"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelle belle idée de faire redécouvrir ce grand classique de la littérature française en le transposant en roman graphique !
Je m’y suis plongée avec nostalgie et je suis partie à nouveau dans cette belle ville d’Alger, remontant le temps jusqu’à la période de la colonisation et de cette vie qui semblait si légère pour les français d’Algérie.
Meursault est un drôle de type qui s’intéresse très peu à ses semblables, pas plus à sa mère qui vient de mourir dans un asile pour vieillards, qu’à ses voisins d’immeuble qu’il côtoie au quotidien. Pourtant, il travaille, échange avec les autres, partage des moments de camaraderie et rencontre sur le port une jeune femme qui voudrait l’épouser.
Mais au fond, tout ça lui est bien égal et ce qui l’habite est une grande interrogation sur le but de la vie qui le condamne d’une façon ou d’une autre à mourir ?
La BD est très fidèle aux propos d’Albert Camus qui a écrit toute sa vie sur le sens de l’existence. Il y remet en cause la justice comme étant fondamentalement subjective et influencée par une normalité sociale faisant craindre à ses défenseurs que « le vide du cœur chez cet homme représente un gouffre dans lequel la société pourrait s’effondrer ».
Il y parle aussi de la peine capitale, summum de l’irrémédiable et de la religion, absurde palliatif.
Les personnages de Jacques Ferrandez sont peu amènes avec des mines sombres et des regards sévères et ils illustrent bien la façon qu’a Meursault de considérer ceux qui l’entourent, avec méfiance et désintérêt.
Mais les belles images d’Alger comme celles dramatiques du procès sont totalement immersives et j’ai été saisie par le réalisme de ces illustrations.
Je me dis en refermant cette BD que si cette période est bien lointaine, le regard des autres prend toujours une place importante avec les réseaux sociaux et qu’il n’est pas inutile de rappeler aux jeunes lecteurs la menace que représente l’intolérance.
Un roman graphique à lire et à faire lire sans hésiter.
J’ai passé un agréable moment avec cette bande dessinée, un ouvrage vraiment très enrichissant sur l’histoire de l’Algérie, si vous souhaitez en savoir plus sur cette période de la colonisation à nos jours, vous devriez aimer.
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D’ailleurs, l’auteur a plusieurs ouvrages sur le sujet, qui sont très bien documentés. Une manière différente et peut-être plus simple d’aborder l’histoire.
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Petit plus, j’ai bien aimé le coup de crayon de l’auteur, les dessins et les couleurs sont agréables à regarder, un tout qui en a fait une très bonne lecture.
L’histoire de l’Algérie prise au cœur.
Au cœur de son histoire mouvementée de 1962 à 2019 (tome 2 des 'Suites algériennes') mais surtout au cœur de Jacques Ferrandez qui, avec son art de raconter en mots et en illustrations, en fait des albums historiques exceptionnellement talentueux.
Au-delà d’être un must incontournable des classiques de la BD, Jacques Ferrandez sait transmettre tout ce qui pétrit son âme et finit par hameçonner nos cœurs.
Le talent de Jacques Ferrandez honore l’univers de la BD !
Seconde partie (la première est ici) qui construite comme la première, parle de l'Algérie depuis l'indépendance à travers des hommes et des femmes qui y vivent ou y ont vécu. Tous se connaissent plus ou moins ou se sont croisés, pas toujours pour le meilleur. Paul-Yanis, journaliste franco-algérien retourne donc à Alger pour retrouver Nour mais aussi pour tenter de comprendre comment le pays se retrouve en guerre civile depuis que le FIS a gagné les élections avant que celles-ci soient invalidées par le gouvernement.
Comme dans les autres albums de Jacques Ferrandez, l'histoire est compliquée, mais bien expliquée sans que l'auteur ne prenne parti. Il est un témoin neutre qui raconte. Il narre la violence du pays, bien avant la colonisation par les Français, puis l'alliance des Algériens contre l'occupant et la séparation dès les accords d’Évian signés. Les tensions qui suivent entre les partisans de Houari Boumedienne et ceux de Ahmed Ben Bella, entre les Algériens et les Berbères... Ses personnages fictifs évoluent dans l'Histoire, ils en sont des acteurs, des témoins, des victimes et chacun d'eux apporte sa connaissance des faits.
Son diptyque se finit avec le Hirak de 2019 : ces manifestations hebdomadaires contre le pouvoir en place et notamment la nouvelle candidature d'Abdelaziz Bouteflika à la présidence. Les liens entre la France et l'Algérie sont tendus et réels et Jacques Ferrandez témoigne de son amour pour les deux pays et pour leurs habitants, et, comme à chaque fois, c'est instructif, brillamment et clairement expliqué.
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