"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une déambulation en haute montagne. Un an pour que tout change. Le temps présent roi de ce récit empreint de rémanence.
Un livre, nature writing. L’éphéméride, sacre de vie.
Chaque jour, la mission même de la littérature. Écrire pour retenir et transmettre. L’expérience souveraine et altière.
Un arrêt sur image : « Journal d’une montagne », atteindre l’immensité intérieure.
Rémi Huot est à deux mille mètres d’altitude dans les Pyrénées. Dans un antre Babel de pierres sèches et de mousse. Le spartiate qui élève cet orri de pierre, l’Alcazar. La solitude et le silence, les bruissements et la danse des nuages. Rémi Huot est au cœur même du langage intérieur.
Tout coopère dans cette magnificence, dans cette fusion de transcrire la beauté, tout ce qui vit au plus près des cimes.
Les rituels des animaux dont ces derniers ignorent le monde d’en bas.
Écrire ainsi, chaque jour, cette osmose entre les genêts et les sources, la noria des oiseaux et lui-même en posture de passeur.
« La montagne est une terre difficile à convaincre. En clair je peux tenir un siège. Ou prendre le temps de rêvasser, ce qui est une autre forme de résistance. »
Écrire, déplacer subrepticement les paysages au creux d’une page blanche. Les saisons ordonnées, enchanteresses et accueillantes. Rémi Huot est dans l’astre du privilège.
L’endurance face au froid hivernal d’une haute montagne qui, sournoise, pourrait aussi le tuer.
Apprendre le peu pour mettre au monde la majuscule. Des pics du Bernard Sauvage et du Madres, il élève le regard et offre la magnifique prouesse d’une nature grand angle.
Les habitus des oiseaux (lui l’ornithologue), jusqu’à la fonte des neiges. Le récit est un voyage beau et émouvant.
« Chaque retour dans l’orri marque un ralentissement, chaque instant ratatiné dans ma boule de pierres sèches accordent une trêve, un moratoire. L’air est anormalement chaud pour l’altitude, les vents ont une haleine de canicule, et le beau bleu de l’azur est de nouveau chauffé à blanc par un soleil résolument pyromane. Une cohue d’étoiles s’apprête à envahir l’espace autour de l’animal. C’est ainsi que le jour s’éteint et que l’été capitule, par un choc esthétique propulsé dans la nuit des montagnes. »
L’écriture est la neige éternelle. Un edelweiss à flanc de rocher. Elle fige les grandes importances. Être vivant, et toucher des yeux l’inaccessible. « Rien ni personne n’échappe à l’épuisement de l’existence. La conclusion du matin touche l’introduction du soir. »
« Journal d’une montagne » est une poésie indicible. Le battement même du monde. La montagne regain.
Après, « Dans les forêts de l’ours (2021) et À fleur d’eau (2022), « Journal d’une montagne » est à l’instar de Jean Giono, d’Henri Bosco, et d’Henry David Thoreau. Publié par les Éditions Le Mot et le Reste.
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