"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le dernier roman d’Isabel Gutierrez "Kintsugi" a pour moi le parfum de l’amitié. Il m’a été offert en avril accompagné d’une carte de vœux écrite en janvier qui disait ceci "J’ajoute à ces vœux cette petite merveille qui parle de rencontres, de confidences, de ce qui nous lie et nous rapproche et qui me fait penser à toi, à nous." Alors…
Alors, j’ai aussitôt embarqué sur le bateau du Père Jaouen en compagnie d’Angèle, célibataire de cinquante ans et solitaire, Louise et ses écorchures, Gino qui "se mettait à hurler, le visage tourné et les bras tendus vers le ciel", Manuela, Lucas sur le point de se retirer du monde et "…d’entrer en silence et en solitude dans [sa] cellule", Maud qui "sent la nausée remonter" et les autres. Moi, la Bretonne je fus naturellement ravie de me retrouver là pour une traversée de l’Atlantique. Et l'émotion fut grande de les voir tous se dévoiler, de comprendre leur besoin de se trouver, se retrouver, se panser, se rapiécer après avoir vécu des chagrins, des peurs, des blessures. Car tous ces personnages, pourraient être vous, pourraient être moi.
A l’instar de cet art japonais qui consiste à restaurer des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or, chaque personnage va ainsi se réparer sans pour autant oublier, sans pour autant renoncer à ce qu’ils ont été, sans pour autant chercher à cacher leurs éraflures. Et c’est à l’aide d’une écriture délicate, précise, poétique et même musicale que l’auteure explore l’âme de ces hommes et ces femmes, leur remontée à la surface, la renaissance de leur désir.
Véritable Odyssée comme le stipule la quatrième de couverture, ce roman se lit lentement, se savoure, se déguste. Et puis il se relit encore plus lentement pour laisser les mots fondre, les apprécier et s’en délecter.
Une petite merveille m’avait-on dit…je ne peux que plussoyer.
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« Ubasute » d’Isabel Gutierrez est une pépite.
Ubasute est une tradition japonaise ancestrale qui consiste à déposer une vieille personne sur une montagne pour qu’elle y meure.
Ainsi, le fils de Marie porte sa mère sur son dos pour l’amener dans la montagne où il va la laisser mourir.
Ce chemin ensemble permet à Marie de se raconter et de parler à son fils.
Ce roman est sublime, poignant, juste beau.
Une mère mourante demande à son fils de l’emmener en haut d’une montagne pour qu’elle puisse y mourir selon une tradition japonaise. J’ose à peine imaginer l’émotion et le courage de son fils face à la demande de sa mère.
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Au fil du roman, Marie revient sur des passages de sa vie, comme des confidences qu’elle fait à son fils avant de mourir.
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L’écriture est poétique et correspond bien à cette démarche pour honorer la tradition japonaise. J’aurais aimé en savoir un peu plus, pourquoi cette tradition lui tenait tant à cœur ? Certaines interrogations restent à la fin du roman.
Marie, gravement malade, demande à son fils Pierre de l'emmener en montagne pour qu'elle puisse y vivre ces derniers instants comme le veut la tradition japonaise et qui s'appelle ubasute.
Dans ce premier roman l'auteur nous parle du chemin que chacun choisit de faire pour sa fin de vie. Choix de fin de vie personnel qui peut paraître étrange dans le sens où l'on implique un proche dans cette démarche. Mais c'est aussi une question de transmission car durant ce parcours beaucoup de choses vont être dites, dévoilées, expliquées. C'est, ici, que la véritable rencontre entre une mère et son fils va se nouer. La mère parlant à son fils sans filtre, les mots qui jusqu'alors étaient tus se déversent aisément. Et cet échange est une forme d'adieu où la culpabilité n'a pas sa place.
J'ai beaucoup aimé la sensibilité, la douceur de l'écriture de ce court roman très poignant qui ne tombe néanmoins pas dans le pathos. C'est avec une très grand subtilité que l'auteur m'a amené à me poser la question sur le sujet et à envisager les différents scenarii qui s'offrent à moi.
Ce roman, contrairement à ce que l'on pourrait croire, un ode à l'amour qu'on porte à l'autre en acceptant de le laisser partir le moment venu et en l'accompagnant lors de son dernier parcours.
C'est un beau coup ce coeur pour ce roman qui mérite qu'on s'y arrête.
Ce roman a été lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68premières fois
https://quandsylit.over-blog.com/2023/04/ubasute-isabel-gutierrez.html
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