"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nora Eldridge est une institutrice dévouée et compétente, qui travaille dans une école primaire de Boston. Jeune quarantenaire, elle est célibataire et sans enfants. Sa mère est morte deux ans plus tôt, et elle n’a plus qu’un frère à l’autre bout des USA, son père vieillissant et sa vieille tante Baby : « jamais mariée, elle était catholique pratiquante et ce que je redoutais le plus de devenir : vaillante, indépendante et totalement sans raison d’être ». Car en dehors d’une amie et quelques copines, et de son travail, la vie de Nora est vide. Ou en tout cas, elle la ressent comme telle : un vide abyssal et dépourvu de sens qu’elle ne sait comment combler. Elle se voit comme une « femme d’en haut », la voisine sympa et souriante mais dont vous ignorez absolument tout, parce qu’elle évite de prendre de la (sa) place et de se dévoiler : « ...la douce et accommodante, la calme et responsable Miss Eldridge, amie modèle, fille modèle, enseignante modèle, Miss Eldrigde la carpette, Miss Rien du Tout à qui tout le monde sourit si chaleureusement avant de l’oublier aussitôt ». Nora rêve, crève, de besoin et d’envie d’exister et d’être visible, mais elle a du mal à échapper à ses démons. L’espoir renaît soudain lorsqu’un nouvel élève arrive dans sa classe, et qu’elle fait connaissance avec ses parents. Avec Sirena, surtout, artiste plasticienne qui la fascine aussitôt. Il faut dire que Nora est une artiste frustrée, qui avait, il y a longtemps, imaginé pouvoir vivre de son art, avant de se rabattre sagement vers le métier d’institutrice. La famille composée par Sirena, son mari et leur fils est et a tout ce dont Nora a toujours rêvé : un couple, un enfant, un métier passionnant. A travers l’amitié puis la collaboration que lui offre Sirena, Nora croit à nouveau en son étoile, convaincue que tout est à nouveau possible, que cette relation et le regard de Sirena vont lui permettre d’enfin vivre vraiment et de s’épanouir en tant qu’artiste. L’espoir est donc là, reste à le concrétiser. Car au final, il faut bien le reconnaître, Nora se cantonne à vivre à travers Sirena et à se dévouer pour la prochaine exposition de celle-ci, plutôt que de suivre son propre chemin. Comme dans la chanson, « la vie par procuration ».
« La femme d’en haut » raconte un épisode de la vie d’une femme en colère, contre elle-même et le monde entier, et qui, arrivée à la moitié de son existence, est persuadée d’avoir gâché sa vie, et qui attend désespérément de vivre dans et par le regard et la reconnaissance des autres. A-t-elle raison de penser qu’on n’existe qu’à travers les autres ? Sans doute pas. Question complexe. Mais difficile de penser autrement quand on se considère totalement transparent. Et le plus important : savoir si on a encore assez d’énergie ou de colère en soi pour réagir et se révolter.
Sur les thèmes de la solitude, des espoirs fous et des frustrations et désillusions proportionnellement cruelles, du cynisme du monde de l’art, et surtout de la définition d’une vie réussie ou au minimum satisfaisante, « La femme d’en haut » est un roman cruel, interpellant et même bouleversant.
Aux États-Unis, Nora, quarante ans, artiste qui ne s'est jamais fait connaître est institutrice.
Elle tombe sous le charme d'un nouvel élève, le petit Reza., puis se lie d'amitié avec ses parents.
Avec Sirena, la maman, artiste qui commence à être reconnue, elle loue un atelier.
Nora est complètement fascinée par ses nouveaux amis.
C'est un beau portrait de femme en proie à ses doutes, ses colères, son appétit de vivre, son manque de reconnaissance.
J'ai trouvé par moment que c'était un peu long, je n'ai pas très bien compris l’œuvre artistique de Sirena, mais le style est agréable.
En plus, Nora s'adresse souvent directement au lecteur, ce qui est plutôt sympathique.
Il y a cette petite maison blanche à l'orée de la "forêt tentaculaire" où vivent, isolées, une mère un peu marginale et sa fille. Il y a l'autre petite fille riche, dans une belle maison du Massachusetts, à l'avenir tout tracé par des parents aimants. Les dés sont jetés. C'est le récit d'une belle amitié, puis d'une séparation. Les promesses de l'enfance ne sont pas tenues, ou ne peuvent pas l'être plutôt. Comme en amour, hélas, il y en a toujours un des deux qui aiment plus que l'autre... Un drame plane sur l'histoire, comme l'ombre des arbres sur la petite maison. Il y a aussi ce danger constant que courent toutes les filles, et qui hante le roman. Un homme arrive entre la mère et sa fille (la mère est seule depuis si longtemps que la petite ne veut rien gâcher) et s'installe dans la petite maison. La forêt rejette alors tout son mystère noir (ici une "cape" trop lourde pour les frêles épaules de cette fille au corps minuscule et qui ne grandit pas) et devient le nid d'un drame annoncé.
La fille qui brûle de Claire Messud
@folio @gallimard
Premières phrases : » On pourrait penser que ça ne me tracasse plus. Il y a longtemps que les Burns ont déménagés. »
Best friend for ever !!!! BFF comme dirait mon ado adorée et adorable … et pourtant
Un jour on grandit, les jeux changent, les corps se développent et l’amitié s’étiole.
Julia et Cassie sont amies depuis la cour de maternelle, la parole est parfois inutile, elles se comprennent sans se parler, ou sont capables de parler des heures durant sans que jamais le silence ne s’immisce, elles sont ensembles et c’est magique, BFF pour la vie … ou pas.
Mais la vie justement, aime relancer les dés, constamment et subrepticement, les cartes se mélangent et les règles du jeu ont changées.
De nouvelles rencontres, de nouvelles voies et le chemin de l’amitié devient chaotique, laissant parfois l’autre sur le bas-côté et alors « amies pour la vie » ne rime plus à rien, les promesses échangées sur une balançoire un soir d’été n’ont plus de valeurs.
Et c’est ainsi que Julia va regarder Cassie s’éloigner d’elle … puis disparaître.
Oubliés les comptines, la marelle et les secrets.
J’ai vraiment apprécié cette lecture, je me suis laissée guider par l’écriture agréable et facile de Claire Messud. Et cette histoire qui s’étire et qui ne résiste pas aux temps m’a passionné.
Emma aime :
-Découvrir une très belle plume
-l’amitié qui change et évolue
-La forêt tentaculaire
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