l'orientation admise
le scrabble pour le recul
l’identification pour grandir
Et la psychanalyse d’exprimer à travers siècle ses modèles dominants
les femmes sont hystériques dit la légende (ou Freud)
devenir ou être soi
des roses au crayon papier pour le désir
belle et libre
les robes placards
les cheveux compost
la trahison au bras de l’homme
dans l’abnégation
faire semblant à valeur dépassée
le non de l’enfance jamais entendu
pour le bien disent les adultes pour le reste se souviennent les effractées
une place au chaud pour le trauma
des montagnes à consoler
l’enfant est indigne d’amour
la honte dans les doigts
les limites non apprises
la survivance cadeau
et de s’adapter au peau même la sienne
devenir authentique même bancale
une pieuvre "trouble la norme"
les tentacules roses desserrent le nœud sous seins
le corps peut être affecté dissocié pourtant vivant
l’escargot tantôt dedans tantôt dehors si une main
la coquille solide contre agression mais la peur toujours solitude pleine
l’apprentissage du lien en phase avec ce qui est arrivé sans réduction
la longue histoire du soi biaisé en bord de mer
le pied des vagues
un refuge
Un très bel objet que ce livre intimiste. Les illustrations crayonnées sont délicates et sensibles, elles font face à des propos parfois rudes et crée symbiose entre les deux.
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