Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Chemins de fer du Mexique est un roman-fleuve de Gian Marco Griffi, excellemment traduit par Christophe Mileschi. Publié dans la collection Du Monde entier, chez Gallimard, collection que j’apprécie beaucoup, il m’entraîne principalement en Italie, en 1944.
Le pays est occupé par les Allemands auxquels les fascistes mussoliniens au pouvoir apportent de l’aide malgré le mépris dont font preuve les Nazis à leur égard.
Bien sûr, l’auteur me gratifie de quelques incursions au Mexique une vingtaine d’années auparavant mais aussi en Allemagne d’où est partie l’idée saugrenue d’établir ou plutôt de faire établir une carte ferroviaire du Mexique.
Dans la pure logique administration militaire, la demande a dégringolé tous les échelons jusqu’à tomber sur les épaules du malheureux Francesco Magetti, appelé familièrement Cesco. Je suis là en pleine absurdité et ma lecture est désopilante, pour l’instant, d’autant plus que Cesco n’a qu’une semaine pour accomplir sa tâche.
C’est à Asti, dans le Piémont, que se passe l’essentiel de l’histoire puisque Cesco est membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire de la ville.
Gian Marco Griffi n’est pas avare de détails. C’est souvent trop, beaucoup trop ! Les digressions foisonnent et cela devient lassant même si toute l’absurdité de l’administration ressort quand Cesco se lance à la recherche de documents pour établir cette fameuse carte.
Voilà un beau parcours, un bel exemple de la bureaucratie qui s’acharne sur un pauvre type, dévoué et obstiné qui souffre, en plus, d’un mal de dents atroce, lui qui a une peur bleue de tous les dentistes, sauf un. Hélas, celui-ci, soupçonné de sympathie avec les maquisards, vient d’être arrêté par l’occupant…
Enfin, voilà Tilde, charmante bibliothécaire, que Cesco rencontre au cours de sa recherche. Il en tombe aussitôt amoureux alors qu’Isotta, son premier amour, lui écrit du Sénégal. Mademoiselle Tilde conseille à celui que tout le monde appelle, dans la ville, « Écrivain du Mexique », un livre intitulé : « Historia poética y pintoresca de los ferrocariles en México ». Hélas, ce livre a été emprunté et Cesco se lance sans délai dans une recherche folle, absurde, pour retrouver l’ouvrage qu’il pense essentiel pour l’accomplissement de sa mission.
Dans ce roman foisonnant et riche, comme je le dis plus haut, Gian Marco Griffi me plonge dans le Mexique des années 1920. Grâce au chemin de fer, il montre la misère, les enfants qui se laissent mourir mais aussi des paysages à couper le souffle. En même temps, c’est l’occasion de croiser pléthore de personnages et je m’y perds un peu.
L’auteur offre même des expressions en dialecte piémontais. Il donne une scène surréaliste où des officiers allemands en train de jouer au golf débattent du règlement de ce sport devant le cadavre d’un soldat de la Wehrmacht.
Dès de Cesco rencontre une nouvelle personne, celle-ci lui raconte sa vie mais ce qui m’étonne le plus, c’est cette longue séquence dans un cimetière où l’on fait bouillir des cadavres pour faire de la place, un travail commandé par l’occupant.
Jonglant d’un sujet à l’autre, l’auteur sait parfaitement raconter comme l’on parle : de façon naturelle et sans façon. Il sait aussi m’emmener dans des digressions surréalistes en maniant l’humour et la poésie sans négliger la dérision. Il est malgré tout réaliste devant l’attitude des Italiens partagés entre collaboration active et résistance : ce n’est pas sans rappeler ce qui se passait au même moment en France. Celles et ceux qui s’empressent de courir au siège local de la Gestapo pour raconter ce qu’ils ont vu ou entendu trahissent leurs concitoyens, les envoient aussi à la mort, mais allez savoir de quoi est fait notre espèce humaine ?
Heureusement, dans ce pavé à nul autre pareil, Gian Marco Griffi ne manque pas de philosophie, même son personnage principal, Cesco m’a souvent fait souffrir à cause de son indécision, de sa maladresse et surtout en ne soignant pas sa dent qui lui fait atrocement mal, mais… il y a peut-être un espoir…
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2025/02/gian-marco-griffi-chemins-de-fer-du-mexique.html
Gian Marco Griffi, dans son roman « Chemins de fer du Mexique » nous entraine dans une folle épopée qui conduit son héros Francesco Magetti (Cesco) en une quête complétement absurde.
Notre pauvre Cesco membre de la Garde nationale républicaine ferroviaire d’Asti dans le Piémont, en cette Italie de 1944, se retrouve à mener à bien une mission plus que délicate et complétement saugrenue. La guerre n’est-elle pas non plus une grande farce à l’image de cette mission ? Qu’est-ce qui pousse les hommes à se mettre sur la g…. ?
Imaginez plutôt, l’ordre que son Adjudant-Chef lui a intimé, malgré son étonnement personnel : « je dis que je n’ai pas la moindre idée de la raison pour laquelle tu dois rédiger un document sur les chemins de fer du Mexique. Je reçois des ordres de quelqu’un qui a reçu des ordres de quelqu’un qui avant lui a reçu des ordres de quelqu’un d’autre qui a reçu des ordres. Peut-être y a-t-il quelqu’un en haut qui a connaissance de la raison pour laquelle il est absolument vital de rédiger un document sur les chemins de fer du Mexique….. Le bruit a couru jusqu’aux oreilles du Führer ou aux oreilles de Goebbels, lequel a décrété que posséder un plan détaillé des chemins de fer mexicains, pour le Reich et ses alliés, était une question de vie ou de mort ». Par la suite, on en apprend un peu plus, il s’agit de retrouver une localité où se situerait « l’arme résolutive » permettant d’envahir le Mexique et de se lancer à la conquête des États-Unis. En fait une simple envie expansionniste.
Il faut expliquer, pour mieux comprendre ce roman, la situation dans le nord de l’Italie à cette époque. Pour l’Italie, alliée en début de conflit de l’Allemagne, les choses se gâtent avec en juillet 1943 le débarquement des américains en Sicile. L’arrivée des américains a pour conséquence la chute de Mussolini et la reddition de l’Italie qui demande un armistice et déclare, même, la guerre à l’Allemagne en octobre 1943. Toutefois, en parallèle, Mussolini emprisonné s’évade et crée la République Sociale Italienne (RSI) sur un territoire couvrant le nord et le centre du pays de septembre 1943 à avril 1945 (dont, bien entendu, Asti et le piémontais où se situe l’action). La RSI est, naturellement, sous protectorat allemand.
Revenons à notre Cesco, membre par désœuvrement, de la Garde nationale républicaine (et donc fasciste malgré lui) ferroviaire, qui doit mener à bien sa mission dans un environnement anxiogène. Il se rend à la bibliothèque où, peut-être, il pourra trouver une source de documentation. Notre jeune homme y fait la rencontre de Tilde, la bibliothécaire, qui le subjugue et deviendra bien vite sa « déesse chimérique », elle lui fait part de l’existence d’un livre « Historia poética y pintoresca de los ferrocarriles en México » qui pourrait contenir des éléments de réponse et l’aider à établir le plan des lignes de chemins de fer. Commence alors une course poursuite pour récupérer ce fameux ouvrage, insaisissable, qui file de mains en mains et donne matière à des rencontres avec divers personnages insolites.
Ah, j’oubliais, comble de malchance notre héros traine une rage de dent qui complique ses recherches et préfère « brûler le mal » par l’alcool au lieu de rendre visite au dentiste auquel il voue une peur irrépressible. Décidément, rien ne va dans cette chiennerie de vie !
Roman ubuesque, picaresque, singulier qui dépeint admirablement le marasme de cette région en 1944. Sur un ton, humoristique, parfois satirique, Gian Marco Griffi égratigne les politiques, les religieux et s’interroge sur le poids de l’humain, en tant qu’individu, baladé dans les tourments de l’histoire. Malgré, parfois, un certain hermétisme dans l’expression, Cesco, par ses peurs, sa naïveté, ses doutes nous émeut et nous pousse à tourner les pages pour savoir, enfin, s’il pourra fournir ce fameux plan des Chemins de fer du Mexique.
Un grand merci aux Éditions Gallimard et bravo à sa collection « Du monde entier » qui nous fait voyager sous des plumes de divers horizons.
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