La suédoise Elin Cullhed nous fait vivre la dernière année de la poétesse Sylvia Plath, entre lumière et désespoir
La suédoise Elin Cullhed nous fait vivre la dernière année de la poétesse Sylvia Plath, entre lumière et désespoir
Sylvia Plath écrit ce roman semi autobiographique très intime et touchant sur la maladie mentale.
Années 1950, la narratrice Esther Greenwood décroche une bourse d’études puis un concours qui lui permet de vivre à New York pendant un mois.
Durant ce mois elle est au centre de la vie mondaine New-yorkaise, elle apprend toutes les bonnes manières pour devenir une « bonne » femme au foyer avec tous les codes de la société et se faire un réseau qui lui permettra de trouver un mari.
Elle commence à se perdre dans ce monde superficiel entre réception, shooting photo, cadeaux, invitations,…
Tout commence à lui échapper quand elle apprend qu’elle n’est pas retenu pour un atelier d’écriture qui comptait beaucoup pour elle, car elle veut vivre sa vie seule sans dépendre d’un homme.
Elle qui réussit habituellement tout elle ne compte pas, et la dépression l’aspire !
Célèbre d’abord pour sa poésie, Sylvia Plath a publié cet unique roman sous un pseudonyme, en 1963, un mois avant son suicide. Il s’agit d’un roman à clef, inspiré de ses propres troubles bipolaires. Il a été réédité après sa mort, sous sa véritable identité cette fois, provoquant une polémique et s’attirant le procès d’une femme qui s’était reconnue dans l’un des personnages du livre.
Nous sommes dans les années cinquante et l’Américaine Esther Greenwood a dix-neuf ans. Elle est l’une des lauréates d’un concours de poésie organisé par un magazine de mode, et, avec d’autres filles, elle est conviée à un séjour à New York pendant lequel elle découvre une vie futile et mondaine qui l’attire autant qu’elle lui répugne. De retour chez sa mère, alors qu’une profonde dépression s’empare d’elle, elle consulte un psychiatre, suit une thérapie qui ne l’empêche pas d’enchaîner les tentatives de suicide, et se retrouve en institution psychiatrique pour un long séjour dont elle sortira pleine d’espoir. Une fin qui résonne bien tristement quand on sait le dramatique épilogue qui devait succéder à l’écriture de ces pages.
Paradoxalement, aussi terrible soit-elle, jamais cette histoire n’écrase son lecteur de la pesanteur de son désespoir. C’est au fil d’un humour corrosif, qui épingle les travers de la société avec une lucidité pleine de révolte, que l’on s’achemine vers la perception de cette cloche de verre invisible qui se referme peu à peu sur la narratrice, l’emprisonnant toujours plus étroitement dans un sentiment d’étrangeté au monde, avant de déboucher sur celui de l’inanité de vivre.
Cette fille brillante, qui rêve de devenir écrivain à une époque où écrire est encore un geste essentiellement masculin, se voit sans cesse renvoyée à un avenir d’épouse et de mère, au mieux, si son futur mari l’autorise à travailler, à un emploi subalterne de secrétaire : « Ma mère me répétait sans cesse que personne ne voulait d’une licenciée en lettres tout court. Par contre, une licenciée en lettres connaissant la sténo, ça c’était autre chose, on se la disputerait. On se l’arracherait parmi les jeunes cadres en flèche, et elle prendrait en sténo lettre passionnante après lettre passionnante. » Et ce n’est pas le si décevant prix décroché par ses talents littéraires - un séjour dans un hôtel réservé aux femmes, dévolu à de futiles occupations réputées féminines, entre chiffons et maquillage, cadeaux ridicules et infantilisants, et dont elle ne parvient à s’échapper que pour découvrir la très inégale liberté sexuelle des femmes comparée à celle des hommes – qui pourrait lui redonner espoir. « Le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien. » « La seule chose pour laquelle j’étais douée, c’était de gagner des bourses et des prix, mais cette ère-là touchait à sa fin. Je me sentais comme un cheval de course dans un monde dépourvu d’hippodromes, ou un champion de football universitaire parachuté à Wall Street dans un costume d’homme d’affaires, ses jours de gloire réduits à une petite coupe en or posée sur sa cheminée avec une date gravée dessus, comme sur une pierre tombale. »
A cette désespérance dont, comme tout le monde alors, il ne peut envisager les dérangeantes origines sociétales, le monde médical n’oppose qu’enfermement et électrochocs, se limitant à des pratiques inadaptées dont les établissements les plus hauts de gamme ne parviennent pas à gommer l’inhumanité foncière. Combien de filles, d’épouses, enfermées et maltraitées parce que non conformes aux normes féminines de leur époque ? Les allusions faites en passant dès le début du roman, puis la restitution de faits précis identiques aux terribles expériences vécues par l’auteur, pointent toutes vers le désespoir de cette femme que sa révolte contre l'écrasante domination patriarcale, les convenances et les attentes sociales à l'égard de ses contemporaines, a mené à une dépression traitée de manière coercitive comme une espèce de folie qu'il convenait d'éradiquer. Esther, tout comme Sylvia, sort calmée de son hospitalisation, bien décidée à se conformer à ce que la société attend d'elle. On en connaît hélas la suite dramatique.
Portrait d'une jeune femme déchirée entre son désir d'acceptation sociale et sa rébellion contre l'inégalité des sexes, ce livre très nettement autobiographique est un acte de désobéissance, une façon de clamer sa révolte alors qu'elle cherche l'issue entre pression sociale et aspirations personnelles, se refusant à choisir entre une carrière d'écrivain et une vie privée heureuse. En y rendant palpable l'étouffement vécu par les femmes, elle réussit une critique au vitriol de la société patriarcale et de cet American Way of Life que le monde envie alors à l'Amérique, transformant ce récit d'un ressenti intime en un document qui n'a pas fini d'alimenter les réflexions sociologiques sur son époque, d'intriguer les innombrables analystes d'une oeuvre désormais reconnue, et de simplement toucher le lecteur, séduit par les qualités du roman autant que consterné du si tragique destin de son auteur. Coup de coeur.
Avant même de lire La Cloche de détresse, je connaissais cette phrase par cœur (et quiconque aime les tatouages et s'y intéresse un peu l'a croisée environ 3 milliards de fois).
Cette phrase, même sortie du contexte, m'a toujours bouleversée, par sa beauté, son rythme, son intensité (beaucoup moins belle en français mais tout de même assez puissante : "J'ai respiré un grand coup et j'ai écouté le vieux battement de mon cœur. Je vis, je vis, je vis.").
Il était temps pour moi d'en découvrir l'écrin.
Sans surprise, dès les premières phrases, la prose de Sylvia Plath a résonné en moi. "La fausse fraicheur humide" qui "s'évaporait comme la fin d'un rêve agréable" m'a conquise, les phrases suivantes également. J'aurais aimé surligner le roman entier.
Esther Greenwood a 19 ans, un stage de rêve à New-York, une bourse pour poursuivre ses études à Yale, un avenir tout tracé devant elle. Elle aime les bains chauds, ne veut pas se marier mais veut perdre sa virginité.
Alors qu'elle a "tout" pour être heureuse, le bonheur la fuit. Esther n'a plus jamais été heureuse depuis la mort de son père, quand elle avait 9 ans, réalise-t-elle soudain.
Au moment de quitter New-York, elle sombre dans la dépression.
Ce roman, l'unique écrit par Sylvia Plath, marque autant par l'émotion qui s'en dégage, par son écriture vivante et vibrante que par l'histoire de son autrice qui a mis fin à ses jours un mois après la parution de son livre, à seulement 30 ans.
Il m'a bouleversée et se place d'ores et déjà parmi les romans chers à mon cœur.
https://animallecteur.wordpress.com/2020/07/25/la-cloche-de-detresse-sylvia-plath/
La cloche de détresse est un roman autobiographique dont on sent l’issue fatale, et l’histoire nous le prouvera. Peu de temps après la parution de ce seul et unique roman écrit par la poétesse Sylvia Plath, cette dernière met fin à ses jours à l’âge de 31 ans dans son appartement alors que ses enfants dorment à l’étage.
Pour Esther Greenwood, le personnage principal, « la cloche de verre » n’est autre qu’une prison mentale qui renferme ses plus grandes peurs et angoisses à travers laquelle elle observe un monde distordu par sa mélancolie, sa tristesse qui se transforme peu à peu en folie.
Bien que La cloche de détresse reflète une image de la société américaine des années 50 qui laissait peu de place aux femmes et encore moins aux intellectuelles, ce roman est intemporel. Sylvia Plath retranscrit parfaitement le vide, le désespoir, la dépression de manière général mais aussi ses propres ambitions de devenir une femme écrivaine reconnue et son envie de devenir mère et fonder une famille, le vide dans sa vie, sa solitude, son désespoir et sa dépression jusqu’à la confession d’une mort annoncée.
Cette lecture est éprouvante et belle, triste mais poétique.
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