Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
Avec Jérôme Thélot, nous abordons « Le Radeau de la Méduse » sous un angle nouveau, celui de l’esthétique du sublime. Selon ce philologue français, il faut chercher dans le tableau de Géricault une inactualité, dans son acceptation nietzschéenne, qui permet au sentiment de la vie de « s’expérimenter dans le secret de son pathos, ailleurs que dans l’histoire ». Autant dire qu’il prend le contrepied de tous les ouvrages précédents, insistant fortement sur la subjectivité de sa démarche. Mais n’est-ce pas là la substance même du sublime, cette esthétique née à la fin du XVIII° siècle ? Il présente une qualité d'extrême amplitude ou d’imposante force, qui transcende le beau (Kant, Burke). Le sublime crée le sentiment d’un paroxysme inaccessible, si bien qu’il génère l’étonnement, la stupeur, parfois l’émerveillement, parfois l’horreur. En fait, pour l’auteur, Gaspar David Friedrich et Théodore Géricault sont les deux versants d’une même montagne, celle de la contemplation face à la nature. Le sentiment généré ainsi est propice soit au recueillement, à l’introspection, chez l’un, soit à l’exaltation, à l’exacerbation, chez l’autre. En fait, Thélot nous prouve que le sublime avec ses aspects kantiens est certainement à la base du romantisme, et de celui de Géricault, tout particulièrement.
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