Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Fort Alamo - Fabrice Caro
Tout commence devant la caisse du supermarché, Cyril maudit en silence le type qui l’a doublé l’air de rien. Quelques minutes plus tard, ce dernier s’effondre devant les caisses.
Pour Cyril, père de famille sans histoire et enseignant, c’est le début d’une série de faits similaires qui le plongent dans des angoisses souvent comiques de ses propres culpabilités.
Il interroge les membres de sa famille, ses collègues sur tel et tel évènement et sur ce qu’ils auraient fait à sa place. Les situations comme les répliques sont amusantes.
La période de Noël et la disparition récente de sa mère donnent à ce mélange d’introspection une dose de nostalgie et d’humour au livre, rappelant les billets d’humour de Daniel Morin et les mimiques d’un Mr Bean.
Premier livre que je lis de l’auteur et j’ai bien apprécié la lecture, même si certaines parties ont des traits forcés.
Une fable grinçante.
« On va faire un beau film ! » Il s’intitulera « Les servitudes silencieuses » avec Louis Garel et Mélanie Laurent, cela vous parle ?
Boris entame son journal, il a besoin d’écrire sa joie, sa fierté. Son scénario « Les servitudes silencieuses », film d’auteur en noir et blanc, est accueilli avec enthousiasme par un producteur. Désormais, il reste à satisfaire les commanditaires.
En même temps, une jeune prof universitaire dans le cinéma, Aurélie, tombe sous son charme, grandi de son talent de scénariste.
La vie est belle !
Mais petit à petit, les concessions s’enchaînent : il renonce au noir et blanc, il renonce aux acteurs choisis, son film d’auteur prend l’eau…
A chaque demande de modification du scénario de la part des producteurs, il se jure de refuser, de dire « non ».
« Je m’en veux de n’avoir pas quitté la table. J’aurais dû le faire. Pour marquer ma désapprobation. Pour le geste. Pour l’honneur. Quitte à reprendre le débat sereinement plus tard. Au lieu de ça, corseté dans une politesse maladive qui aura pourri ma vie entière, je suis resté jusqu’au bout, buvant comme on dit le calice jusqu’à la lie. »
A chaque fois pourtant, il accepte en se convaincant que leurs demandes sont justifiées, voire bénéfiques.
D’autant plus, qu’il ne dit pas la vérité à Aurélie, ni au fils d’un ami qui prépare l’affiche du film, ni à ceux qui organisent un festival autour des deux acteurs pressentis lors du scénario de base…
De concessions en dissimulations, en mensonges, il risque de tout perdre…
Avec beaucoup de talent et d’humour grinçant, Fabrice Caro maîtrise parfaitement l’auto-dérision de son personnage. Car, tout en se persuadant qu’il a bien fait d’accepter les demandes injustifiées des autres, il sait qu’il est faible, qu’il manque de caractère.
Un loser lucide et attachant qui retombe toujours dans ses travers.
Un roman passionnant par la culture cinématographique de Fabrice Caro, et par la réflexion sur l’opposition entre cinéma d’auteurs et "comédies commerciales- navets". Encore une fois, l’auteur appuie sur le trait, mais c’est plutôt jubilatoire que caricatural.
Un excellent moment de lecture avec un scénario bien tendu.
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Une fois de plus, Fabrice Caro nous régale de son humour décalé dans des scènes du quotidien.
C’est parti de pas grand-chose, une scène qu’on connait tous pour l’avoir vécue, celle du malotru qui vous passe devant à la caisse du supermarché. C’est énervant et le narrateur s’agace car il va être en retard pour récupérer sa fille à l’école. Et c’est là que se produit la scène insensée : le resquilleur tombe au sol, foudroyé par un AVC.
Le narrateur, prof dans un collège et père de deux enfants, nous narre son quotidien entre travail et famille, quotidien qui serait banal s’il n’était perturbé pas des incidents dramatiques. Au point qu’il se demande s’il n’a pas un pouvoir funeste sur les personnes qui l’agacent.
Mais son épouse s’inquiète et penche pour une dépression ou un burn out. N’est-il pas fatigué en cette fin d’année. Et puis Noël approche avec la corvée des cadeaux à trouver. Sans oublier le deuil de sa mère disparue récemment.
Les personnages, parfois stéréotypés, se croisent, dialoguent, interfèrent dans l’histoire du narrateur qui s’enfonce un peu plus dans l’inconcevable et l’irrationnel. Ses idées noires le poursuivent sans relâche, comment va-t-il s’en sortir ? se demande le lecteur qui hésite entre sourire et compassion
« J’étais tombé il y a quelque temps sur ma photo de terminale. Quatre élèves étaient morts depuis la photo. Quatre sur vingt-huit. Un sur sept. J’ai balayé la classe du regard et j’ai été submergé par une émotion absurde. J’étais à deux doigts de leur proposer un goûter en lieu et place du cours sur la fondation de la Société des Nations. »
Tandis que son épouse trouve toujours la phrase juste, que son frère ne se départit pas de son assurance, que ses collègues ne soupçonnent pas ses états d’âme, il nous fait rire mais nous attendrit aussi, ce personnage décalé et mélancolique qui ne parait pas très bien armé pour traverser les vicissitudes de la vie. Il doit gérer les angoisses de la vie et l’on retrouve nos propres angoisses existentielles.
Vite lu, un court roman drôle, absurde mais aussi plein de tendresse et j’ai adoré !
Cyril vient de perdre sa mère chérie. Sous la pression de son frère, il va devoir vider, vendre la maison et préparer Noël avec une belle-sœur insupportable qui le terrorise.
Un homme ordinaire, notre Cyril. Un bon père de famille, un mari aimant, un enseignant timide et discret.
Peut-être en effet, manque-t-il de caractère…. Impossible pour lui de s’affirmer, de répondre, face à une agression de l’autre, même injustifiée.
Aussi s’alarme-t-il quand, un homme meurt au supermarché, juste après l’avoir irrité. « Une existence de 58 ans avait stoppé sa course en plein vol sous mes yeux. Une existence dont le dernier geste avait été de glisser une boîte de haricots rouges dans un sac en toile. »
Surtout quand l’histoire se répète avec le chien de ses voisins, le conducteur de l’Audi, l’adjointe du proviseur, l’homme à la gabardine…
Coïncidences, imagination ou réalité ?
Si c’est la réalité, cela veut dire qu’il fait mourir les gens… « Tout en conduisant, je me suis repassé le film des dernières semaines, l’homme à la caisse du supermarché, Mme Jacquet, et maintenant le type en gabardine. Chaque fois, des individus qui, à leur façon, m’avaient irrité. (…) Comment pouvais-je croire un instant que j’avais fait mourir des gens ? »
Du bon Fabrice Caro avec le suspens, la tendresse, l’humour et le sens de l’absurde qui caractérisent ses romans.
Deux légers bémols : la fin peu concluante, ou un peu trop facile. En même temps, je me suis demandé tout au long du roman, comment il allait réussir à conclure son récit. L’allusion avec le siège de Fort Alamo ne m’a pas paru évidente non plus…
Un bon moment de lecture !
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
Sanche, chanteur du groupe Planète Bolingo, a pris la plume pour raconter son expérience en tant qu’humanitaire...
Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !