"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au large de l'île de Sein, à la pointe Finistère, Ar-Men émerge des flots. Construit en 1867, on surnomme ce phare mythique «L'enfer des enfers». Sa lumière veille les navires, et les protège des récifs menaçants. Les hommes se sont succédés pour l'entretenir, sentinelles d'une côte déchiquetée que les marins redoutent. Germain, dans les années 1960, est l'un de ces gardiens téméraires et solitaires. Dans l'édifice isolé, contre vents et marées, il a trouvé son exacte place, emportant là ses blessures et son abandon d'une vie sur terre, avec les autres hommes. L'édition originale de cet album contient un DVD, Les Gardiens de nos côtes, film documentaire de Herlé Jouon.
Un album extraordinaire entre fiction et documentaire !
L'histoire et le dessin, je suis tombée amoureuse de cette combinaison absolument réussie. Et pourtant, je n'ai aucune affinité avec les phares, je ne connaissais pas du tout l'histoire d'Ar-Men le phare breton le plus exposé... mais voilà c'est Emmanuel Lepage aux commandes et je trouve qu'il rend intéressant tout ce qu'il touche !
Je n'ai pas encore eu le temps de regarder le reportage DVD qui l'accompagne, mais ça ne saurait tarder tant l'album m'a rendu curieuse d'en savoir plus.
J'avoue que je m'attendais à davantage de réalisme, à un style plus documentaire, comme celui de certaines pages de l'album. Je me serais fort bien contentée de l'histoire du dernier gardien d'Ar-Men, avec des retours sur l'histoire du phare, sur la construction et sur le récit du premier gardien… Pour moi, l'ensemble est un peu trop sombre, avec du très bon dans la partie documentaire, des aquarelles superbes, des couleurs et des transparences extraordinaires. Le récit de la construction du phare, dans sa situation isolée, sur un bout de rocher battu par les flots, et avec du ciment qui se désagrège à l'eau de mer, est saisissante !
Mais je suis assez peu sensible aux histoires fantastiques, et j'ai parcouru avec moins d'intérêt les récits de légendes bretonnes, ou l'évocation des fantômes du narrateur.
Chronique précédemment parue dans le blog SambaBD.be
Emmanuel Lepage est un génie ! Oui, je sais, ce terme est surutilisé et, par le fait, généralement galvaudé. Mais je vous assure qu’en ce qui concerne la Bande Dessinée avec un grand « B » et un grand « D », Emmanuel Lepage est un GENIE ! Qu’il nous embarque pour les mers australes et le Pôle Sud (Voyage aux îles de la Désolation, La lune est blanche), qu’il nous entraîne en Amérique Centrale, en Argentine ou à la Réunion (Muchacho, Névé) ou bien encore qu’il nous ramène en Bretagne, ses livres sont tous d’extraordinaires invitations au voyage. Et comme graphiquement ça frôle la perfection…
Une fois encore, l’auteur costarmoricain nous livre une BD sublime tant par son scénario que par la beauté du dessin.
La voix off de Germain nous accompagne tout au long de cette histoire pour essayer de nous décrire Ar-Men « l’enfer des enfers », mais elle n’est pas seule. S’y joignent celles de personnages secondaires comme Louis, son collègue bourru et obstiné par le maintien du « feu », comme le jeune Fouquet Moïzez (celui qui ouvre la mer et qui mène les hommes hors de danger ?) le premier gardien du phare, ou encore comme certains fantômes à la vie dure… Bref, le récit n’est pas totalement linéaire et l’alternance entre les flashbacks, la réalité et l’onirisme allège le tout et confère une parfaite fluidité à sa lecture. L’émotion est également au rendez-vous, notamment dans la relation de Germain avec sa fille. Car même si on sent venir l’explication de sa présence dans le phare, cet épisode reste bouleversant. Il nous permet de comprendre l’allégorie sur la ville d’Ys présente un peu plus tôt dans le livre.
Bon, et puis le dessin… Qu’en dire ? C’est magnifique. Non seulement Lepage maîtrise parfaitement le dessin classique et la mise en page d’une BD, mais sa technique et ses choix de couleurs et de teintes sont toujours merveilleusement adaptés à son propos. Les proportions, les perspectives, les détails, sa palette est immense et chaque case un pur bonheur. Un génie je vous dis !
Vous comprendrez donc que je vous recommande très très vivement cet achat que vous ne saurez regretter. En tout cas, je remercie Futuropolis et Emmanuel Lepage de m’avoir donné une idée cadeau pour Noël et les anniversaires à venir d'une bonne partie de mon entourage…
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