"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ceci n’est pas un roman et pourtant cet essai se lit comme un très bon roman, captivant, accrocheur, avec de l’humour, difficile à poser, même si à un moment donné les poignets ne supportent plus le poids ! Sans parler de celui des multiples marque-pages insérés entre les pages, à consulter tout au long de la lecture, les signets sont plus légers mais introuvables.
Dans ce gros volume, à l’écriture dense bien que très facile à lire, l’autrice met à la portée de tous l’histoire des empereurs romains, selon les connaissances acquises à ce jour et les probabilités pour d’autres faits qui ne seront certainement jamais éclaircis ou certifiés.
De nombreuses illustrations parsèment le volume, un plan des forums républicain et impériaux de Rome, un arbre généalogique, des cartes de l’Empire à différentes époques ainsi que la liste des différentes dynasties avec le profil des empereurs sur les pièces frappées à leur effigie. Dans cette liste il apparaît sans conteste que les empereurs mourraient très rarement de leur belle mort, le plus souvent empoisonnés et qu’il était tout aussi peu fréquent que ce soit un descendant direct qui succède !
Dans la mesure du possible, Mary Beard raconte la vie quotidienne de ces autocrates, leur façon de gérer les affaires de l’Empire, les guerres de territoires et leur égo ! Ego qui les as rendus dispendieux, même si dans l’absolu les Arènes et autres Forums étaient construits pour divertir le peuple. Quant à la cruauté... ils n’étaient pas en reste.
Ce pavé n’est en rien un pensum, l’autrice ne se perd pas dans des détails qui n’apporteraient que peu d’intérêt, du moins à mon niveau de connaissances. Je pense que pour les férus de cette période, ce livre n’a que peu d’intérêt, il est plutôt pour un large public qui aime découvrir l'histoire antique et plus particulièrement romaine.
Coup de chapeau aux traducteurs Souad Degachi et Maxime Shelledy car il n’y a pas de rupture de style et les chapitres s’enchainent aisément.
Les références, la liste des illustrations et la frise chronologique nécessitent à elles seules plusieurs jours de lecture. Je n’ai fait que le survoler pour l’instant.
#imperator #massecritiquebabelio #rentreelitteraire2024
Pour le grand public, le nom de Mary Beard est familier. Elle est professeure émérite d’histoire romaine à Cambridge et est l’autrice d’un livre SPQR, traitant de l’histoire romaine, qui connut un grand succès international.
Elle revient ici avec un nouvel ouvrage qui, comme son nom l’indique, est consacré à une histoire des empereurs de Rome.
Mais l’originalité de son récit est qu’elle ne livre pas une simple analyse chronologique présentant les biographies des empereur mais elle offre une vison transversale et thématique d’une période allant de Jules César à Alexandre Sévère.
Elle nous offre une explication de ce que devait être un bon empereur pour les romains ; elle tente de se rapprocher de ces hommes en analysant comment ils gouvernaient un si grand empire ou comment ils géraient leur image.
Mary Beard se penche aussi sur les proches des empereurs, qu’ils soient membres de sa famille, des sénateurs ou des esclaves.
C’est un ouvrage érudit, plein de références et agrémenté de très belles images en noir et blanc mais également en couleurs.
Le propos de l’historienne est clair, elle n’hésite pas, et c’est ce que j’ai beaucoup appréciée, à dire « on ne sait pas, cela pourrait être comme ceci ou non ». Elle n’impose pas ses idées comme étant la vérité, elle expose et précise bien que finalement nous ignorons beaucoup plus de choses que nous n’en savons sur ces empereurs.
J’ai également aimé comment Mary Beard se base sur les sources anciennes, parvenues jusqu’à nous, et les examine à la lumière de ce que les historiens ont étudié. Suétone était-il partial dans ses descriptions ? Pouvons-nous le considérer comme une source fiable ?
Bref, si vous voulez en apprendre davantage ou désacraliser des idées reçues sur la vie des empereurs romains, emparez-vous de ce livre absolument passionnant.
http://encreenpapier.canalblog.com/archives/2019/07/24/37517874.html
Le Colisée qui tire son nom du colosse de Néron et construit sous Vespasien et Titus, est un lieu fantasmé, inconnu et connu à la fois. Les historiennes Keith Hopkins et Mary Beard qui connaissent nos défaillances sur ce monument, nous emmènent à la découverte de ce lieu mythique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Divisé en six chapitres, les auteures vont balayer quelques idées reçues et rétablir ce qui peut être rétabli. Dans le cas contraire, ça sera des suppositions.
Les sources :
Suppositions et vérités, car les sources des autrices sont principalement l’archéologie et la lecture d’auteurs antiques comme Dion Cassius, de fait ces dernières ne sont pas toujours fiables ou compréhensibles. Cela étant et malgré ces handicapes et l’évolution du Colisée au fil du temps, il faut dire que dans l’ensemble l’approche a été assez efficace, à l’arrivée on aura en effet une meilleure vision spatiale, humaine et historique de ce bâtiment. Même s’il est vrai que le monceau de supposition peut parfois agacer et frustrer le lecteur, ainsi que le manque d’image en couleur (pourquoi grises !?).
Toutefois, si les autrices arrivent à-peu-près à nous rendre correctement visible ce monument en parlant des gladiateurs, des fondations, des écoulements d’eau, du nombre de spectateur, de la largeur des sièges, de la protection contre le soleil, etc., elles montrent aussi la difficulté de comprendre entièrement ce monument qui soulève encore aujourd’hui quelques questions par rapport aux écrits qui existent sur lui, comme par exemple la bataille navale que Dion Cassius raconte alors qu’apparemment le sol peut difficilement être étanche avec tout le système de monte-charge existant.
Miroir de la société :
Mais aborder le Colisée ce n’est pas qu’aborder un bâtiment. En effet, approcher ce monument c’est aussi approcher la société qui l’occupe et l’a construit. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il raconte beaucoup sur la société de l’époque, quand bien même les autrices ne peuvent pas être catégoriques, là aussi par manque de source. Ceci est par exemple manifeste quand elles abordent la hiérarchisation de la société visible dans les gradins, et où dans le même temps elles pensent que la frontière peut vite être troublée lorsqu'il y a des délégations, des amis qui accompagnent le sénateur, des esclaves, etc.
Cependant, sur le point politique, là, elles semblent un peu plus sûres de ce qu'elles avancent. De fait, on va vite se rendre compte et avec certitude que cet édifice est un excellent témoignage de la vie politique dans la capitale de l’empire. Les spectacles d’animaux ou de gladiateurs (qui meurent quand même pas mal) qui sont donnés par les empereurs ou les aristocrates, révèlent en effet une volonté d’étaler sa puissance, sa richesse, et de se faire voir par le peuple. Toujours d’un point de vue politique, son emplacement n’a rien d’anodin non plus, et indique une volonté de Vespasien de restituer au peuple romain un espace occupé par le faste de Néron, marquant ainsi une coupure nette avec ce dernier et une nouvelle politique.
Le site et ses spectacles, sont donc un miroir de la société, mais ils sont aussi un des meilleurs témoignages qui existent sur les empereurs, puisque ce lieu permet de jauger un empereur par son comportement dans le Colisée. Par ailleurs, il permet de sentir l'esprit romain face à ces empereurs : quiétude d'être commandé par un sage ou peur d'être commandé par un fou.
Occupation :
Mais le Colisée ce n’est pas qu’une histoire antique et païenne. C’est aussi une histoire chrétienne, médiévale, botanique, d’imagerie populaire, de construction et de déconstruction que les autrices ont pris soin d’aborder.
Partant donc de la fin de la splendeur romaine, qui marque la fin de l’amphithéâtre et le début de sa ruine, les historiennes Beard et Hopkins vont nous apprendre comment une fois les temps païens passés et le christianisme bien établit, le Colisée a été utilisé ou perçu. Spoiler, il a eu plusieurs vies.
De la vision botanique de l’anglais Richard Geakin, en passant par l’occupation médiévale, à sa reconversion en carrière de pierre (qui a bien failli finir de l’achever), le Colisée a été par la volonté des hommes ou du hasard, un champ d’expérience varié. Toutefois, le plus surprenant pour moi, a été de découvrir l’utilisation catholique de ce monument païen. J’avoue que jamais je n’aurai imaginé, que ce lieu devienne un lieu de culte chrétien, avec ses offices, sa petite chapelle, sa croix, ses croyants, etc. Plus étonnant, jamais je n’aurai imaginé que cette enveloppe chrétienne allait participer à sa préservation et diminuer sensiblement le pillage des pierres.
Bref ! Les autrices ont pris soin d’aborder le Colisée après sa fastueuse période, d'aborder aussi ses études et reconstructions dans le passé, et c’était très enrichissant et agréable. Je ne regrette pas ces parties où j'ai appris beaucoup. Peut-être même celles où on en apprend le plus avec certitude.
Défauts et conclusion :
Qu’on ne s’y trompe pas, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre car j’ai appris beaucoup de chose sur le Colisée et ce qui l’entoure. La petite touche d’humour des autrices n’était pas non plus pour me déplaire. Néanmoins et outre les photos grises que je dénonçais au début - en plus de la couverture pas terrible -, je n’ai qu’un reproche à faire à ce livre, c’est sa fastidiosité (je ne sais même pas si le mot existe). En effet, les passages un peu trop techniques avec moult mesure et chiffre qui nous échappent aussitôt lus, étaient pour moi assommant à lire et je m’en serais passée bien volontiers… Mais heureusement il y en avait peu, et finalement le positif l’emporte largement sur le négatif.
En conclusion, c’était une lecture enrichissante. Un livre à lire pour balayer les idées reçues et découvrir ce monument si méconnu.
Je n’aurais jamais pensé qu’il m’aurait fallu à peu près 15 jours pour lire ce livre. J’étais bien partie, j’étais aux anges quand j’ai commencé ce livre qui me replaçait l’histoire romaine dans un ensemble ; en voyageant dans les premiers temps de la royauté avec Romulus, dans la République et en m’arrêtant au 3ème siècle (qui correspond à un certain déclin), j’allais enfin avoir une belle grosse vision de cet empire qui commença bien avant le régime d’Auguste ; et je l’ai eu !!! Mais c’était sans compter sur la lassitude de lire des longs passages sur l’histoire politique romaine qui m’étaient déjà connus, ce qui correspond grosso-modo dans le livre aux frères Gracchus, Marius et Sylla, les 2 triumvirats, la dynastie Julio-Claudienne.
Alors je ne dis pas que je connaissais tout, même dans certains de ces passages j’ai découvert des choses très intéressantes sur la politique, mais pour le plus gros c’était déjà du connu, du coup j’avoue que dans ces cas-là j’ai eu du mal à avancer car je n’avais plus trop le plaisir de la découverte.
Ce plaisir de la découverte que j’ai eu en lisant la naissance de Rome, les rois oubliés, le conflit entre Cicéron et Catilina, la vie du petit peuple ou encore en lisant l’approche démystificatrice que Mary Beard a eu sur la fondation de cette ville, de ses institutions, de cet empire. En effet la République Romaine avaient tendance à tout faire remonter au temps de la création ou chose étrange au temps de la royauté détesté, Mary Beard va réguler cette vision en mettant en avant les incohérences des discours et dû au temps.
Bref. Comme vous le voyez, l’auteure a eu une approche approfondie mais aussi élargie de l’histoire romaine. On peut dire qu’elle n’a pas eu peur d’écrire !
Et je dis tant mieux ! Car malgré le fait que ce fut une lecture en dent de scie et malgré le fait que je me tape déjà des heures et des heures d’histoire dans le cadre de mes cours, j’ai adoré ce livre qui a donné une vision d’ensemble à mes cours d’histoire romaine - où la citoyenneté, le contact centre-périphérie, etc. est plus qu’abordé -, qui m’a fait découvrir des choses nouvelles et qui m’a même aidé à mieux cerner certaines notions.
Mais au-delà de l’approche étudiante que j’ai pu avoir, j’ai aussi apprécié ce livre pour son histoire certes, mais aussi pour son approche et son écriture. Mary Beard a le don d’une conteuse et sait approcher l’histoire sous différents angles (pauvre, riche, femme, esclaves, SPQR...) et surtout sans parti pris. Ici point de débordement pour tel ou tel personnage ou événement, j’ai trouvé que l’auteure gardait un regard neutre sur son histoire romaine et aussi un regard sincère sur l’Empire Romain. Elle ne le diabolise ni le porte aux nues, elle remet juste les choses en ordre.
En résumé, c’était une lecture passionnante malgré quelques défauts de passion chez-moi, mais cependant je ne conseille pas ce livre à ceux qui ne connaissent rien à l’histoire romaine, même si l'auteure prend le temps de tout éclairer et d'expliquer par plusieurs exemples, je pense qu’il vaut mieux avoir quelques bonnes connaissances dans le domaine pour ne pas s’endormir devant ce pavé où se perdre.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2016/11/20/34588623.html
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