"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Voilà un certain nombre d’années maintenant que je lis Catherine Rolland et toujours avec le même plaisir. J’aime sa plume derrière laquelle, même dans les passages les plus durs, j’imagine son grand sourire. Et, puisque j’ai eu le bonheur de la rencontrer, j’entends aussi sa voix chaude et gaie. J’ai beaucoup aimé "Venger Vicky".
Comme le laissaient supposer les patins blancs sur fond rouge bordeaux de la couverture, ce dernier roman se passe dans le monde du patinage artistique. On peut même parler de patinage de haut niveau puisque Yvan Aeberli entraîne l’équipe suisse féminine et tente de dénicher d’éventuelles étoiles à envoyer aux Jeux Olympiques d’hiver. Guillaume, ami d’Yvan, a une petite Victoire, Vicky pour tout le monde, qui tombe amoureuse de ce sport à peine a-t-elle enfilé les patins pour la première fois.
Et c’est sur la glace que se déroule l’essentiel de ce thriller psychologique, sur la glace et dans les vestiaires. Le roman est mené de main de maître. L’écriture de l’auteure est toujours aussi belle, simple mais belle. Fluide, à la fois élégante et vive, elle est toujours au service de l’histoire et ne la masque en rien. Et si dès le départ, j’ai senti que quelque chose de grave se tramait, tout est fait pour maintenir le suspens. A la manière d’un compte à rebours, avec des incursions dans le passé, le drame se met en place petit à petit.
Chaque personnage est magnifiquement campé, sa personnalité minutieusement étudiée, et les actes précisément décrits. On sent, naturellement, le médecin urgentiste qu’est l’auteure derrière les descriptions des actes de prise en charge d’un blessé grave. Par ailleurs, lire les remerciements nous montre qu’elle ne laisse rien au hasard et s’entoure de conseils de professionnels d’autres domaines. Elle livre ainsi un texte juste, jusque dans les détails. J’ai beaucoup aimé ce roman, malgré sa noirceur. Il met en lumière un certain nombre de dérives dans le milieu du sport de haut niveau, mais aussi le dévouement, le professionnalisme et les difficultés des personnels soignants.
Pour la première fois, les Editions Slatkine, maison suisse romande que j’apprécie particulièrement, publient un roman de Catherine Rolland, un roman impossible à lâcher. Une belle réussite.
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De Catherine Rolland, j’ai déjà lu beaucoup de choses, et pour l’instant j’ai tout aimé. Avec "Les inexistants", elle franchit un pas supplémentaire et passe du côté du noir, du très noir. Je trouve cet essai particulièrement réussi. L’écriture est toujours aussi belle et travaillée et elle m’a totalement embarquée dans ce thriller addictif.
L’auteure est très forte pour nous prendre dans ses filets et ne plus nous lâcher, pour nous faire suspecter un personnage, puis l’autre, et finalement nous démontrer que nous nous sommes trompés. Futée, elle choisit de construire son récit à l’image d’une tragédie classique. Trois unités : lieu, un restaurant ouvert 24h/24 dans une zone plutôt délabrée, temps : une nuit de 21h à 6h, action : … Trois personnages aussi : Camille, qui travaille de nuit au "Péché Gourmand", mère de Micky, un petit garçon porteur d’un handicap lié une naissance difficile, Noam, un Irakien sans papiers, professeur de lettres dans son pays qu’il a fui à cause de la guerre et exerce désormais la fonction de vigile et Maxime. Et puis s’immisce une quatrième voix dont on ne sait qui elle est, qui regarde, épie, surveille et se raconte, raconte surtout une enfance cabossée. Mais cette nuit-là est bien différente des autres.
Catherine Rolland a un véritable talent pour distiller un souffle romanesque puissant. C’est au moment même où l’on croit avoir démasqué le coupable – un tueur en série éventreur de jeunes femmes – qu’elle prend un chemin de traverse et nous démontre que nous avons tout faux. Elle use d’une écriture parfaitement maîtrisée, travaillée et efficace. Elle passe sans coup férir de la description par le menu de viscères retirées tranquillement par le tueur du ventre qu’il vient de taillader à celle d’un fumet de gâteau à peine sorti du four qui embaume la cuisine. Elle mélange les sentiments soyeux "Quand il entre au Péché autour de vingt et une heures, il n’omet jamais de l’embrasser. C’est un baiser délicat, soigneux…" aux propos les plus crus "Donner le change, enfiler tous les jours mon uniforme de pute, mouler mes seins dans leur corsage, mon cul dans sa jupe et laisser les mecs fantasmer."
Et puis, le médecin que l’auteure est aussi dans la vie n’est jamais loin. Chacun de ses personnages, qu’ils soient troublants ou inquiétants, attachants ou repoussants sont décrits par le menu. Leurs faiblesses, leurs blessures, ces souvenirs d’enfance qui jaillissent dans leur vie d’adulte sont étudiés, décortiqués, expliqués.
"Les inexistants", un thriller addictif, passionnant, émouvant, dans lequel les migrants qui fuient leur pays en guerre ont aussi une belle part.
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Catherine Rolland est de ces auteures que je suis depuis un petit moment. Certes je n’ai pas encore tout lu d’elle, mais suffisamment pour savoir que j’aime ce qu’elle écrit. "Emma Paddington" son dernier roman, ou plutôt "Le manoir de Dark Road End", premier volet d’une série de trois n’y a pas dérogé, et pourtant…
Pourtant, le fantastique N’EST PAS DU TOUT mon genre littéraire favori. D’ailleurs, il n’y a qu’elle – et quelques autres de ses proches des Editions Okama – pour m’embarquer dans cette littérature. Là, j’ai suivi avec plaisir les aventures d’Emma Paddington, jeune femme pour laquelle tout roule. Elle vient d’obtenir son diplôme de psychologue et, en attendant de trouver un travail dans sa spécialité, elle aide sa meilleure amie, Ann, dans sa petite boutique de savonnerie artisanale. Elle file le parfait amour avec Will qu’elle doit épouser à l’été. Tout roule, je vous dis, jusqu’à ce que… non, vous ne le saurez pas. J’ajouterai juste qu’elle vient aussi de recevoir un courrier lui annonçant un héritage. Sa tante Bree lui lègue un manoir à Bridgeport (Californie).
Après un début relativement banal ou plutôt normal, ce roman va rapidement nous plonger dans un monde complètement abracadabrantesque, peuplé de Djinns, d’un dragon télescopique ou autres personnages tous plus étonnants les uns que les autres. Emma découvre toutes ces créatures pour le moins surnaturelles quand elle se décide enfin à visiter cette fameuse propriété…elles occupent déjà les lieux. Alors, pourquoi un tel récit a-t-il réussi à me captiver jusqu’au bout ? Je crois que mon intérêt pour cet ouvrage réside dans la qualité de l’écriture de l’auteure. Elle est pourtant d’un grand classicisme, sans ostentation ni figures de style ampoulées. Non, elle est juste bien travaillée. Les descriptions des personnages, des lieux, des situations sont précises, détaillées, souvent teintées d’humour. Les personnages, qu’ils soient terrestres ou féériques sont attachants, les décors joliment campés, les péripéties plutôt drôles. J’aime aussi la facilité que possède Catherine Rolland pour passer d’une situation plausible à une autre complètement déjantée. Le rythme est soutenu, allègre, sautillant.
"Emma Paddington" est un roman curieux, plaisant, captivant pour adultes passionnés de magie…ou pas, mais aussi à des lecteurs plus jeunes qui se laisseront emporter pas les aventures de cette jeune femme décidément fort sympathique.
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Découvrir un ouvrage sans que quiconque en ait parlé. Ne surtout pas lire la quatrième de couverture pour conserver le mystère. Puis, page après page, entrevoir le nouveau roman d’une auteure appréciée. Et plonger, se retrouver en Touraine en Septembre 2017. Ce récit porte un joli, très joli titre "La Dormeuse", il est signé par Catherine Rolland.
L’histoire commence en Touraine, lorsque Sophia Loison est embauchée pour écrire sous la dictée le roman de Marie, auteure aveugle, mariée à Tiago. Elle a été recrutée par Léo, le petit neveu de Marie. Jusque-là, rien que de très normal… sauf que les choses vont très vite apparaître extraordinaires. En effet, nous quittons rapidement les bords de Loire et notre époque pour nous retrouver dans la Pompéi de l’an 79 de notre ère, où nous assistons à l’éruption du Vésuve qui l’anéantit, puis en 1960, sur le site de ses ruines devenu touristiques. L’auteure nous fait ainsi voyager d’une contrée à l’autre, à travers les âges. Nous rencontrons Lucius, foulonnier amant du bel esclave Rufus, la femme de Lucius, Rectina, maîtresse de Gaïus Plinius Secundus autrement dit Pline l’ancien, Caecilius, neveu de Gaïus, qui deviendra Pline le Jeune…
L’écriture, travaillée, précise et élégante reste d’une grande simplicité, de celles qui servent le texte plutôt que de le cacher et qui en rendent la lecture fluide. Rien d’ostentatoire dans l’érudition avec laquelle la romancière nous décrit les personnages, tous intéressants par leurs qualités ou leurs immenses défauts, les différents sites du récit, les évènements dramatiques qui s’y déroulent. Rien de pesant dans l'imbroglio des différents chemins narratifs. Tout est clair, chaque personnage a son importance, sa place dans le décor, son rôle précis. Riche aussi est la relation entre l'auteure, Marie, et Sophia, sa "copiste" qui s'immisce parfois dans le travail d'écriture. Certains mots résonnent de manière forte après ce que nous avons traversé et pourraient s’appliquer à ce que nous avons vécu. "La nervosité rendait chacun agressif… Des animaux, songeait Lucius. Des animaux hystériques et stupides, voilà ce que devenaient les hommes, quand ils laissaient la peur les envahir et prendre le dessus."
Ce roman est tout à la fois superbe, historique, fantastique, érudit, bien écrit, passionnant, addictif. Mais ces mots sont bien faibles pour traduire ce désir d’arrêter le temps, d’étirer les pages pour jamais ne voir arriver le mot fin. Captivant !
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