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Quinze ans plus tôt à Dives-sur-Mer, Calvados, deux corps de femmes flottent sur l’eau, « la petite fille est morte, sa mère aussi. Elles ont les joues bleues, des corps léchés par la mer et leurs jambes sont couvertes de sel… Un homme sort de l’eau. Il a ôté sa chemise et cache son visage dans ses mains. Il ne crie pas, il ne pleure pas. Il sait que c’est trop tard ».
Quelles sont les circonstances de ce drame ? Trois femmes vont, en alternance, raconter cette catastrophe.
Aube, la plus âgée, à la vie sacrifiée, résignée, de cul-terreux. Obligée d’aider à la ferme après des études sommaires, « mes pieds sont pleins de boue et mon cœur est un peu givré ; les enfances près des bêtes sont froides et solitaires ». Elle n’aura d’autre issue que de se marier au fils d’un voisin, Francis, cultivateur bien entendu. « A Gacé, l’hiver était toujours mouillé et les jours avaient la tristesse d’un cimetière abandonné… Gacé ne comptait qu’une église sale, morne, peuplée de vieilles dames en robes fleuries, ainsi que deux troquets, un marché minuscule et notre vie de famille ». Ses seules joies, les quelques balades dominicales sur la côte calvadosienne d’où elle aperçoit les fumées des raffineries du Havre et l’embouchure de la Seine, la Seine ce fleuve que l’on peut remonter jusqu’ à Paris. Ah ! une vie de citadine, Aube est rêveuse, elle aime écrire, elle aurait voulu faire entrer la poésie dans son existence. A la faveur d’une rentrée d’argent, pas très licite comme on l’apprendra, le couple achète une nouvelle ferme à Dozulé plus près de la côte. Aube conserve une belle somme, elle a transféré ses rêves et ses ambitions sur sa fille, sa petite Aurore pour qu’elle puisse faire des études.
Aurore, obligée de quitter la Normandie, la ferme, les bêtes. Sa mère l’a inscrite à Paris pour poursuivre son cursus scolaire, « comme s’il s’agissait de sa propre vie, comme si le destin lui offrait une seconde chance, celle de tout recommencer à travers moi ». Craintive et solitaire, son adaptation est délicate, elle se sent trop provinciale, transparente. Certes, elle fait « l’apprentissage » de la vie, en marge des cours et des petits boulots, une première expérience avec un homme marié, puis elle rencontre le gentil Jacques, un étudiant qui projette d’enseigner la philosophie. Mais sa vie est transformée par l’apparition de Borée, une ravissante jeune femme brune aux yeux noirs aux antipodes de sa rousseur et de ses yeux vers, qui la fascine.
Borée, « vent du nord », la tempête souffle dans sa tête, c’est une écorchée vive, elle rêve de vengeance. Au fil de sa relation avec Aurore, elle va se transformer, la relation devient vénéneuse. Pourquoi tient-elle à s’intégrer aussi étroitement à l’existence d’Aurore, jusqu’à vouloir rencontrer sa famille ?
A la manière d’un thriller, la tension monte petit à petit, au fur et à mesure que les nappes de brouillard s’évaporent dans le ciel normand et l’histoire se dessine. D’une plume vive et poétique, Charlotte Monégier dans ce « Ne t’inquiète pas des tempêtes », nous interroge sur la fragilité des vies, de nos destins induits par notre entourage, un événement. Elle s’attache à nous décrire la valse des sentiments entre amour fraternel ou charnel et haine, pas si lointains parfois.
Vifs remerciements aux Editions Calmann-Levy
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