"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Vénus Khoury-Ghata invente une astronomie poétique. Dans ses poèmes, la lune descend à reculons ou tombe dans le caniveau tandis que les étoiles, quand on ne les fait pas rissoler à la poêle, servent « à clouer la nuit sur la voûte du ciel. » On croise aussi d’étranges animaux : un goéland esseulé qui « embrasse la main de la lune », un pivert en colère, une grenouille qui chante faux ou encore un hanneton enfermé dans une lanterne.
Et puis, il y a le chat.
« Lune n’est lune que pour le chat »
Bien visible dans le titre, il se montre plus furtif au gré des pages, s’exposant plutôt dans les dessins pleins de poésie et d’humour de Sibylle Delacroix, des dessins oniriques qui jouent avec la palette des gris et des noirs. On aime l’espièglerie du félin noir comme la nuit.
« Chat qui saute du clocher
N’a pas la moindre écorchure »
Les arbres, le soleil ou la girouette sont des personnages à part entière.
Mais attention, car dans les rêves des « cinq garçons turbulents » il se passe de drôles de choses et « la souris mange le chat »
La poésie de Vénus Khoury-Ghata, vous l’aurez compris est pleine de fantaisie, d’humour et de surprises et on se laisse aller à cette divagation qui nous entraine dans le pays de la poésie où tout est possible.
Un recueil qui se lit et se regarde avec plaisir.
Après des déboires amoureux et la perte de son chat, une jeune française part offrir son aide en tant qu'humanitaire dans un petit village au bord du désert, entre Afghanistan et Iran. Elle y rencontre deux femmes singulières avec lesquelles elle devient amie. C'est ainsi qu'elle découvre leurs traditions et la soumission des femmes à l'homme, soumission qui dépasse toute humanité. Noor doit notamment être lapidée sous peu. Son mari l'a répudiée car elle a été violée par un étranger. Celle-ci accepte son sort. Pas la française qui va déplacer des montagnes pour tenter de la sauver.
Le texte est joliment écrit. Pourtant aucune émotion ressentie en lisant l'histoire de ces malheureuses acceptant leur destinée et qu'on fait passer pour folles. C'est cependant un récit révoltant.
Cette anthologie de la grande poétesse originaire du Liban regroupe quatre recueils : Quelle est la nuit parmi les nuits – Les obscurcis – Où vont les arbres ? – Le livre des suppliques
Pour qui connait l’œuvre de Venus Khoury Ghata, on retrouve ses thèmes de prédilection comme le rappel des chers disparus, le frère poète et interné en hôpital psychiatrique ou encore la figure très présente de la mère qui revient comme un leitmotiv dans toute l’œuvre.
L’imagination de la poétesse se nourrit de sa culture arabo-libanaise, de son enfance et du quotidien. Le lyrisme côtoie le prosaïsme au coude-à-coude, comme dans « inhumations »
« Manches retroussées
Vestes accrochées au noyer
Ils se mirent à plusieurs pour éventrer la terre
Poser la caisse dans le rectangle rouge
Avec midi soleil et sueur »
Elle fait aussi la part belle au merveilleux, comme dans les contes
« Elle lui apprit les vingt et une manières de marcher contre le vent
Et comment se lever avant la lampe sans l’offenser »
Dans « Où vont les arbres ? «, elle mêle le quotidien de la mère aux arbres des jardins et des forêts comme autant d’êtres vivants avec leurs propres sentiments.
« Les arbres bien nés sont frileux… »
« Le saule n’attend aucune consolation »
« morte/ la mère ressembla au tilleul de la place »
Dans « Compassion des pierres », Vénus Khoury-Ghata se penche sur la question « D’où viennent les mots ? » Elle dévide un alphabet poétique. Il y a les mots cri, les mots larme, il y a le premier mot
« Les mots dit-elle étaient des loups » Les mots sont là pour dire le monde mais aussi l’autre côté du monde
« Des mots d’origines obscures qui sont l’ordinaire des morts »
Dans « Le livre des suppliques », Vénus Khoury-Ghata s’adresse à ce frère poète et toxicomane, trop tôt disparu
« Tu es démuni aux moineaux qui attaquent ton figuier et déstabilisent ton échelle »
Et ce dialogue à un mort et beau et émouvant.
Bien sûr, il y aurait encore beaucoup à dire, tant l’écriture de Vénus Khoury-Ghata est d’une grande saveur et d’une richesse inouïe, mêlant prosaïsme et références littéraires.
L’écriture sensuelle et métaphorique de cette grande poétesse est tout simplement sublime.
Diane, certain âge ou âge certain, c’est selon, décide de s’offrir un caveau… Ben oui, ça ne fait pas mourir que de le prévoir et, ainsi, Diane choisit exactement ce qu’elle veut. Marbre rouge méché de gris, malgré l’avis négatif du vendeur « Du marbre rouge alors que les tombes voisines sont noires ou grises, je vous le déconseille madame. » Qu’est-ce qu’il y connaît le mec… Même morte, on vous embête parce que vous ne voulez pas la même chose que vos voisins… »
Oui, mais… bien entendu, c’est un caveau à deux places alors qu’elle est seule. Qu’à cela ne tienne, Diane va se rapprocher de ses anciens amants, des fois que… Je me demande les résultats que donneraient une annonce de ce genre « Cherche homme pour partager caveau... » Une chasse au prétendant très surprenante.
Raphaël entre dans sa vie et la demande en mariage… Oui… Mais…. Il a un tiers de son âge et est un cousin très éloigné. Ils se sont rencontrés à l’enterrement d’une parente commune et, depuis, ne l’a pas lâchée une seule seconde. « Epouse-moi parce que je t’aime plus que ma peau, plus que tous ceux qui te faisaient l’amour pendant que je salivais sur ta photo. Epouse-moi et je te ferai des crêpes tous les matins de tous les jours de ta vie. » Il faut pouvoir résister à une telle demande ! « « Trop beau pour toi, trop jeune pour toi, mais craquant » dirait Hélène si elle le voyait. »
Hélène, son amie, sa sœur « Pareilles à deux vases communicants, Hélène et toi êtes fusionnelles jusqu’à ne plus savoir si tel homme fut son amant ou le tien. » voit la vie autrement. Elle collectionne les amants, les aventures sexuelles. D’ailleurs, elle le dit à son amie « Tu ferais mieux d’embaucher un vivant, un grand costaud capable de réchauffer ton lit et tout le reste... »
Le ton est donné et j’ai adoré l’humour grinçant de Diane et Hélène, irrévérencieuses mais jamais pathétique, attachantes même dans leurs gros défauts.
Hélène s’offre aussi une petite histoire d’amour-sexe avec celui qui squatte, pardon, surveille, sa maison dans le sud. Très bien dans la genre veuve joyeuse….
Oui, vraiment réjouissant. Une façon iconoclaste de parler, de représenter les femmes d’un âge certain, de mon âge (peut-être), de leur solitude, de la mort.
Une belle récréation
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