"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L’âme au bord des cheveux
Issu d’une famille franco-cambodgienne, l’enfance de Séra avait jusqu’à présent été bercée par une vie agréable et confortable. Son père Phourin et sa mère Nicole se sont rencontrés en France, mais ont décidé d’aller vivre au Cambodge, les études de Phourin terminées. Ils s’installent à Phnom Penh et la famille s'agrandit avec l’arrivée de trois enfants. Le quotidien de l’auteur s’articule autour du Lycée Descartes, de la piscine, ainsi que sa passion pour la bande dessinée et le dessin.
Depuis de nombreuses années, la situation géopolitique de cette partie du Sud-Est asiatique est extrêmement compliquée. La guerre d’Indochine a permis au Cambodge d’acquérir son indépendance en 1954 et le pays est dirigé par le Prince Norodom Sihanouk. La monarchie est renversée par un coup d’Etat en 1970 et laisse place à la république khmer. Mais les Khmers rouges aidés par les Nord-Vietnamiens prennent Phnom Penh le 17 avril 1975. Le Cambodge devient le Kampuchéa démocratique (1975-1979).
Les personnels diplomatiques sont évacués vers la France, mais le père de Séra décide de rester dans son pays. Phnom Penh est vidée de sa population par l’armée. Deux millions d’habitants doivent partir sur le champ avec le strict minimum. C’est le moyen trouvé par les forces de l’ARK (armée révolutionnaire du Kampuchéa) pour réduire à néant toute tentative de soulèvement. La famille de Séra se réfugie donc à l’ambassade de France. C’est là que le jeune garçon verra son père en vie pour la dernière fois.
“Avoir l’âme au bord des cheveux est une expression de la langue khmère qui signifie être mort de peur.” comme l’indique la première phrase de cet album. C’est ainsi que Séra nous fait entrer dans l’histoire tragique de sa famille happée par la terreur rouge qui va s’abattre sur le Cambodge. Avec les yeux de l’enfance et de l’insouciance, il nous fait vivre ses derniers jours de bonheur familial. Une lecture très dure, mais avec son magnifique dessin, l'auteur marque ainsi l’antagonisme de la situation.
Un album poignant et touchant, un très bel hommage à “Mon père, ce héros”.
Un livre graphique bouleversant avec un si beau titre. En khmer, avoir « l'âme au bord des cheveux » signifie « être mort de peur ».
Sera est franco cambodgien et va nous narrer avec son crayon, la vie de ses parents lors de la chute de Phnom Penh et l'arrivée des khmers rouges.
J'ai voyagé au Cambodge et cette histoire est encore présente, que ce soit avec des lieux de mémoires, des récits.
Sera va faire une enquête historique (avec des cartes, des dates, des scènes de guerre) mais aussi il rend un hommage à ses parents, ce couple mixte.
Hommage au couple de ses parents , un couple solide , amoureux , sa mère a à peine 18 ans quand elle rencontre son futur mari et part pour le Cambodge pour le meilleur et le pire.
C'est aussi un récit très documenté qui explique la situation politique de l'époque , la cruauté des vainqueurs .
Ce roman graphique est jalonné de cartes précises, de dessins en forme de photographies, des encadrés de journaux, des citations, quelques affiches ou couvertures de romans de l’époque, pour créer un reportage quasiment objectif. Puis des souvenirs plus intimes, avec des souvenirs d'enfance, le portrait de ses parents et leurs choix.
L'histoire avec un grand H et la petite histoire au niveau familial font de ce texte un texte indispensable pour ne pas oublier ces épisodes si cruels de l'histoire du 20eme siècle.
#LÂmeauborddescheveux #NetGalleyFrance
Un entrepôt dans une banlieue ; un homme est là en train de lire : Séva ancien de la guerre de Yougoslavie est un amateur de lecture (on aperçoit d'ailleurs comme un hommage aux auteurs, les couvertures de deux livres, l'une de J.C. Denis, l'autre de Hugues Pagan) ; Séva tient un peu un rôle de receleur et de petits malfrats viennent le solliciter pour planquer du matos. Plus loin, un bistrot de quartier que tient la belle Mona. Mario, truand violent et vieillissant, ex mari de la jeune femme débarque avec pour projet de lâcher son territoire : bar, bordel, trafics, à Willy, un caïd qui "monte", contre un gros paquet de fric ; pour cela il sollicite l'aide de Séva qui voit là l'occasion de partir avec la femme qu'il aime Mona et sa fille Agathe mais voilà tout marche de travers et l'histoire plonge dans un sanglant règlement de compte ; le temps s'assombrit et devient d'un noir profond zébré par les tâches de sang........ Le temps de la violence a fait son oeuvre et "temps de vivre" est passé.
Au delà du récit de Piatzszek c'est surtout la mise en page, le dessin très fluide et les couleurs de Séra qui éclatent dans des cases sombres au découpage original. Un album magnifique.
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