Bakhita s'annonce comme l'un des grands livres de cette rentrée, et si on suivait les conseils de lecture de Véronique Olmi ?
Auteure primée dès son premier roman "Bord de mer" (Actes Sud) accueilli avec succès et pour lequel elle obtient le Prix Alain Fournier (2002), Véronique Olmi reçoit également en 2011, Le Prix des maisons de la presse pour son roman "Cet...
Bakhita s'annonce comme l'un des grands livres de cette rentrée, et si on suivait les conseils de lecture de Véronique Olmi ?
Véronique Olmi, romancière et dramaturge, publie son premier roman, Bords de Mer, chez Actes Sud en 2001, et reçoit le Prix Alain-Fournier en 2002. Elle est l’auteure de nombreuses pièces de théâtre, dont Mathilde et Chaos debout. Elle est la co-fondatrice du festival de théâtre « Le Paris des Femmes ». Son dernier roman, La nuit en vérité, est paru en 2013 aux éditions Albin Michel.
Tandis que la belle saison étire son temps avec langueur, l'été inspire aux auteurs des histoires, riches de rencontres et d'inattendu. Un peu comme si les rayons du soleil et ce supplément de liberté élargissaient le champ des possibles et des promesses. Des auteurs classiques aux auteurs contemporains, l'été inspire de magnifiques pages à lire ou relire… Tour d'horizon de ces romans auxquels l'astre solaire donne une lumière particulière.
Comme toute rentrée littéraire de septembre, pointent quelques titres qui d'emblée laissent supposer le succès à venir. Parmi eux, des auteurs incontournables qui semblent une fois de plus très inspirés, des auteurs qui confirment leurs talents. Une rentrée foisonnante où les personnages historiques ont encore breaucoup de choses à révéler, des enchevêtrements familiaux aux sources inattendues, de quoi surprendre et satisfaire la curiosité des lecteurs !
Ben est le héros du dernier roman de Véronique Olmi dont j’ai déjà lu Bakhita et Les évasions particulières. Pourtant, ce qui est magnifiquement mis en évidence dans Le courage des innocents, ce sont les enfants et le sort qu’on leur réserve que ce soit en France ou en Ukraine.
Les deux grandes parties de ce livre semblent radicalement différentes mais l’autrice a su parfaitement mettre Ben au centre du récit et dégager sa personnalité, une personnalité torturée, instable et pourtant toujours tournée vers la sécurité affective des enfants.
D’emblée, Véronique Olmi m’a captivé avec son écriture enveloppante, riche, envoûtante. Elle présente Ben, 23 ans, militant qui se bat contre les centrales nucléaires, l’extension d’un camp militaire ou les travaux dévastateurs pour l’installation d’une autoroute. Pour l’instant, il va chercher son petit frère, Jimmy, treize ans de moins, qui a été enlevé à son père et placé dans un foyer.
La rencontre avec Anna offre déjà un beau moment mais la suite est plus tendue car elle révèle tous les problèmes de ces enfants qui n’ont plus de famille stable ou qui vivent dans la rue.
L’autrice, au passage, sait parfaitement mettre en évidence l’absurdité de ce que l’administration nomme « conflit d’intérêt », c’est-à-dire lorsqu’un gosse s’attache trop à sa famille d’accueil. L’affection, on n’aime pas… Alors, le gosse est aussitôt arraché à ceux qui lui donnent un peu d’amour, cet amour pourtant essentiel à leur épanouissement.
Je précise de Ben et Jimmy sont nés de la même mère, Léa, décédée hélas, que le père de Ben a disparu de la circulation et que Fred, le père de Jimmy, n’arrive pas à se débarrasser de son alcoolisme.
Après une scène pleine de tendresse, d’amour fraternel, filial même, entre Ben et Jimmy, Véronique Olmi offre une terrible prise de conscience avec ces mineurs paumés, étrangers, ces filles qui n’ont d’autre choix que de céder au mirage de la prostitution.
Quand débute la seconde partie, je sens aussitôt que l’on change de dimension car Ben monte dans un bus qui part pour l’Ukraine. Il est avec des femmes seules dont les hommes sont à la guerre. Dans le bus de retour, d’autres femmes seront avec leurs enfants et quitteront leur pays.
Le voyage est long mais le bruit des bombes se fait entendre alors que les réseaux mafieux tentent de monnayer la sortie d’Ukraine pour les enfants seuls, pour des femmes aussi.
Malgré la mort qui rôde, Ben suit Alex et Thomas qui bossent pour une association humanitaire. Finalement, il rencontre Sofia et, après treize heures de bus et 900 kilomètres, de Lviv à Kherson, il se retrouve en zone occupée par l’armée russe.
C’est alors une passionnante et terrible immersion dans cette Ukraine occupée par ces Russes qui emploient tous les moyens pour effacer la langue d’abord, cette langue ukrainienne qu’ils nomment dialecte, avant de s’en prendre aux enfants.
Cette seconde partie est d’une force incroyable. Il faudrait que tout le monde la lise pour enfin prendre conscience de ce qui se passe là-bas.
On suit Ben, bien sûr, et je constate tout ce que cette guerre d’occupation et d’envahissement implique au quotidien : les contrôles, la peur, le manque de nourriture, d’eau, la violence, les bombes, les mines, la mort, ceux qui collaborent, ceux qui résistent… Puis, comme je l’ai déjà signalé, il y a le sort réservé aux enfants que les Russes tentent de récupérer quitte à les arracher à leur famille et à les faire adopter, là-bas, en Russie comme l’exige Maria Llova-Belova (surnommée Bloody Mary), la commissaire aux droits de l’enfant de Poutine.
Ben constate tout cela, il le vit et fait le maximum, lui qui, normalement, est un touriste. Avec effroi, j’ai pris conscience de ce que cette guerre détruit, oblige au quotidien, grâce à la plume de Véronique Olmi, grâce aussi à la petite Maya mais je n’en dis pas plus...
Avec Le courage des innocents, elle a réussi un roman profondément humain et révélateur de ce qui se passe loin de nous, se rapproche quand même, mais que nous avons un peu trop facilement tendance à occulter.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2025/01/veronique-olmi-le-courage-des-innocents.html
De l’esclavage à la sainteté
Une nouvelle fois, je me pose la question de la destinée.
Bakhita , petite fille du Darfour, a été enlevée à l’âge de 7 ans pour être vendue comme esclave. Un destin horrible, fait d’humiliations, de coups, de torture. Son salut viendra d’un consul italien qui la rachète. En Italie, la vie ne sera pas facile mais Bakhita qui ne se souvient même plus de son nom, a trouvé la Foi et deviendra religieuse. Décédée en 1947, elle est canonisée en 2000 par le pape Jean-Paul II.
Lors de ma lecture, je me suis arrêtée à plusieurs reprises tant était insoutenable l’évocation des atrocités infligées à cette fillette.
Se pose aussi la question du mystère de la Foi de cette femme qui a tant souffert et qui a toutes les raisons de désespérer de l’être humain.
Cette lecture m’a profondément affectée. Je ne saurai en dire plus . Le récit de Veronique Olmi est bouleversant et mérite d’être lu par tous.
« Je voulais savoir comment Bakhita a préservé son humanité dans cette inhumanité » V. Olmi
Sélection du prix Interallié 2024, Véronique Olmi revient avec ce dernier roman puissant sur l'enfance saccagée, l'innocence bafouée. Une lecture profonde avec une écriture juste avec une profonde obsession de justice, un roman composé en deux parties, un combat contre l'indifférence et l'oppression. Une plume vibrante et pudique, les mots sont juste. Un roman qui est dans la continuité de Bakhita et Le gosse.
"On dirait qu'on est plus nombreux que les autres la nuit, a dit Marta. Et c'était peut être vrai. L'amour fait vivre les absents, et la peur revenir les méchants, et une fois les enfants endormis, aucun n'a disparu."
"Le bruit des bombes au loin divise le ciel et fait trembler jusqu'à l'intérieur du corps. La mort rôde, les survole et les repère tous. Ben n'est pas arrivé dans un autre pays, il a changé de monde, il le sent sans en mesurer la portée, comme un spectateur avant le lever de rideau, protégé par sa naïveté et son ignorance."
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !