"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ensemble de chroniques courtes publiées entre 2015 et 2018 dans le journal néerlandais « De Correspondent » et regroupées dans cette édition. Elles reflètent les coups de cœur et les coups de gueule d’un humaniste sur un grand nombre de sujets, d’objets et de personnes rencontrées au cours de son activité professionnelle. La grande diversité des sujets abordés rendent la continuité de la lecture inopérante et il vaut mieux picorer ses odes pour les apprécier, savourer les bonnes et passer plus vite sur les moins bonnes.
Pour moi, LE livre de 2013. Une approche extraordinaire du Congo, dont je ne connaissait presque rien. Le secret : constatant la rareté des documents écrit (David Van Reybrouck est pourtant un sérieux écumeur d'archives, cf. "Le fléau"), l'auteur choisit de faire parler les Congolais, surtout les anciens. Le résultat : une histoire plus vivante que jamais; j'ai dévoré les 700 pages, et regretté que cela soit fini. En outre, écriture remarquable (ou remarquable traducteur de flamand vers le français). Si vous aimez, lire aussi Lieve Joris ("Mon oncle du Congo", "Mali Blues"...).
En littérature le plagiat est jugé comme un crime imprescriptible. Il entache à vie la réputation du coupable, si toutefois il est pris en flagrant délit ! Cette condamnation morale semblerait même s'aggraver avec le temps. Pour preuve ce récit inclassable et protéiforme de David Van Reybrouck, enquêtant sur une affaire de ce type vieille de près d'un siècle. Dans le box des accusés : Maurice Maeterlinck, gloire nationale pour avoir été le seul écrivain belge nobélisé. Du côté de la victime : Eugène Mairais, entomologiste sud-africain, spécialiste des termites, l'accusant d'avoir pillé l'oeuvre se sa vie.
Afin de vérifier cette rumeur tenace, le narrateur se lance dans une enquête aussi difficile que palpitante, le conduisant jusque dans les régions rurales les plus isolées de l'Afrique du Sud. Doté d'une curiosité encyclopédique sans limites, il nous parle successivement de poésie symboliste, de conflits linguistiques belges, de l'histoire des Boers, et surtout de la vie des termites puisqu'il s'agit du coeur du sujet. Ne demandez comment il arrive à rendre aussi passionnant un sujet qui à la base n'intéressait que lui, cela fait partie de son charme mystérieux !
Au fur et à mesure de ses investigations riches en rencontres hétéroclites et autres aventures inattendues, il nous dévoile non sans humour ses doutes, ses pics d'enthousiasme ou ses opinions très affirmées. L'auteur du Fléau est tout le contraire d'un rat de bibliothèque, il aurait plutôt les traits d'un Tintin au Congo. Le paternalisme colonial d'Hergé y est juste remplacé par cette condescendance juvénile d'intellectuel progressiste. Chez Van Reybrouck, la figure du sauvage récalcitrant n'est plus incarnée par le bon Congolais, mais par le fermier afrikaner du Transvaal. L'histoire ne nous dira pas si sa vision du monde a été ébranlée au fil du temps. Pourtant, en transformant cette obscure recherche universitaire en voyage initiatique, ce détective littéraire finit par reconnaitre que le but de son voyage n'était pas la résolution de son énigme mais le chemin qui y menait.
Un pur chef d'oeuvre... Le mariage réussi entre Histoire et récit.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !