"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Roman d’anticipation on ne peut plus réaliste et très bien écrit ! C’est le premier roman de Jean-Baptiste Rudelle qui a plus l’habitude d’écrire “sérieusement” sur les thèmes de son travail !
Le roman démarre en 2360, une planète habitable a été détectée à douze années-lumière et la mission Colombus est mise en place. Trois femmes vont prendre le départ pour cette cible lointaine. Tout va être prévu pour ce voyage qui a pour but de coloniser Kanuta ! Je n’en dirais pas plus, ce plus fait partie du charme de cette anticipation !
Les chapitres purement romans se terminent par des textes, clairement identifiés, où J.B. Rudelle explique la raison de ses choix narratifs et les événements qui l’ont provoquée. J’ai pris le parti de ne pas couper la lecture du roman et de lire tous ces textes ensuite, afin de conserver l’élan romanesque de ce voyage dans l’espace.
Je dois dire que j’ai eu énormément de plaisir à lire un roman où les femmes ne sont traitées ni comme des gourdes, ni comme des déesses, ni comme des monstres, mais comme des personnes avec des avantages qui les mettent en avant pour un voyage intersidéral et l’implantation sur une planète !
On pourrait croire que 140 ans de voyage en huis-clos pourraient être rébarbatifs à lire mais l’auteur a su éviter l’ennui en récapitulant brièvement et clairement, les années passées au début des chapitres.
Pour un coup d’essai, c’est brillant et j’espère qu’il aura la bonne idée de continuer à écrire des romans ! Merci à Babelio et à l’éditeur pour cette découverte cadeau !
#massecritiquebabelio #douzeanneeslumiere
Nous sommes en 2354, et Lucie, une jeune femme de 24 ans, de retour d’un stage sur la Lune, à la recherche d’un projet avec plus d’avenir que le tourisme spatial, se rend chez le professeur Bocquet, spécialiste de philosophie anthropologique, en quête de conseils.
Elle lui avoue qu’elle est venue pour postuler pour la mission Columbus. Celui-ci tente bien de la dissuader, lui demandant si elle a bien compris qu’il s’agissait d’un aller-simple, mais Lucie n’en démord pas. Il va donc faire son possible pour la mettre en relation avec la personne à l’origine du projet, le major Newman auprès de qui il lui obtient une audience et ce dernier lui explique alors l’historique et le projet lui-même.
La croissance est à l’arrêt et les scientifiques ont identifié une planète habitable, la première planète vraiment crédible pour devenir une deuxième Terre. Cette planète, Kanuta, n’est située qu’à douze années-lumière, ces douze années-lumière qui donneront leur titre à l’ouvrage, ce qui rend le voyage tout à fait envisageable. Une petite sonde, Hope, a été envoyée en 2120 qui est arrivée à destination en 2320 et les premières retransmissions de Hope sont parvenues en 2332. Depuis la sonde Hope, beaucoup de progrès ont été faits pour les moteurs de fusée, mais néanmoins, cela fait plus d’un siècle qu’on plafonne à 8,5 % de la vitesse de la lumière.
Le voyage pour Kanuta va donc prendre cent quarante ans ! Donc, si Lucie est choisie pour le programme, ce n’est pas elle qui posera le pied sur cette nouvelle Terre, mais plus vraisemblablement son arrière-petit-fils ! Douche froide, même glacée, mais, motivée comme elle l’est, elle a décidé de le faire et le fera.
On la retrouve en 2359, trois ans après qu’elle ait été officiellement intégrée au programme Columbus, prête à atterrir à l’aéroport international de Phoenix en Arizona où une bulle fermée de six kilomètres carrés reproduisant de manière aussi fidèle que possible l’écosystème de la planète Kanuta a été construite. Elle rencontre alors, à moins d’un an du grand départ, Qian, 45 ans, la future capitaine du vaisseau et Jenna qui a trois ans de plus que Lucie.
Ce sont donc ces trois volontaires astronautes qui seront l’équipage initial de la mission. Des embryons conçus à l’avance et congelés et une couveuse embarquée assurent une prédiction de seize personnes pour fonder le peuple chargé d’offrir aux humains une seconde Terre…
Quelle aventure, les amis que celle-ci, aventure spatiale dans laquelle je me suis embarquée, il faut le dire avec beaucoup de scepticisme. Eh bien, croyez-le ou pas, je me suis retrouvée propulsée dans un récit haletant, un récit impossible à lâcher tant j’avais envie de savoir comment ces femmes et leurs premiers descendants allaient pouvoir endurer cette vie confinée se sachant condamnées à ne vivre que dans ce vaisseau sans jamais connaître autre chose, même si la Full Life leur permettait des expériences ultra-réalistes et que Qian, Jenna et Lucie, elles, avaient choisi ce destin !
Ana, la fille de Lucie, Ana titre de la deuxième partie, au caractère rebelle sera celle qui, déjà petite, mais surtout à l’adolescence, et encore plus tard, souffrira le plus de cette situation. Elle voudrait tant pouvoir sortir et choisir sa vie. C’est elle qui sera à l’origine de la découverte d’un certain carnet…
La troisième et dernière partie intitulée Opale, fille d’Ana et arrière-petite-fille de Lucie nous conduit à l’ultime étape de cette mission, sans doute la plus cruciale : un début de peuplement interstellaire est-il envisageable ? Il est toujours possible de rêver et n’est-ce pas un des buts de la littérature ?
Roman d’anticipation, certes, qui explore les conséquences du réchauffement climatique, mais également roman philosophique, Douze années lumière nous interroge sur de nombreux points, nous amène à de non moins nombreuses considérations sur les possibilités du progrès technique et à cette question simple mais troublante : jusqu’où ira l’humanité ? Sous-titre du roman.
Dans cet ouvrage, l’auteur nous invite à retrouver les sens du temps long, très long, dans lequel l’homme s’investit sans voir l’aboutissement de son engagement durant son vivant. Et c’est peut-être dans ce temps long qu’il faut aller...
La préface de Claudie Haigneré, astronaute, scientifique, médecin et femme politique, première Française dans l’espace et première Européenne dans la Station spatiale internationale, est à elle seule très intéressante.
Comme je l’indique au début, je n’étais pas vraiment certaine d’apprécier ce roman, car dans son avant-propos, Jean-Baptiste Rudelle, pionnier de la French Tech, dont la fondation Zenon Research finance des travaux scientifiques sur le futur de l'humanité, annonce qu’à la fin de chaque chapitre, un encart a été ajouté pour donner davantage de profondeur au scénario présenté. Il ajoute que ces analyses ne sont en rien indispensables à l’histoire et que le lecteur captivé par la narration peut, s’il le souhaite le mettre de côté. D’autre part, en quatrième de couverture, il est noté : à la fois roman d’anticipation et essai. Anticipation et essai, qu’allais- je comprendre à ma lecture ?
En fait, mes craintes se sont envolées dès les premières pages, et c’est avec un extrême plaisir que j’ai lu ce superbe roman, l’écriture du romancier étant à la fois claire et rythmée et les explications de cet expert, simples et extrêmement fines et pertinentes. Je rajoute qu’elles ont été pour moi, fort instructives, même si parfois, je ne partageais pas tout à fait les mêmes opinions.
J’ai apprécié, également, que, pour une fois, ce soit trois femmes qui soient des héroïnes. Ce n’est pas si souvent que les femmes sont ainsi mises en avant.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Diateino pour cette découverte originale.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
http://alombredunoyer.com/2015/12/20/on-mavait-dit-que-cetait-impossible-jean-baptiste-rudelle/
Jean-Baptiste Rudelle, un des fondateurs de Criteo, la pépite de la French Tech, publie "On m'avait dit que c'était impossible".
Dans cet ouvrage personnel, l'auteur aborde sa vie, de ses études jusqu'à l'introduction avec succès de Criteo au Nasdaq, en passant par sa famille, ses premiers échecs et succès, ses idées et ses principes.
« Cette fois, je n’allais pas quémander des acteurs locaux l’honneur de distribuer leur technologie en Europe. Cette fois, la technologie, c’était nous les Français qui allions l’apporter au marché américain »
Ce livre, très bien écrit et qui se lit très facilement à ma grande surprise je le reconnais, est aussi intéressant qu'instructif. J'ai dévoré la première partie, mais ai moins accroché sur la seconde. Mais cet opus est aussi atypique sur au moins deux points.
Le premier est le message très positif que souhaite transmettre l'auteur. Toujours aller de l'avant, avoir envie, croire en soi! S'étant fixé deux buts - créer sa boite et écrire un livre, l'aventure a commencé par la création d'une saladerie avec sa femme dans le 13ème arrondissement parisien. Puis, après un premier échec et un premier succès (la revente de Kiwee, start up autour des sonneries pour téléphones portables, le mettait à l'abri du besoin), il ne s'est pas arrêté. Il a fait la rencontre providentielle et est né Criteo. Tout y passe: les nombreux pivots avant de trouver le bon modèle économique, les levées de fond, les rencontres (toujours savoir s'entourer des bonnes personnes, toujours avoir des partenaires et ne pas travailler seul, ...) et le fameux IPO. C'est très vivant et fascinant, réellement motivant à lire.
« Lorsque vous êtes frappé par une injustice irréversible, aussi terrible soit-elle, il vaut mieux aller de l’avant plutôt que de chercher réparation pour un passé perdu. »
« Talent sans travail n’est qu’une sale manie, chantait Brassens. Pour une idée, c’est pareil. Qu’importe sa beauté, sa limpidité. L’important, c’est la mise en œuvre, ce que les Américains appellent l’exécution, et cela, c’est infiniment plus difficile. Le cimetière des innovations est ainsi jonché de ces belles idées, jolis fantômes, rêves d’entrepreneurs jamais bien concrétisés. Balayées par un concurrent qui aura eu la même idée en même temps, mais qui aura réussi par sa discipline dans la mise en œuvre. »
Le second est plus politique et concerne sa vision de la France. Non la France n'est pas un pays de fainéants, non on ne paye pas trop d’impôts en France (il dit même que les riches n'en payent pas assez!), halte au french bashing, oui la French Tech est forte, oui il y a des entrepreneurs en France contrairement à ce que pense Newsweek. C'est un discours qui est peu habituel aujourd'hui, surtout venant d'un chef d'entreprise et c'est assez étonnant. Au moyen de démonstrations fluides et argumentées, Jean-Baptiste Rudelle est souvent convaincant.
« Désolé, mais si nos entreprises échouent, ce n’est pas toujours la faute de l’Urssaf. Sur beaucoup d’aspects, la France st un étonnant petit paradis fiscal qui s’ignore. Je pousserai même plus loin. La France va devoir cesser de faire autant de cadeaux fiscaux – quand va-t-on nettoyer toutes ces niches ? – et à l’avenir les impôts pour les plus riches vont probablement augmenter. Bref, pour les gens comme moi, il va falloir payer plus. »
Autre point contraire à l'air du temps: il fait l'éloge de l'éducation française.
« Pourquoi ce besoin ? La France m’a beaucoup donné, et il me tarde aujourd’hui de rendre un peu à mon tour. Même si notre pays vit souvent un peu trop à l’ombre d’un passé glorieux, il est loin d’être fini. Un de ses précieux atouts est d’être doté de jeunes très bien formés dans le domaine scientifique, en particulier en Mathématiques. A l’heure où le big data – l’analyse massive de données – envahit tous les secteurs d’activité, notre éducation qui met tant à l’honneur la logique et les calculs vaut de l’or. »
J'ai par contre été moins convaincu par la deuxième partie du livre, celle où il nous parle de Piketty, des inégalités, de la comparaison des systèmes fiscaux français et américains ... Moins en rapport avec Criteo et le monde des start up, cela m'a moins intéressé. Cette digression était-elle utile? Je ne le pense pas et trouve même son ajout dommageable pour le livre. De plus, certains passages frôlent le démago...
J'aurai préféré qu'il continue dans les recettes du succès de Criteo, notamment cette volonté de toujours faire de la recherche, toujours innover. C'est surement la raison principale du succès fabuleux de cette société.
« Après tout, ne fois que le produit a fait ses preuves, pourquoi ne pas simplement se concentrer sur le développement commercial ? Continuer à investir en recherche, cela veut dire s’imposer des charges et des coûts fixes incompressibles, sans aucune certitude de voir des revenus en découler. C’est la raison pour laquelle très peu d’entreprises, même dans le monde des start-up, investissent au-delà du strict nécessaire. Peut-être parce qu’elles sont trop enferrées dans une logique de court terme. Nous avons au contraire mis toutes nos forces dans ce domaine. Cette stratégie nous a permis de creuser l’écart technologique avec nos concurrents. A la manière d’un Google, qui a toujours considéré que la recherche était au cœur de son ADN er qui en a fait un formidable atout. Pour nous aussi, cette obsession technologique a été un facteur clé du succès. »
Je conseille néanmoins la lecture de cet ouvrage. Criteo est une très belle réussite française et en parcourant "On m'avait dit que c'était impossible", vous en saurez un peu plus sur les recette de ce succès.
4/5
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