Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Après Le carré des indigents paru il y a trois ans, une nouvelle affaire vient secouer la ville moyenne de province où, en ces années 1970, le très rugueux et désenchanté inspecteur Schneider continue à officier et à jouer le double de l’auteur, lui-même officier de police à la même époque.
Rien a priori que de très classique dans ce profil archétypal du flic désabusé et solitaire qui cache de vieilles blessures sous une carapace de dur à cuire – la guerre d’Algérie et un drame personnel ne cessent de le hanter – et qui, droit dans ses bottes, a depuis longtemps remisé toute ambition carriériste par dégoût des manœuvres politiques enfiévrant autorités et étages hiérarchiques. Pourtant, la minutie de l’auteur à construire ses personnages et à restituer, non sans mélancolie, l’ambiance d’une époque depuis longtemps révolue fait toute la différence et le régal du lecteur.
Au point que, peu importe presque le fil alambiqué de l’intrigue et ses raisons, alors que, d’un incendie criminel malencontreusement meurtrier aux rivalités sans vergogne gangrenant le système notabiliaire de la ville, les cadavres se mettent à pleuvoir, c’est véritablement la tonalité renforcée touche après touche jusqu’à infuser la sensation d’un Mal général aussi insidieux et incoercible qu’une marée noire qui fait le vrai coeur du récit.
Dans cette déliquescence générale entre « gros poissons », loin de « l’inépuisable provende de malheureux et de malheureuses, de crétines ou de crétins – et parfois même de leurs tristes rejetons » alimentant habituellement « la large gueule béante des audiences criminelles ou correctionnelles », le triste et amer Schneider écope la mer avec un dé à coudre, fatigué et blasé de n’être « que l’un des rouages anonymes et sans âme d’une machine anonyme et sans âme tournant au bénéfice exclusif de quelques-uns, tout aussi anonymes et sans âme. »
Et toujours en toile de fond, avec le vocabulaire et les repères typiques des années 1970, une ville en pleine mutation, clivée entre, d’un côté, ses beaux quartiers arrogants et bourgeois, de l’autre, ses zones plus populaires où promoteurs, mairie et notables intriguent salement pour de juteux projets de rénovation faits de HLM et de lotissements pavillonnaires. Entre leurs machines à écrire, leurs bureaux enfumés et leurs tournées des troquets, Schneider et ses hommes sont les derniers témoins d’une époque évocatrice de films à la Audiard. Surtout, sombre et revenu de tout, mais poursuivant coûte que coûte ses missions comme le dernier des Mohicans, Schneider campe un personnage d’une magnifique crédibilité, terriblement attachant même si franchement atrabilaire.
Peut-être moins accessible que le précédent volet des enquêtes de l’inspecteur Schneider, alourdie aussi d'un peu trop d'« il y avait », cette nouvelle intrigue policière résolument sombre et mélancolique se lit comme en une lente et contemplative immersion en eau noire, dans le trouble marécage où la vie en société semble pourrir par les racines. C’est élégamment désespéré, un rien caustique et puissamment évocateur : de quoi vous fasciner de la première à la dernière page.
C’est un roman policier à l’ambiance sombre et addictive.
Un roman dont le personnage central est un flic taiseux, marqué par la guerre d’Algérie et quelques autres drames personnels. Nouveau patron du groupe criminel il débarque pour prendre ses fonctions dans cette moyenne ville de province.
Très professionnel, les manœuvres et autres discussions politiquement correctes, les hiérarchies plus intéressées par les promotions, les magouilles diverses, il s’en moque ! Il est là pour faire son boulot, travailler avec son équipe ! pas pour faire carrière !
Si j’ai eu besoin de plusieurs chapitres pour rentrer dans l’histoire, j’ai ensuite eu du mal à m’en séparer.
Au final et malgré sa morosité et son manque de gaieté, je me suis presque attachée à ce flic un brin mystérieux qui ne laisse pas insensible la gente féminine.
Je me suis laissée prendre par l’ambiance de l’histoire tellement forte, par la rugosité du personnage et par sa sensibilité aussi.
Ce roman c’est un tout : un contexte social et politique, une époque (les années 70), des personnages au bord du gouffre, certains borderline, d’autres complètement gangrénés, des affaires sordides. On y côtoie des personnages à l’ambition dévorante, d’autres totalement perdus, des femmes sans tabous, des assassins, des journalistes, des ripoux… Bref on est dans la vraie vie et j’y ai passé un moment particulièrement fort.
Si on suit plusieurs enquêtes, ce roman m’a surtout marquée par la qualité de l’ambiance digne hommage au standard noir américain, et par les portraits finement tracés des personnages.
Pour moi, un polar à découvrir !
Impatiente de lire à nouveau Hugues Pagan rencontré plusieurs fois...Absolument emballée par la qualité de l'écriture toujours aussi pointue!le roman tourne autour de Schneider et son groupe,beaucoup de cadavres,présence du diable et des puissants,une atmosphère sinistre,parfois glauque mais toujours rendue avec une précision exacerbée!Le héros vieillit(comme son auteur)et leur désespérance s'accentue.
Merci Mr Pagan pour ces précieux moments de lecture!
La mort rôde sur la Ville. L'inspecteur principal Claude Schneider est appelé sur un incendie criminel... Trois cadavres y sont trouvés. Et un mystérieux commanditaire qui semble étendre une toile menaçante sur la cité. Un bien né, qui porte bien, a gagné les faveurs des puissants et dont le chauffeur s'acquitte de la basse besogne. Le diable ? Schneider ne croit pas à ces foutaises....
Dans une intrigue qui se déroule quelques années après "Le carré des indigents" (Rivages, Prix Landerneau et Grand prix de littérature policière 2022)), Hugues Pagan ressort son flic récurrent préféré. Un type à part, ancré dans une mélancolie certaine, désabusé, marqué par la guerre d'Algérie, par la perte d'une femme. Dans cette ville anonyme de l'est (dans l'Yonne ?), Schneider ne croit qu'en son boulot mais a fort à faire dans une intrigue floue, trouble comme le brouillard qui s'installe, il navigue à vue.
Le polar à la Pagan c'est sombre, lyrique, poétique, plein d'humanité et de remarques cinglantes sur la société. Dans cette France des années 70, Schneider est le témoin d'un monde qui évolue comme d'habitude au profit de ceux qui ont déjà tout. Pagan en fait un rapporteur, qui subit les événements avant d'agir, un taiseux qui réfléchit, analyse et tente d'avancer, malgré tout.
Cette ombre portée m'aura moins marqué que le carré des indigents. Pour autant, c'est un roman assez symptomatique du noir façon Pagan. Le lecteur ne sait pas trop où il va pendant une bonne moitié du récit, un peu comme Schneider lui-même... mais quel plaisir de lecture !
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Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...