"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Ce qui doit être tu au tribunal sera dit dans un livre. Nos livres sont infiniment plus audacieux que nous parce que tel un hold-up ils se mijotent à l'abri des regards. Parce qu'une fois achetés et vaguement lus, ils finissent sur une étagère, offerts au regard mais fermés, impénétrables, contenu dérobé, impossible de savoir ce qui se trafique à l'intérieur. »
Un jour de mai 2020, François Bégaudeau échange avec des camarades, sur son site à la fois personnel et public. Il commet, ce jour-là, une phrase qui lui vaudra de comparaître en justice pour diffamation à caractère sexiste et sexuel.
Ça, ce sont les faits.
Ces faits sont l'occasion pour l'auteur d'Entre les murs et d'Histoire de ta bêtise de mener un travail d'auto-analyse et un examen profond de nos contradictions contemporaines. Une fronde railleuse qui laisse place à une réflexion sur nos affects, l'art et la politique.
Ce livre avait été choisi à partir du thème annoncé dans la présentation de Netgalley. Le nom de l’auteur me disait quelque chose mais sans plus !
Dès les premières pages, j’ai trouvé que cet homme parlait comme mon mari, approchant les 80 ans et donc qu’on avait affaire à un homme blanc macho élevé comme tel !
Les premières pages m’ont bien plu, j’adore l’autodérision et le style m’a fait sourire à plusieurs reprises. Puis j’ai commencé à me fatiguer, à trouver que la blague avait assez duré, j’ai tourné les pages plus rapidement pour voir jusqu’où il allait aller !
Là j’ai regardé sa bio et ai découvert qui il était, pas vieux, enfin pas trop, comme mon fils ! Les diplômes et les réalisations.
J’ai encore continué la lecture jusqu’au moment où cela m’a profondément agacée, car se servir comme il le fait de cas nettement plus graves de harcèlement ou de viols pour excuser sa bévue maladroite, certes, mais hors norme m’a semblé facile .. j’ai arrêté la lecture, jugeant que j’avais d’autres livres en attente qui allaient m’apporter davantage !
Il n’est pas dit que je ne reprendrai le livre mais pas dans l’immédiat, peut être étais je de mauvaise humeur ou perturbée par des événements propres à ma vie ou au contexte politique international actuel !!
Je n’ai donc pas été charmée ni convaincue par cet essai personnel de Monsieur Begaudeau ! Et je remercie Netgalley de me l’avoir envoyé !
François Bégaudeau, l’auteur de ce si joli roman intitulé avec sobriété Amour, a commis une bourde, une bévue, une blague de potache. De celles qu’il faut éviter à tout prix, surtout si on la diffuse sur une réseau, si confidentiel soit-il.
« j’ai cru ma blague circonscrite à l’entre-soi amical qu’était devenu le forum begaudeau.info"
Car rien de plus efficace pour tronquer, modifier et dénaturer le moindre message que son apparition fut-elle éphémère sur le Net. La blagounette sexiste avait en plus pour coeur de cible une personne réelle, qui s’est sentie humiliée et partagél’affaire, avec bien entendu l’afflux immédiat de commentaires, attirés par la victime potentielle comme des mouches sur un étron.
L’affront est porté en justice. Mais FB n’a pas l’intention de s’excuser, et il explique pourquoi.
Beaucoup plus développé que le roman sus-cité, le texte présente l’historique de ce conflit, en décortique les mécanismes et démontre que, non, il n’est pas l’immonde gros beauf que les commentaires pointent du doigt, qu’il est presque féministe, et conscient aussi des risques du moindre faux pas pour quiconque est un peu connu sur la scène médiatique.
Mais il ne s’arrête pas à un simple défense de son cas personnel, et se livre à une analyse sociale et politique avec pour point de mire l’art, la littérature, le wokisme, les prix littéraires..…
Pas question de rebondir sur le débat engendré par l’affaire, on comprend la démarche et on est plus atterré par la bêtise du processus (la blague et les conséquences démesurées, sans vouloir minimiser l’insulte ressentie par la cible, cela aurait pu se régler face à face sans mobiliser l’appareil judiciaire qui a autre chose à faire). Je retiendrai de cet écrit d’abord la qualité de l’écriture, la solidité de la démonstration, même si c’est parfois un peu redondant, et une réflexion bien menée sur notre fonctionnement social et ses supports numériques, pièges où il est difficile de ne pas tomber. De belles pages sur la littérature également.
Cette tentative de défense sera t-elle capable de réhabiliter l’auteur aux yeux de ses détracteurs ? Rien n’est moins sûr, car la nature humaine fait feu de tout bois et trouve derrière les mots qui justifient de nouveaux arguments pour enfoncer l’accusé.
Merci aux éditions Stock pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi.
443 pages Stock 2 octobre 2024
#Commeunemule#NetGalleyFrance
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