"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
D’une part (objet principal de la première partie) l’histoire de la Chine pendant tout le XXème siècle tellement mouvementée et tragique, depuis la chute de l’Empire Mandchou, les dernières années de l’Impératrice Cixi, puis la révolte républicaine, avec les différents leaders, les liens avec les Etats-Unis, le Japon (alliés de la révolte). On a aussi les voyous, les assassins, les mafias de Shanghaï et Macao, le rôle plutôt étrange de Sun Yat-Sen qui attendit ses 46 ans pour prendre des risques. Puis les scissions, l’émergence du communisme, à la faveur de la seconde guerre mondiale, et du mouvement de Mao, les ruptures et divisions internes aboutissant à 2 Chines opposées.
D’autre part, l’incroyable destin des 3 sœurs Song : Ailing (Age aimable) née en 1889, épouse de H.H. Kung, la seule à avoir engendré une descendance, Qingling (Age glorieux) épouse puis veuve de Sun Yat-Sen jusqu’à sa mort en 1925, devenue Soeur Rouge aux côtés de Mao. Mailing (Age Superbe) née en 1898, la plus jolie, épouse de Chiang Kai Shek, Première dame de Taiwan aux côtés de son mari en 1949, morte à New York dans son appartement de Manhattan, à l'âge de 105 ans. Les 3 fils : les 3 T.T.T. (diplomés US, banquiers) respectivement nés en 1894, 99 et 1906, ont des vies plus simples, surtout américaines, nimbées de dollars.
La Cinquième et dernière partie couvrant les années 1949 à 2003 est assez sidérante.
Autrement dit, ce que la Chine devint au début du siècle passé, et ce qu’elle est actuellement, est en grande partie dû aux méthodistes d’Hawaï et du Sud des Etats Unis, ainsi qu’au système d’éducation et de réussite nord américain.
La fresque déployée pour les Soeurs Song a le mérite de la clarté, de la simplicité, de la mise en évidence d’une histoire imprévisible, essentiellement concoctée au sud, la partie la plus occidentalisée de la Chine, à Shanghai, Canton et Macao, avec l’aide japonaise et américaine, des financements européens variés, au gré de l’histoire mondiale. C’est captivant et très bien fait. Une iconographie abondante et bien choisie donne corps et visages aux différents protagonistes.
Jung Chang raconte l'histoire de sa famille de 1909 à nos jours et nous fait découvrir les grands moments de l 'histoire de la chine vécus par ses parents : la guerre, la longue marche, le grand bon, la révolution culturelle. Un livre émouvant et dur qu'on ne pourra pas oublier
Je croyais que c’était un roman, ce ne fut pas le cas. Du coup j’avais un peur de rien comprendre à ce livre, car je ne suis pas experte de la Chine. Crainte absurde, car même sans de réelles connaissances sur ce pays ce livre est parfaitement compréhensible et se lit aussi facilement qu’un roman. En effet, il est clair, simple et l’auteur glisse de temps à autre quelques rappels pour rappeler au lecteur qui est le personnage et quel est sa fonction.
Le livre :
Comme l’indique le livre nous allons aborder ici la vie de Cixi. Qui est Cixi ? Au départ une jeune fille dans le gynécée de l’empereur chinois Xianfeng qui un jour va devenir impératrice douairière (avec la femme officielle de feu l’empereur) grâce à la succession de son fils Tongzhi sur le trône de Chine et un coup d’état. Mais vous vous en doutez pour qu’un livre s’attarde sur cette femme ce n’est pas parce qu’elle fut femme et mère d’empereur, pour rentrer dans l’histoire ce n’est généralement pas suffisant.
En fait si ce livre s’attarde sur ce personnage puissant et fort c’est bien parce qu’elle a marqué la Chine de par sa politique.
Et quelle est sa politique ? Une politique d’ouverture sur l’extérieur, d'enrichissement, de modernisation; avènement chemin de fer, renouvellement armée, école,... Quoi qu'il en soit loin de l’idée que suppose cet article sur Herodote.net, même s’il est vrai qu’au début elle se heurtera au conservatisme des chinois.
D’ailleurs, on dit souvent que cette période de modernisation a commencé après la guerre avec les puissances étrangères (guerre des Boxers) qui ont tous cherché à récupérer un morceau de la Chine, d’où la guerre en fait. Cela étant c’est un raccourci où je mets en garde, car la modernisation du pays se fera avant cette guerre et même avant la fameuse « réforme des cent jours » qui devait ouvrir selon des historiens la Chine sur une ouverture de type japonais, et que pour beaucoup Cixi a empêché par le fait qu’elle ait dépossédé de ses pouvoirs l’empereur Guangxu (son neveu qui a succédé à son fils décédé).
En fait elle n’a pas cherché à empêcher les réformes ni à refermer la Chine sur elle-même d’ailleurs. Mais son neveu étant faible de caractère et étant un pantin aux mains de conseillers peu scrupuleux, serait vite devenu un empereur fantoche aux mains des japonais qui avaient des vus sur la Chine, et Cixi ne supportant pas de voir une ingérence japonaise en terre chinoise comme ils l’ont fait en Corée peu avant, a préféré « détrôner » officieusement son neveu l’empereur - qui par ailleurs avez pour projet de l’assassiner – pour sauvegarder la dynastie et la Chine. Il est vrai cependant que les réformes seront plus importantes après cette période de trouble.
Comme vous le voyez avec ce petit aparté et même sans connaître l’histoire chinoise ce livre apporte une autre histoire de la Chine et de cette impératrice. Elle n’est pas cette impératrice hostile voire incompétente que peuvent laisser paraître d’autres sources, au contraire ! Elle a initié la Chine à l’ouverture, elle a envoyé à l’étranger d’innombrables chinois, participé à l’éducation du peuple, favoriser la presse, et n’a pas hésité à offrir des postes clés à des étrangers. D’ailleurs à la fin de sa vie/son règne, elle lancera des réformes pour faire de la Chine une monarchie constitutionnelle, hélas la dynastie ne lui survivra que de 3 ans.
Bon, tout ça c’est très bien, mais ce livre va plus loin encore puisqu’on va aussi découvrir tout ce qui faisait le pays à cette époque : son conservatisme ; ses révoltes ; l'étiquette de la cour chinoise ; certaines de ses coutumes que ça soit les déplacements royaux, les obsèques, les morts ; la mentalité par moment assez superstitieuse, archaïque (cf. combattants guerre des Boxers, ou rumeurs sur les chrétiens) voire extrêmement fidèle aux pays, ou encore le contexte international autour de cette Chine ancienne et à la fois nouvelle. Car oui ! l’histoire de ce livre ne s’arrête pas à la Chine, par exemple l’auteure abordera très vite la question de l’esclavage chinois dans certaines partie du globe.
Bref. C'est vraiment un livre enrichissant pour celui qui ne connaît pas la Chine ou pour celui qui connaît de cette impératrice ce qui est communément admis. Là, il y a fort à parier que la personne reverra du tout au tout ses positions.
En résumé c’est un livre que je conseille car d’une part il est très bien fait et facile d’accès (j’ai oublié de dire qu’il y a même des photos dedans), d’autre part parce qu’il apporte de riches connaissances sur l’Asie, et ensuite parce qu’il est juste très intéressant. C’est vraiment le livre qu’on lit avec plaisir de par la richesse de ses sources, son écriture, son renouveau d'une vision…
Extraordinaire témoignage sur l'histoire de la Chine communiste qui permet d'appréhender le séisme délirant qu'a pu être la révolution maoïste.
Une description impitoyable de la Chine de Mao, de la révolution culturelle et de la manipulation des esprits : on a du mal à croire qu'un homme aie pu manipuler une nation à cette échelle, et surtout qu'on aie pu en réchapper à peu près sain d'esprit !!!
Passionnant !!!
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