"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La coquetière
Nous sommes en 1936, dans le sud de l'Allemagne, à deux jours à pieds de la frontière Suisse en franchissant la foret noire. Eva est une jeune paysanne, appartenant à une longue lignée de paysan et de femme de paysans , représente exactement les agricultrices telles que je les ai toujours vues, les yeux baissées. Son mari est parti à la Guerre et ses deux enfants, Karl et Olga sont engagés dans les HJ, Hitler Jugen. Concentrée à sa tache d'élever des poules pondeuses, elle semble être loin du monde qui se dessine par la montée du Nazisme, lorsqu'elle découvre cachée dans son poulailler un étudiant évadé d'un camp, Nathanaël. Celui est recherché par la police allemande. Avec ce jeune qui l'informe qu'il est juif, elle découvre qu'elle peut avoir du plaisir en faisant l'amour . Elle prend également conscience tout au long de ce récit des obligations qui peut à peu grignote sa liberté, par le truchement de contrôle, d'adhésion obligatoire à une association, des normes imposées et contraignantes dans l'élevage de ces poules pondeuses en vue de répondre au quota du contrôleur de ferme . Eva qui vivait pour son exploitation fermière, suivant scrupuleusement les consignes écrites de son mari, se transforme. Devient une femme réceptive aux caresses de son amant, mais aussi en agissant avec le solide bons sens qui la caractérise prend de la hardiesse et contrevient aux règles que l'on lui impose. faisant fi des préjugés, des aveuglements des lâchetés elle devient tout doucement résistante à ce pouvoir qui se met en place. Son action ne va pas se résumer qu'à protéger Nathanaël, mais à prendre une décision qu'elle seule pouvait prendre, et a accueillir au sein de sa famille, une autre petite fille Marie – Rebecca – juive qui lui est confiée par Soeur Karoline.
Tout en suivant cette femme, vous découvrirez outre la montée du nazisme et l'endoctrinement de ses enfants mais aussi la capacité qu'elle use pour mettre en place pour Nathanaël et Marie leurs départ vers la liberté. La coquetière c'est un roman émouvant écrit comme une confidence. Celle-ci vous fera pénétrer dans l'intime de l'éducation d 'Eva qui se révélera un être simple mais d'une grandeur d'âme qui ne vous laissera pas indifférent.
Je vous souhaite une belle découverte de ce roman de Linda D. Cirino. Il m'a enthousiasmé et vous n'oublierait pas de sitôt Eva, Nathanaël entre autre j'en suis persuadé.
Eva a quitté la ferme de son père pour celle de son mari, une petite exploitation du sud-ouest de l'Allemagne. Sans se poser de questions, sans espérer autre chose qu'une vie de dur labeur. Le jardin, les poules, les cochons sont son seul univers. Avec Hans et leurs deux enfants, elle vit au rythme des saisons, du travail des champs, de la nature. Du monde extérieur elle ne sait presque rien, toute occupée qu'elle est à faire tourner la ferme quand Hans est mobilisé et les enfants toujours plus pris par les jeunesses hitlériennes. Mais cet ailleurs a faire une entrée aussi discrète que fracassante dans sa vie avec Nathanael qu'elle découvre un jour caché dans son poulailler. Discrète car le jeune étudiant se cache, fracassante parce qu'il apporte avec lui le bruit, la fureur, la peur, les questions mais aussi le désir et le plaisir. Nathanael est juif. Pour Eva cela ne signifie rien, pour lui c'est synonyme de mort. Alors elle se tait, elle garde le secret de cette présence, cachant à sa famille qu'elle héberge et nourrit un étranger dont elle est de plus en plus proche.
Le roman d'une femme qui s'émancipe secrètement. Habituée à vivre tête basse, Eva la paysanne s'affranchit des préjugés, des convictions acceptées et revendiquées par sa famille endoctrinée pour se découvrir dans les bras d'un étudiant juif. Elle qui ne savait rien, apprend, tente de comprendre le monde qui l'entoure et décide d'aller à contre-courant, de braver le danger pour sauver celui dont la seule faute est d'être juif. Taiseuse, froide en apparence, Eva cache des trésors de bonté, de tendresse, de courage et de sensibilité. Loin d'elle l'idée de chambouler sa vie, elle ne rêve pas de révolutionner le monde, elle apporte juste sa petite pierre à l'Humanité. Cet épisode qui la révèle à elle-même demeurera à jamais un secret bien gardé. Eva sera toujours la même aux yeux des autres mais elle elle aura su exercer sa liberté de penser, de choisir, d'être juste.
Une histoire sobre mais bouleversante où Linda Cirino dresse le magnifique portrait d'une femme forte, simple et moins naïve qu'il n'y paraît. La coquetière est de ces héroïnes qui s'enracinent dans la mémoire pour se souvenir que partout il existe des êtres capables de s'élever contre la barbarie. Un coup de cœur.
Il est des livres comme celui-là dont on sait à l’avance qu’ils vont nous plaire : on a lu de très bonnes critiques un peu partout, quelque libraire nous en a encore parlé et l’on a noté le titre sur le petit carnet qui nous suit partout… Et pourtant la rencontre ne se fait pas … Et puis un jour, il arrive, on a déjà l’impression de le connaître un peu, on trouve la couverture belle, on parcourt un peu les pages et l’on se lance…. Et là, tout est normal, c’est magnifique et l’on ne comprend pas pourquoi on ne l’a pas lu plus tôt….
Voilà mon histoire avec cet immense coup de cœur qu’est La coquetière de Linda D. Cirino.
Nous sommes en 1936, dans le sud-ouest de l’Allemagne. La narratrice se présente ainsi dès le début : « J’appartiens à une longue lignée de paysans. Et de femmes de paysans. » Eva vit la tête tournée vers le sol et son existence est rythmée par les travaux de la ferme.
Même si l’exploitation est assez petite, l’activité ne cesse jamais du matin jusqu’au soir. Son mari travaille avec elle et ses deux enfants, Olga et Karl, lui donnent parfois un coup de main. Il faut s’occuper du potager, des bêtes, des terres, de la comptabilité de l’exploitation, de la lessive, de la cuisine : « Pour nous, dit-elle, rien n’avait d’importance que l’exploitation et le fait de survivre d’une récolte à la suivante. Nous nous y consacrions, et tout le reste était balivernes. » Les gestes se répètent d’une journée à l’autre et « Chaque jour reproduit le jour précédent, et ça ne varie que selon les saisons. »
Mariée après la Grande Guerre, la narratrice vit avec Hans, son mari, un quotidien sans passion : « Nous n’avions jamais eu grand-chose à nous dire », avoue-t-elle.
De toute façon, elle n’a pas vraiment le temps de se demander si elle aime vraiment l’homme qu’elle a épousé ou si même elle est heureuse : le travail occupe son corps et son esprit et les nuits sont lourdes de sommeil. Ainsi va la vie d’Eva.
Or, un jour, un employé du Bureau gouvernemental se présente, inspecte l’exploitation et leur propose des avantages sur le prix de la nourriture pour le bétail. Pour en bénéficier, il faut simplement produire des extraits de naissance. L’employé reviendra régulièrement prodiguer quelques conseils pour la bonne tenue de la ferme. Peu de temps après, Hans est appelé sous les drapeaux : avant de partir, il explique à sa femme qu’il la sait suffisamment courageuse pour tout gérer toute seule et lui demande de faire porter ses efforts sur la basse-cour en multipliant les poules afin que la vente d’œufs sur le marché lui permette d’avoir un revenu extérieur. La réalité s’avérera un peu différente de ce qu’avait prévu le mari : Eva ne pourra compter sur l’aide de ses enfants pris par leurs réunions de H.J (Hitler Jugend), organisation de la jeunesse allemande qui devint obligatoire à partit de 1936.
Complètement absorbée par une tâche quotidienne harassante, la jeune femme vivra coupée du monde : ce qui était déjà son cas avant le départ de son mari ne fera que s’accentuer. « Nous n’avions pas l’habitude de nous enquérir de ce qui se passait hors de chez nous. Nous étions toujours et sans discontinuer concentrés sur ce que nous faisions. »
Alors pour elle, le départ de son mari représente avant tout des bras en moins et des difficultés en plus pour tenter de survivre : « Qu’il soit à l’armée signifiait pour moi qu’il n’était pas à la ferme. Je savais qu’il s’agissait d’une obligation, elle-même en relation avec la guerre, mais j’ignorais où il se battait et contre qui. »
Eva vit hors du monde, loin de la ville, comme enracinée dans sa terre et se bat pour survivre dans une lutte quotidienne harassante… jusqu’au jour où, entrant dans le poulailler, elle découvre un homme, un homme qui saura la révéler à elle-même et lui faire comprendre le monde qui l’entoure…
Un magnifique et inoubliable portrait de femme, de paysanne attachée à sa terre, à son devoir, une femme généreuse, forte, pleine de bon sens, s’autorisant la liberté de penser par elle-même et allant jusqu’au bout de ses convictions parce qu’instinctivement, elle les sait justes.
Une écriture limpide et dépouillée qui traduit merveilleusement bien la vie simple d’Eva et l’éveil sentimental et politique auquel elle ne s’attendait pas.
A lire absolument…
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
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