"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
D'une prison haïtienne, une voix s'élève. Elle scande, dans une seule longue phrase, les malheurs du pays?: pauvreté, famine, catastrophes naturelles, pouvoir corrompu, église hypocrite.
C'est un cri. Un poème dramatique qui ne cherche pas l'esthétisation de la misère et de la violence politique car le poète les vit, du fond de son cachot de Port-au-Prince. Sa parole emprisonnée résonne d'autant plus qu'on l'a bafouée, empêchée, retenue. Éminemment théâtral par son oralité et son rythme, un poème partition pour un homme au souffle long, comme pour un choeur puissant.
Jean D'Amérique pousse ce cri en écho à d'autres confrères et consoeurs poètes emprisonnés d'hier et d'aujourd'hui : Federico García Lorca, Asli Erdogan, Nâzim Hikmet... et la force de son verbe rejoint la subversion de Jean Genet et l'allant d'Aimé Césaire. À lire à haute voix pour faire voler en éclats tous les murs dressés.
Je découvre ce jeune auteur grâce à Babelio dans le cadre de l’opération Masse critique.
Il a déjà reçu de nombreux prix dont le prix Jean-Jacques Lerrant des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre en 2020 pour ce texte qui lui permet d’être édité et mis en voix.
Jean D’Amérique est né en Haïti en 1994. Il est poète, dramaturge et directeur artistique du festival Transe Poétique à Port-au-Prince.
Le personnage est un poète haïtien en prison. Il parle à son amour pour la première fois au téléphone depuis 6 mois. Il s’exprime dans un flot continu. Il n’y a pas de ponctuation, les mots s’enchaînent avec rythme. On ne peut qu’être touché par la poésie de ces mots. J’aurais aimé entendre ce texte. Les mots doivent être encore plus forts lorsqu’ils sont interprétés par un comédien. Ce monologue est court et intense. En 34 pages, on ressent toute la tristesse, la révolte et la douleur de cet homme torturé au sens propre comme au sens figuré.
L’auteur dénonce toute la pauvreté et tous les malheurs de son pays. Il fait référence à d’autres poètes et écrivains emprisonnés, comme Federico Garcia Lorca, Asli Erdogan, Nâzim Hikmet.
Un texte et un auteur à découvrir absolument ! Je m’en vais de ce pas commander un de ses recueils de poésie.
Merci aux éditions Théâtrales pour l’envoi de ce magnifique texte, l’occasion pour moi d’ajouter une nouvelle rubrique à mon blog : « Théâtre ». J’espère pouvoir vous proposer prochainement d’autres textes et auteurs contemporains à découvrir !
« je connais ces trois jours de juillet à Port-au-Prince
où la colère n’a pas attendu le bus
pour aller au travail dans la rue
ces trois jours de juillet rouge
où la faim s’est suicidée dans les supermarchés
sans demander permission à un portefeuille
la lumière parfois un pain chaud
la violence seule boulangerie »
« pardon je te laisse pour le moment
obligé de ranger les armes
les gardes viennent me chercher
hier la matraque aujourd’hui je ne sais pas de quoi il s’agira
je t’écrirai
peut-être
depuis l’au-delà »
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