"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est un premier roman poignant et révoltant. Lecture facile où l'on découvre une figure imposante et intimidante, qui est la grand-mère Jida. Et le parcours d'Esther en Kabylie, à travers son parcours de victime à survivante.
Le roman raconte la lutte d'Esther pour trouver sa liberté et son autonomie malgré le silence qui entoure sa,souffrance. Par ces pages, Lolita essaye de nous faire comprendre les conséquences des abus, et l'importance de briser le silence.
Esther passe ses vacances chez sa grand-mère Jida, cette femme porteuse, pour la famille, de la tradition, du poids des coutumes de sa Kabylie natale.
Jida a eu de nombreux enfants, d’un mari qu’elle n’a pas choisi. Un seul comptera à ses yeux, Ziri, le fils adoré, chéri, malgré ses actes innomables sur ses nièces, sur des enfants. Esther fera partie de ses victimes.
Jida sait et se tait, une partie de la famille sait et se tait. Ne pas faire de remous, ne pas faire d’histoires, ne pas faire de vagues. Ne rien dire. S’en tenir aux traditions, malgré tout.
Ce premier roman est celui du poids insupportable de la famille, des mœurs ancestrales, et face à cela, la force et la détermination d’une jeune femme qui ne souhaite qu’une chose, se faire entendre, se faire comprendre.
Ce texte illustre le cri intérieur d’Esther, sa souffrance tue depuis des années et sa volonté de révéler la violence et la cruauté de certaines femmes à l’intérieur de familles traditionnalistes, mais aussi de dénoncer leurs conditions de vie, les mariages forcés, et les violences intra-familiales.
Un style nouveau, puissant, violent et bouleversant.
Premier roman de Lolita Sene, Un été chez Jida raconte l’évolution difficile d’une jeune fille pour trouver sa liberté et son autonomie à partir du silence opposé à sa souffrance.
Dès le début, Lolita Sene raconte la raison de la révolte de sa narratrice. La famille, et sa grand-mère en premier, ferme les yeux sur le crime de Ziri. Lui, c’est le fils cadet de la famille de Jiha, la grand-mère d’Esther, le frère de sa mère, son oncle, donc.
Violence familiale,
Un jour, son oncle l’a convoqué dans une des chambres de la maison et a bafoué plusieurs fois l’innocence de cette petite fille. À partir de là, Esther ose parler et ainsi, s’expose à ne pas être protégée puisque toute la famille choisit de se taire pour que chacun garde le silence.
Esther raconte son enfance face à cette chape de plomb qu’elle subit seule. Pourtant, dans cette famille que l’écrivaine qualifie d’armée, il y a de la vie, des chants et même des danses avec tous les cousins et cousines. Presque quarante personnes sont convoquées lors des fêtes, qui envahissent la maison de Jida. La vie et la joie cachent en fait la souffrance de l’enfant qu’on contraint à se taire. De cette violence, Lolita Sene en raconte tous les retentissements sur la construction de la personnalité de sa narratrice.
Car, petit à petit, Esther détaille le poids de la famille en tant que système préservant un membre, coûte que coûte, même si un autre, d’autant plus une fille, doit en subir les conséquences.
C’est la place du silence, avec en contrepartie, la violence subie par une jeune fille, que Lolita Sene dissèque. Ainsi, les prises de paroles diverses des membres de la famille, dans la seconde partie, éclairent leurs cheminements. Car, Un été chez Jida raconte aussi la relation toxique d’une mère avec sa fille, absente et lointaine, qui n’a pas su la protéger et d’un père, centré sur sa vie personnelle.
Lolita Sene décrit aussi son pays, auréolé de sons et d’odeurs, sa mère Leïla, dépressive, le retour des Harkis avec son déclassement social, sa difficulté à se construire, le camp de Saint-Maurice-l’Ardoise pour nationalistes algériens et tant d’autres choses.
En conclusion,
Il y a sept ans, Lolita Sene fait paraître La face noire de la blanche, roman s’inspirant des articles qu’elle publiait de façon anonyme sur son blog. Un été chez Jida est né une première fois comme le récit d’une adolescente découvrant la sexualité au sein de sa famille Kabyle. Puis, sur la demande de son éditrice, le roman a pris cette teneur plus ample.
Vigneronne, Lolita Sene a profité de la naissance, à la fois de sa cuvée et celle de son premier enfant, pour reprendre ses premières pages romanesques en y incluant des pans de son histoire familiale.
Premier roman réussi, l’écriture qu’elle maîtrise est une manière ici pour Lolita Sene de remonter le fil d’une histoire dont elle dénoue les fils au fur et à mesure de son récit. Passionnant !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/03/18/lolita-sene-un-ete-chez-jida/
Un texte avec un titre doux, et qui pourrait nous faire penser à des vacances paisibles chez sa grand mère (Jida est "grand-mère », en kabyle). Mais ce n'est pas cela du tout.
Il s'agit d'un texte qui va nous parler de famille, de non dits, de dénis.
Bien sûr, les vacances chez Jida, c'est revoir les cousins, les oncles-tantes... Mais pendant ces moments, il peut se passer des choses terribles.
L'auteure va alors nous raconter son enfance, sa relation avec les membres de la famille.
Avec une belle écriture, nous allons découvrir les secrets, les dénis dans cette famille ; C'est aussi l'histoire des harkis, qui, après la guerre d'Algérie, se sont retrouvés dans des camps de réfugiés puis ont refait leur vie. Elle raconte aussi le rapport entre les êtres dans sa famille. Le rapport entre les mères avec leurs fils, avec leurs filles, petites filles...
C'est un cri d'une petite fille, d'une jeune femme et d'une femme face à la société, à la justice, à la famille.
L'auteure, grâce à ses mots, nous parle des maux, des non dits, enfouis, qu'il est difficile de partager avec les autres, avec les proches.
Ce premier roman aborde des sujets difficiles mais avec une belle écriture. C'est un premier roman sensible (mais est ce vraiment un roman !) et des pages sont terribles, touchantes, révoltantes.... Il y a aussi des belles pages sur le partage, sur les déjeuners, sur les questionnements de la jeune femme (des scènes en cuisine, dans ses vignes, dans les restes d'un camps de harkis...)
UnétéchezJida #NetGalleyFrance
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