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Le roman s'ouvre en février 1816, dans une ancienne vicomté du pays De Blois balayée par la Révolution française : le héros y vit seul dans une masure. La mort approchant, il décide d'écrire sa vie. Incroyable parcours d'un ancien esclave mulâtre né en 1771 à Saint-Domingue ( actuelle Haïti ) d'une mère arrachée à son Bénin natal par la traite négrière, avant d'être remarqué par son maître, le vicomte de Varenne venu visiter ses plantations, puis éduqué aux bonnes moeurs de l'aristocratie avant de rejoindre son protecteur en France dans son château.
Tout au long de ma lecture, j'ai été frappée par l'aisance de l'auteur ( primo-romancier autodidacte ) à évoluer dans le genre roman historique. le contexte spatio-temporel est posé nettement, sans lourdeur. La description de l'épouvantable traversée de l'Atlantique à bord d'un négrier, les conditions de vies des esclaves dans la plantation sucrière sous le Code noir, sont d'un réalisme qui transperce les pages. Les chapitres "français" sont tout aussi vivants, entre la vie de château époque Ancien Régime et le tumulte de la Révolution française. C'est vraiment comme si on y était.
Surtout, le décor historique n'est pas un simple prétexte à déployer de l'érudition : il sert réellement une intrigue follement romanesque, tragique, portée par de très beaux personnages dont on peine à croire qu'ils sont fictifs tellement ils ont du caractère et une vérité très singulière ( j'ai tout googlisé pour m'en assurer ! )
A commencer par le narrateur à qui j'ai trouvé la pureté voltairienne d'un Candide : n'ayant connu que la violence et la misère des plantations durant sa jeunesse mais devenu fin lettré, traversant les soubresauts cruels de l'Histoire sans jamais se départir d'un optimisme limpide ou plutôt d'un idéalisme opiniâtre qui le pousse en croire en la bonté du monde, jusqu'au bout. On est totalement acquis à sa cause, ému par les drames qui le frappent, qu'ils soient tourments amoureux, ou d'une portée plus largement existentielle ou encore liés au sens de l'Histoire et des changements.
Même si j'ai senti arriver certains événements dans le déroulé narratif, cela n'a jamais débouché sur de la frustration tant il y a de la chair et des surprises. Et puis, l'écriture de Loïc le Gloahec enveloppe complètement le récit, une plume à l'élégance classique ( c'est un compliment ) qui ne cherche pas à faire de l'esbroufe moderne, pour accompagner au mieux son héros élevé aux vertus de la langue française.
Un premier roman réellement impressionnant de maîtrise qui réjouira les amoureux de romans historiques et tout simplement d'histoires fortes et marquantes.
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