"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La Neige était sale est une bande dessinée adaptée d'un roman de Simenon.
Le lecteur suit Frank dans un univers sombre, avec des illustrations réalistes en nuances de gris et touches de rose.
Bien que j'étais réticente au départ, une fois plongée dedans, je n'ai pas pu la lâcher, même sans avoir lu les romans de Simenon.
C'est une BD à la fois surprenante et captivante, d'une noirceur absolue, offrant une expérience de lecture unique.
Alors déjà on est sur du Simenon, un "roman dur", un de ceux pour lequel cela a été compliqué d'écrire, son sens de "roman dur".
Et l'adaptation de Fromental, et surtout graphiquement d'Yslaire, rend parfaitement ce côté sale, brut. Les personnages sont tous coupables, sont tous mêlés à des histoires. On n'en voit presque aucun rattraper l'autre. En tous cas le "héros" de cette histoire est une petite crapule, une ordure opportuniste qui essaie de faire son bonhomme de chemin mais pour aller où ? L'espoir a-t-il sa place dans cette œuvre ? Probablement pas.
Par contre c'est un gros plaisir de lecture, une petite merveille de scénario, une claque graphique une fois de plus avec Yslaire, mais on est habitué (et on ne s'en lasse aucunement).
Les décors sont magnifiques, les ambiances parfaites, les couleurs pertinentes. Bref, un gros kiff.
Allez-y et vous allez adorer le détester.
Après « Le coup de Prague », Jean-Luc Fromental et Miles Hyman unissent à nouveau leurs talents remarquables pour scénariser et illustrer l’affaire Profumo, un scandale d’État oublié mais qui pourtant fit la une des journaux en 1963 en faisant chanceler le gouvernement britannique alors en place, mettant fin à 14 ans de règne conservateur.
Une affaire d’où aucune vérité ne put faire jour, engloutie dans une multitude de rapports, articles de journaux, enquêtes, témoignages et faux témoignages, contradictions, enveloppes en sous mains, hasards, maladresses, complots, espionnage, dénonciations, conflits d’intérêts, raisons d’État, inextricable comme un écheveau labyrinthique ce qui forcément a donné matière à de nombreux ouvrages aussi peu fiables les uns que les autres.
Voilà un terrain tout trouvé pour que Jean-Luc Fromental puisse en tirer une superbe et passionnante fiction noire en faisant parler le bouc émissaire qui fut arrêté et jeté en prison pour quelques mois. Car si nul protagoniste n'a pu être condamné, que lui reprochait-on à cet homme qui fit écran ? Des affaires de sexe ! La belle affaire !
Cet homme, c’est le docteur Stephen Ward, ostéopathe réputé de la gentry et de plusieurs grands de ce monde. Il aime les femmes, le sexe et les parties fines mais un jour, il croise le chemin de la belle et charmante Christine Keeler dont il devient le Pygmalion.
Évoluant dans les hautes sphères et connu pour ses rencontres dans des clubs de luxe sulfureux, il fut approché par des hommes au service de l'État pour enquêter sur un ambassadeur russe soupçonné d'espionnage. Il va demander à sa danseuse de charmer le Moscovite pour lui tirer les vers du nez mais la jeune fille va aussi rencontrer et coucher avec le ministre de la guerre britannique et tout cela va conduire à une catastrophe programmée à folle allure car Miss Keeler a gardé le goût pour les truands des bas quartiers qui lui vendent de la drogue et l’un d’entre eux va décider de lui mettre violemment le grappin dessus. Il y aura bagarre. Il y aura vengeance. Il y aura balance. Il y aura cavale. Police. Journalistes.
Jouet d’une machine à broyer, ce petit monde va quand même, sans s’en rendre compte, être le grain de sable qui va faire vaciller le grand monde de la monarchie et des Lords…
Jean-Luc Fromental a eu l’idée de faire raconter l’histoire par Stephen Ward qui à sa sortie de la prison de Brixton, décide d’enregistrer sur un Grundig tout ce qu’il sait de l’affaire jusqu’à ‘son suicide par assassinat’.
Ces frasques n’auraient eu que peu d’importance si elles étaient survenues quelques mois plus tard car elles ne firent qu’ouvrir la voie de la libération sexuelle entre la levée de l’interdiction de ‘Lady Chatterley’ et le premier album des Beatles.
Une BD prenante, érudite avec les illustrations adaptées au récit et à l’époque anglaise signées par un Miles Hyman au sommet de son art !
Gros coup de cœur.
Vienne, hiver 1948.
Avec un brillant et adroit scénario, Fromental nous fait suivre Miss Montagu (une ex de l’OSS américain), qui, pour le compte de la London Films de Sir Alexander Korda, a la charge de recevoir et de guider Graham Greene venu à Vienne pour documenter l’adaptation au cinéma de son livre « Le troisième homme » mais où on comprend que le célèbre écrivain est aussi en mission secrète dans ce lieu où la guerre froide bat son plein avec des Russes, Américains, Français et Anglais se jaugeant dans un sombre marigot sans compter ceux qui ont tenu un sale rôle au sein des Nazis et qui cherchent l’asile en Amérique du Sud et ceux de réseaux étrangers qui traficotent avec l’URSS.
Bref, un vrai nid d’espions duquel Jean-Luc Fromental va créer une passionnante et érudite fiction emmêlée à des personnages et histoires vraies.
Les dessins de Miles Hyman m’époustouflent toujours autant et sont parfaitement adaptés au texte en sachant rendre l’atmosphère qui règne dans cette partie du monde après-guerre et en ne négligeant pas de nombreux clins d’œil faits au film.
Si l’ensemble de l’histoire se déroule à Vienne, elle finit à Prague. Le titre fait référence à l’Histoire de la Tchécoslovaquie avec la prise de contrôle du pays par les communistes en février 1948.
En fin de livre un dossier signé Fromental nous éclaire avec une courte bio de Graham Greene et une autre d’Elizabeth Montagu, un texte explicatif du roman « Le troisième homme » et enfin une page pour l’histoire du film « Le troisième homme » devenu un grand classique du cinéma et une page pour un autre film «Quatre dans une jeep » (Palme d’or au festival de Cannes en 1951) et qui plonge le spectateur dans la ville de Vienne telle que Greene l'aurait connue.
Je ne cache pas qu’aux noms de Miles Hyman, Jean-Luc Fromental et Graham Greene, trois artistes talentueux que j’admire, je n’ai pas hésité une seconde à acheter cette BD qui m’a absolument ravie et enthousiasmée.
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