"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J’ai complètement craqué devant la couverture qui vous donne un petit aperçu de la beauté des illustrations d’Ariane Delrieu. Lumineuses et colorées, celles-ci offrent un spectacle de toute beauté qui m’a enchantée ! J’ai particulièrement apprécié la manière dont elles nous permettent d’entrer dans l’antre de deux sorcières, Zora, douze ans, et sa grand-mère avec laquelle elle a un petit désaccord. La première aime sa vie telle qu’elle est, bien qu’elle aimerait retrouver ses parents ; la seconde souhaiterait offrir à sa petite-fille un semblant de normalité. Et pour ce faire, quoi de mieux que de l’envoyer dans un collège de Nonsorciers ?
Illustration Les sortilèges de Zora, corbeau jardin
Une décision à laquelle Zora s’oppose comme elle le peut, mais elle ne fait guère le poids face à sa grand-mère qui n’hésite pas à la priver de ses pouvoirs pour qu’elle lui obéisse. Direction le collège donc ! Mais notre adolescente rebelle n’a pas dit son dernier mot, d’autant qu’elle trouvera sur place une alliée de taille… Bien que le scénario me semble parfaitement adapté au public visé, il aurait peut-être gagné à être un peu étoffé, la rapidité des événements rendant l’attachement aux personnages difficile, du moins pour un adulte. J’ai néanmoins apprécié de suivre cette jeune sorcière dans sa nouvelle vie de collégienne lambda. Enfin pas si lambda que cela parce que chassez le naturel, il revient au galop !
Zora est une jeune fille facétieuse qui sait se montrer obstinée, un peu à l’image d’une grand-mère qui pense bien faire, mais qui ne prend peut-être pas vraiment le temps d’écouter sa petite-fille. Difficile néanmoins de lui en vouloir. En effet, par le jeu des allusions, on comprend que la situation des parents de Zora est délicate, et qu’offrir à la jeune fille une porte de sortie loin du monde de la magie, pas vraiment une mauvaise idée… Reste à en persuader une adolescente qui finira pas réaliser qu’aller au collège n’a pas que des inconvénients. On peut y rencontrer des personnes, certaines méchantes, l’effet de groupe n’aidant pas, mais d’autres bien plus intéressantes et/ou accueillantes.
Au-delà des scènes qui ne manqueront pas de faire sourire les lecteurs, Judith Peignen, sous couvert de fiction, aborde avec une certaine délicatesse des thématiques importantes et universelles, a fortiori à l’adolescence : les rapports familiaux, l’envie d’être soi, la peur et le rejet de la différence… Zora, dont le look détonne parmi ses camarades, découvre ainsi les moqueries et les méchancetés, tout en devant concilier les souhaits de sa famille de prétendre à la normalité, et son envie de revendiquer son statut de sorcière, sa différence… À cet égard, Zora semble faire preuve d’une certaine imprudence et insouciance, n’ayant pas, malgré les consignes de sa grand-mère et les mises en garde d’une amie, réellement saisi toute la dangerosité de montrer ses pouvoirs au commun des mortels… J’espère d’ailleurs que cet aspect de l’histoire sera un peu plus exploité par la suite.
En conclusion, Une sorcière au collège pose les bases d’une intrigue qui devrait plaire aux jeunes lecteurs, mais aussi aux personnes appréciant les histoires de sorcières et/ou souhaitant découvrir une héroïne intrépide et rebelle aussi amusante qu’insouciante. Quant à l’ambiance graphique, elle est tout simplement… magique ! Joliment illustrée, drôle tout en abordant des thématiques importantes, une BD divertissante que je relirai avec plaisir.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !