"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au delà d’un livre sur Berthe Morisot : la femme, la peintre, l’amante, la mère, l’amie qu’elle fut c’est un livre sur une nouvelle époque : la fin du XIXeme siècle.
- transformation de Paris par Napoléon III et le préfet Hausmann
- naissance d’un mot « impressionnisme »
-l’apparition des tubes de peintures et la liberté de peindre partout
-les femmes peintres
-les nouveaux métiers comme celui de collectionneur d’art/marchand d’art
-exposition des tableaux a hauteur d’yeux.
Ce livre est un tableau littéraire, et je remercie @vyvy_sama de me l’avoir fait connaître.
La lecture est belle et fluide, maintenant il me reste le livre de Dominque Bonna à lire « Le secret de la femme en noir », et je serai prête pour l’exposition « Berthe Morisot et l’art du XVIIIeme » au musée Marmottan Monet du 18 octobre 2023 au 3 Mars 2024
« Impossible de passer et de ne pas la voir. ».
Éclairant, « Mademoiselle Berthe » est le reflet d’un siècle qui s’agite. Tourmenté par une Histoire de fond sombre et instable, « Mademoiselle Berthe » est le versant olympien de ce temps en pleine mutation. On reste en assise dans l’écoute d’une auteure érudite qui délivre une biographie romancée au ton juste. Le charme opère. L’aura de Berthe Morisot perce les lignes. On ne lâche rien, pas une seule ombre, pas un seul mouvement ne sera inconnu. Apprenante et touchante, la narration de Samantha Nobilo n’est plus. Nous sommes en plongée dans un musée qui prend vie. On ressent une dignité hors norme, un hommage crucial, Samantha Nobilo accroche le portrait de Berthe Morisot au fronton de notre curiosité.
« De l’époque de Corot, j’ai tout bruité. Chaque dessin, chaque toile était un reproche muet. Je devais me libérer des leçons longtemps et sourdement apprises… Edma me peint comme si j’étais un songe… Mon père comprend enfin que nous avons besoin d’un coin à nous. »
Berthe pose pour Édouard Manet. Corps de statue, les murmures cascades. Le désir couleur, les regards se troublent. Les formes en devenir, métamorphose, toile subjective.
« On salue ton talent au Havre pour ton « Homme mort ». « Courbet a raison. La peinture n’est qu’une suite. Non pas un aboutissement. C’est l’enchaînement d’un tableau né d’un désir, d’une idée, d’un regard. »
Berthe vit une passion exaltée, profonde avec Édouard Manet. Déchirures, toiles laminées, gorgées d’eau de pluie. L’évènementiel est un corbeau qui étant ses ailes noires sur sa poitrine. Berthe va fuir. Elle va se reconstruire dans la révélation de l’art. Ce dernier, complice d’une âme qui souffre.
« J’ai besoin de rêver, d’observer la beauté du monde même si je sais qu’il s’agit d’une ruse : la beauté est cette astuce que la nature offre à la raison. Ainsi je deviens raisonnable et je parviens à esquisser le « Port de Cherbourg » et deux portraits d’Edma. « Au bord de la forêt » et « Femme et enfant assis dans le pré ». A l’inverse je peins le monde en transparence et les êtres évanescents. »
On ressent une mutation. Une vague de fond qui bouscule l’art. Tout change, les peintres soudés dans l’extrême urgence de dévoiler l’impressionnisme. Le salvateur d’un monde torturé et qui doit être apaisé par des mains expertes. Berthe va se marier avec le frère d’Édouard. Elle gardera son nom et signera de ce dernier au bas de ses toiles. Naissance du féminisme, porte-voix de l’émancipation. Berthe renaît de ses cendres. L’aérien d’un temps d’amour sage et conciliant. Corbeille unique, riche de fruits sucrés, thérapeutiques. Une relation perle de rosée, matins calmes. Caresses dénouées du platonique, ce dernier disparu subrepticement sans appel ni repentance. L’apothéose vaincra. La maternité est une galerie d’art pour des jours sans finitude. Ce livre est un hymne à Berthe Morisot. Pour l’amplitude de ses bonnes volontés, les gagnantes. L’envolée picturale d’un siècle empreint de renouveau. C’est une belle découverte dévoilée par une plume majeure et attentive. Une invitation à la rencontre d’une artiste de renom et d’une femme altière, digne et battante. Un récit empreint de sentiments forts, purs et avérés. Un tableau littéraire inoubliable. Publié par les majeures Éditions La Trace.
Mademoiselle Berthe ou la passion d’être soi.
Le lecteur entre par effraction dans ce temps suspendu où Berthe Morisot découvre l’Olympia de Manet Edouard.
La toile fait scandale. Elle, tombe amoureuse de la peinture, et du peintre mais épousera Eugène, le frère.
« L’annexion de la Butte à la ville de Paris commence dès 1860 et les parisiens, chassés du centre, se retrouvent, sans le sou, dans des baraques en bois ou des maisons de fortune. C’est ainsi que naît ce petit village aux confins d’une capitale prétentieuse et huppée. Montmartre est donc pauvre et artiste. Et le restera. Résistance oblige de ces parisiens qui cherchent à recréer ce qu’ils ont perdu ; un monde, bien à eux, avec ses amis, ses voisins, ses petits commerces, en transportant leurs rêves jusqu’à cette Butte où commence à palpiter une rumeur créatrice, folle et révoltée qui est le propre de Paris. »
Ce livre n’est en rien une biographie mais plus une résurrection de Mademoiselle Berthe c’est sa voix que le lecteur entend et qui l’incite à la suivre pas à pas.
Berthe et sa sœur Edma apprennent la peinture au Louvre chaperonnées par leur mère. Elles vont y faire de nombreuses rencontres et notamment celle de Fantin-Latour.
« Manet a pulvérisé mes croyances. Ma vision de l’art. Comment, à présent, puis-je me contenter de créer le mouvement ou la vie entre quatre murs ? Au grand dam de ma mère et de mon professeur, je plie mes affaires et je ne les écoute plus. A présent, je me sens assez forte pour ne plus rien écouter du monde. »
L’auteur est fusionnel avec Berthe, son amour de l’art et de cette époque sont bien ancrés dans ses mots.
Le parallèle entre la dichotomie qui existe entre l’Académie des Arts et le nouveau salon créé par les exclus, est la même que celle d’être la première femme peintre parmi ces impressionnistes. Alors que Manet va se fossiliser Berthe va éclater de liberté.
Ici l’art pictural se confond avec celui d’être soi.
La musicalité de cette narration est celle du chant hagiographique.
C’est le moment pour vous de vivre cette période artistique particulière.
Avec un refrain comme cette maxime : « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. »
Berthe : « Audacieuse de bonheur, insoumise de beauté. »
Merci aux éditions La Trace pour cette confiance renouvelée.
©Chantal Lafon
Captivant : nous sommes plongés à un moment clé où de
jeunes peintres vont révolutionner le monde de l’art…
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