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Marie Helene Voyer

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    Couverture du livre « Mouron des champs » de Marie Helene Voyer aux éditions La Peuplade

    Jen sur Mouron des champs de Marie Helene Voyer

    Nous, ensemble, descendantes sorcières, libres « d’inventer des sinistres d’une beauté insolente » de faire « de nos vies des œuvres de joie »
    « nous rameutons nos sœurs » nous suffocantes d’injonctions perdues piétinons « vos grâces refusées » et « dévorons les loups »
    nous debout pensons à...
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    Nous, ensemble, descendantes sorcières, libres « d’inventer des sinistres d’une beauté insolente » de faire « de nos vies des œuvres de joie »
    « nous rameutons nos sœurs » nous suffocantes d’injonctions perdues piétinons « vos grâces refusées » et « dévorons les loups »
    nous debout pensons à vous « au curieux maillage de nos voix dans l’écho de vous », nous des limbes, debout, que jamais plus ne s’évente la joie
    nos voix niées aux gémissements sous feu traversent les siècles
    nous vous entendons
    nous battons
    vous pour
    nous ne saignerons pas nos rêves sur l’étable domestique
    nous vous elles
    nos filles volent les ailes lustrées.

    Sublime

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    Couverture du livre « Mouron des champs » de Marie Helene Voyer aux éditions La Peuplade

    Evlyne Léraut sur Mouron des champs de Marie Helene Voyer

    «L’heure d’après
    dans le caveau du ventre
    j’enfouirai ce qui renonce, s’échoue
    et survit encore. »
    François Turcot
    « Nous ferons de nos vies de œuvres de joie et d’attisement. »
    « Mouron des champs suivi de Ce qui nous fonde »
    Étreindre l’écriture, marcher pieds nus dans la jachère...
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    «L’heure d’après
    dans le caveau du ventre
    j’enfouirai ce qui renonce, s’échoue
    et survit encore. »
    François Turcot
    « Nous ferons de nos vies de œuvres de joie et d’attisement. »
    « Mouron des champs suivi de Ce qui nous fonde »
    Étreindre l’écriture, marcher pieds nus dans la jachère fleurie. Attendre l’éclosion verbale. L’heure vaste d’un langage où les femmes sont les filles de fermiers, mains gercées, le labeur qui courbe le dos de ces belles enivrées de ténacité et de droiture.
    « Nos mères belles et intouchables comme des bécasses/elles brûlent leurs ailes/se coupent les ergots/et saignent leurs rêves sans broncher. »
    Marie-Hélène Voyer fascine de par son empathie, sa clairvoyance. Gémellaire d’une féminité qui change le gris en pans de blancheur. Corps à corps avec ces  pauvresses  qui ferment leurs bras au monde comme des étoiles recroquevillées.
    « Tous les lieux de la terre nous ignore/derrière ses vitres embuées/la fenêtre nous montre le loin dehors/où nos frères filent entre les foins/v’là l’bon vent, v’là l’joli vent/leurs cheveux sont des corbeaux fous/ qui ne soupçonnent pas nos cages. »
    Mères sans croyances, rêves et espoirs et les lèvres pâles des désirs braises. Ongles muselières, les regards point fixe. La condition humaine est pour elles une frontière infranchissable. Dignes et soumises, elles s’abreuvent sans entendre un seul instant les chants d’oiseaux . Le miracle d’un seau d’eau porté sur l’autre rive.
    « Nous nous fortifions dans l’ombre/nous portons au ventre/toutes les faims de l’hiver. »
    Rassembler l’épars, les croisements des destinées, l’infinie douleur de l’irrévocable. L’hymne au terroir, à elles, et eux, anonymes et pourtant fidèles à la marche du monde.
    « Des femmes nombreuses m’observent ici. »
    Marie-Hélène Voyer est sur le passage de l’écluse. Le jour d’appel où l’épiphanie verbale est une chapelle de rédemption et l’hommage pour elles, les endormies des champs barbelés. « Pour porter leurs voix/encore un peu. »
    Franchir le somment, étreindre les mots qui sauront nommer ce que les ombres tourmentent.
    « Ma mère avait une beauté d’oiseau inquiet/elle mourait chaque année/ avant la neige. »
    Ce texte est un edelweiss à flanc de rocher. D’une infinie complétude, la poésie macrocosme qui nomme l’existentiel intranquille, poignant, sans se tromper d’heure. Les mots ici, sont des envolées de myriades dont la neige refuse la tristesse et la nostalgie.
    « Je vous observe mes vieilles vivants/saturer le ciel/vos corps d’oiseaux lents/délestés de leurs gestes. »
    Lire ce livre bleu-nuit, éprouver nous aussi l’endurance et les peines cachotières. Ce monde où se forge l’humanité des vaillantes.
    « Nos mères traînaient à leurs pieds des chagrins mal essorés. Nous nous enfargeons dans le souvenir de leurs peines. »
    « Nous sommes infusés d’espoirs inédits. »
    « Mouron des champs, pas de genou à terre, les études pour elle, la fille et femme devenue seront dédiés « à ceux du bout du rang. »
    Ce livre est une épiphanie mémorielle. Un hymne au terroir, celui des humbles et des endurantes. L’écriture alliée et émancipatrice, initiatique et promise à la trace indélébile.
    « Mon visage/enfin lavé/de tous mes traits. »
    Ce livre est une source où l’on s’étanche. Lorsque le temps est à l’orage et à la guerre. Un modèle où puiser l’exemplarité et la constance. J’aimerai le savoir dans les antres où l’arrogance règne pour changer l’eau des fleurs.
    À lire à l’aube de vos faiblesses et de vos doutes. Ici, fusionnent les vrais gens.
    Un livre inoubliable et inestimable. Publié par les majeures éditions La Peuplade.

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