Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Ne cherchez pas une biographie de Shakespeare qui préciserait ce qu’il a fait pendant cette période, il n’y en a pas. Mais laissons donc l’imaginaire de l’autrice, seul maître à bord de son roman, broder sur ces années comme si elle avait été la confidente du dramaturge. Et qui sait si au hasard de quelques chapitres, elle ne va pas également nous dévoiler quelques unes de ses pensées, de ses années d’enfance, une part de son adolescence. Car si personne ne sait ce qu’il s’est réellement passé, Stéphanie Hochet donne vie à ces huit années pour notre plus grand plaisir de lecteur.
Écrire William, c’est partir en quête des pensées de l’auteur encore jeune homme.
Ce qui aurait pu n’être qu’un défi d’étudiant qui souhaite séduire une femme devant ses comparses s’avère aller beaucoup plus loin. Il est âgé de dix-huit ans et vit à Stratford-upon-Avon lorsqu’il rencontre puis épouse Anne Hathaway. Cette belle femme est son aînée de 8 années. Mais trois ans et trois enfants plus tard, alors qu’il a vainement tenté de s’insérer dans cette vie d’homme marié et de père, il décide de s’enfuir.
C’est le passage d’un théâtre dans sa ville, et le fait qu’un acteur manque à la troupe qui va le décider. Mauvais acteur mais intelligent et pugnace, il s’accroche et joue le rôle qui lui est imparti, non sans mal au début, puis avec de plus en plus de facilité.
William, c’est l’alibi idéal pour nous parler de Shakespeare et de ses contemporains. De la place du théâtre et des acteurs dans la société britannique de l’époque. Enfin, de la rencontre entre Shakespeare et l’acteur Richard Burdage, l’homme qui lui inspire son inoubliable Richard III.
Des mœurs et des habitudes de cette Angleterre de la fin du XVIe siècle, vivante, violente, pauvre et alcoolisée souvent, de la façon dont sont traités les saltimbanques dans les sociétés bourgeoises de l’époque. Des je t’aime je te hais que l’on ressent pour ces artistes dont on aime voir les représentations, plaisir que l’on se garde bien d’avouer à ses concitoyens.
Mais aussi comment son épouse, faisant fi de toutes les considérations de son entourage, fait confiance au père de ses enfants et attend son retour.
C’est sans doute à cette période que William écrit ses poèmes et riche de cette expérience unique, en tout cas l’autrice se plaît à le penser, qu’il devient le futur dramaturge que l’on apprécie encore aujourd’hui.
En écho, la vie et les pensées de l’autrice, ses hésitations, sa famille, les difficultés d’être qui l’on doit être, l’incompréhension face à ses aspirations et ses désirs, la fuite, les envies de suicide, tant de moments difficiles distillés en miroir de la vie de William, et qui la rendent présente dans le roman autant que lui. Ainsi que la place qu’occupe cet auteur dans son propre parcours. Comme si elle avait dû puiser au plus intime de ses années d’enfance et d’adolescence pour devenir celle qu’elle est aujourd’hui, en miroir de William Shakespeare qui a eu besoin de ces huit ans pour se construire. Elle nous en fait part à la première personne, avec ce je qui est tantôt elle, tantôt lui, et qui nous parle avec rigueur et sobriété de la vie et de l’expérience de chacun, forgeant celui et celle, qu’il ou elle deviendra.
J’ai aimé lire ces pages, découvrir l’intimité d’une autrice plus que celle de cet artiste du XVIe siècle toujours présent aujourd’hui. J’ai aimé la sincérité qui émane de ce texte. Aucun voyeurisme mais des touches de vrai qui ponctuent le récit de ces années mystère, apportant une touche réaliste et parfois triste au roman. Là je pense en particulier à ce cousin parti trop tôt et incompris de sa famille.
https://domiclire.wordpress.com/2023/12/06/william-stephanie-hochet/
Cette lecture m’a entrainé dans un contexte un peu spécial : le personnage principal est-elle retenue contre son gré ? Que veut ce maire ? Qui est cette mystérieuse organisation qui finance les délires d’empaillage du maire ?
J’ai aimé la citation de départ faisant référence au Minotaure. Tout au long de ma lecture, je me suis demandée quiil était dans le roman : le maire ? l’auroch ?
J’ai été étonnée que le personnage principal aime le travail qui lui est demandé : créer une mythologie de l’auroch ; qu’elle apprécie les chasses auxquelles elle participe.
J’ai aimé le couple qui l’héberge : la femme discrète et l’homme muet.
J’ai aimé que le récit ne réponde pas à toutes les questions : pourquoi des bruits dans la maison en pleine nuit ?
J’ai perçu le personnage principal comme une jeune femme perdue dans le labyrinthe du Minotaure, sans possibilité de s’échapper, son destin étant de tuer le Minotaure si elle veut survivre.
J’ai aimé cette atmosphère spéciale où tout est réaliste mais parfois sans explications logiques.
L’image que je retiendrai :
Celle du mystérieux virus qui décime un troupeau d’aurochs.
https://www.alexmotamots.fr/lanimal-et-son-biographe-stephanie-hochet/
Que s’est-il passé dans la vie de William Shakespeare de 1585 à 1592, ces fameuses «années perdues » ?
J’ignorai cet épisode de la vie de Shakespeare, jeune homme de 21 ans, mariée très tôt, père de famille qui étouffe dans sa ville de Stratfortd-upon-Avon. Il a toujours été fasciné par le théâtre, il écrit des poèmes depuis son adolescence. Shakespeare vit dans l’angoisse de passer à côté de sa vie, pour cela il lui fallut quitter les siens.
Stéphanie HOCHET imagine avec brio ce qu’a pu être sa vie durant cette errance d’apprenti comédien puis comédien accompli qui rencontre les plus grands comme Richard Burbage qui lui inspirera Richard III.
J’ai beaucoup appris sur cette époque, sur Shakespeare dont je n’avais pas imaginé les tourments et les rêves, sur l’époque, l’Angleterre du XVIème siècle où la peste sévit
Stéphanie HOCHET entrecoupe le récit de passages forts de sa propre vie, elle livre un peu d’elle-même pour la première fois., son départ (sa fuite ?) en Ecosse et le suicide de son cousin.
Un beau récit d’apprentissage en double lecture qui donne envie de s’aventurer d’avantage dans l’œuvre de Shakespeare et de lire encore Stéphanie HOCHET dont j’avais déjà beaucoup aimé Pacifique.
Ce roman m'a surprise. Son titre et le résumé de la 4ème de couverture ont fait écho à un roman coup de cœur, un bijou partagé sur ce compte : Hamnet de Maggie O'Farrell. Je pensais donc me plonger dans l'Angleterre élisabethaine. Et en effet, l'intrigue est similaire : l'autrice propose de suivre la destinée de William Shakespeare quand il quitte son village natal de Stratford-upon-Avon pour suivre une troupe de comédiens. Quand il abandonne sa femme et ses 3 bébés dans la maison de ses parents pour vivre -ivre de liberté-sur les routes au sein d'une troupes de comédiens.
Mais surprise, Stéphanie Hochet prend le parti pris d'interrompre régulièrement son récit dans l'Angleterre du XVIème siècle pour nous confier des pans entiers de son enfance traumatisante. Il faut oser mettre "je" dans un roman inspiré par la vie du plus célèbre des dramaturges anglais ! Le parallèle est ainsi fait sur la noirceur de l'âme des hommes et le pouvoir salvateur de l'art, sur le carcan des destins tout tracés par des familles castratrices et la liberté des chemins bucoliques. Une construction en miroir sur des thématiques comme le suicide, les fugues, l'androgynie, l'éducation toxique d'une figure paternelle.
Ce récit romanesque offre des pages magnifiques sur le métier d'acteur et illustre les tourments de la création. William écrit ses premières pièces et Stéphanie Hochet imagine les rencontres, les discussions, les événements à l'origine des "vers blancs" lyriques de Shakespeare. A travers les lignes, je perçois toute l'admiration de la romancière pour Shakespeare avec qui, indocile, elle revendique la quête de la liberté.
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