"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je remercie tout d'abord les éditions Sarbacane pour ce partenariat ! Je pense que le secret peut être dévoilé... A moins que vous ne l’ayez déjà deviné, j'adore les livres édités chez Sarbacane ! Les sujets évoqués sont souvent d'actualités mariant émotions et réflexions pour une histoire qui nous trotte dans la tête bien longtemps après l'achèvement de notre lecture...
Pas de déception à l'horizon et Les évadés du bocal vient confirmer ce bonheur qu'est de ressentir mon cœur palpité pour d'intenses histoires, pour la collection Exprim' !
Dès le début, j'ai découvert une écriture particulière avec le récit dynamique de Sandro ! L'auteur nous intrigue dès cet évènement et ne perd point son ton mordant jusqu'à la fin de l'escapade...
L'histoire tourne autour de trois personnages, trois amis qui décident de quitter leur hôpital psychiatrique pour retrouver leur liberté, mais pas que... Ils soupçonnent leur psychologue de quelques affaires louches en rapport avec le soi-disant transfert d'autres patients dans un autre hôpital. Car une fois partie, plus aucune nouvelle, plus aucun signe de vie de leurs anciens amis...
Nous suivons tour à tour Lisa, Sandro et Ives. Trois personnalités totalement différentes qui nous touchent chacune à leur manière... Ils n'ont rien à perdre et sont déterminés à récolter les indices nécessaires ! C'est donc parti pour un moment fort entre courses poursuite, rire et solidarité ! Un trio qui n'a pas manqué de me faire rire, réfléchir mais aussi m'inquiéter...
J'ai trouvé ce texte humain, révoltant, drôle, donnant de l'espoir malgré toutes les horreurs présentes dans notre monde... Les larmes pointent, laissent le rire sortir pour réapparaitre quelques pages après. Un roman original, qui m'a parfois laissée perplexe. Certains mots sont beaux, d'autres percutants, piquants, peut-être un brin violent...
L'intrigue nous fait fourmiller d'impatience à l'idée de savoir si les trois vagabonds vont s'en sortir, réussir la mission qu'ils se sont donnés ! Le rythme est dynamique, les péripéties des personnages nous font vibrer et on sent le funambule en nous qui oscille d'un côté, se rétablit in extremis pour rebasculer de l'autre côté...
La fin m'a déchirée le cœur... Je me suis tellement attachée aux personnages durant ma lecture et je ne m'attendais pas du tout à ce revirement de situation ! Je me doutais bien que tout ne pouvait pas se finir aussi bien, mais rhaa... Ces personnages, humains, sont considérés comme dangereux alors qu'ils sont juste malades, qu'ils ont juste besoin d'aide, de soutient, d'amour comme nous tous...
La plume de l'auteur m'a un peu choquée au début, le langage est familier et certains mots crus... Mais une certaine tendresse se dégage des phrases, le ton peut être aussi touchant qu’abrupte et j'ai aimé, j'ai aimé cette lecture...
Pour finir, si vous êtes à la recherche d'un roman décalé, à la plume qui vous transmet aussi bien la joie que l'angoisse, que la réflexion, lisez Les évadés du bocal !
(Mon avis en entier sur mon blog (: http://un-univers-de-livres.blogspot.fr/2016/09/114-chronique-les-evades-du-bocal.html)
Je remercie Morgane et les éditions Sarbacane pour cette lecture délirante ! Les hôpitaux psychiatriques sont des lieux qui m’intéressent tout particulièrement. Pour y avoir travaillé à plusieurs reprises, je peux le dire, ils sont souvent victimes d’une image erronée qui les dessert. Dans les croyances populaires –, et ce depuis toujours –, on s’imagine ces endroits comme des lieux à l’abandon, où les patients ne sont pas plus astucieux que des lobotomisés engoncés dans leurs camisoles de force et maltraités par les électrochocs. C’est bien dommage ! Heureusement, il y a des auteurs comme Bruno Lonchampt qui, sous des dehors humoristiques et poilants, parviennent à lever le voile sur un monde encore trop sujet aux préjugés.
Dans cette histoire nous suivons les aventures de trois personnes internées dans un service psychiatrique. Enfermés, ils vivent retranchés du monde avec la télé pour seule compagnie et leurs voisins d'infortune. Yves est l’un d’entre eux et est persuadé d’être la victime d’un complot intermondialiste. Un jour, persuadé de détenir des preuves des agissements douteux de son psychiatre, Yves met en place un plan pour s’évader. Il ne sera pas tout seul dans cette entreprise puisque Lisa et Sandro, deux autres internés, l’accompagneront dans ses aventures. Et des aventures, ils vont en vivre ! Enquêtes, soupçons et crises délirantes… le voyage promet d’être mouvementé !
J’ai entamé ce livre l’esprit bien ouvert et j’ai eu raison. Bye bye les vieilles idées reçues moisies, Bruno Lonchampt nous entraîne dans une histoire rocambolesque à mourir de rire ! L’histoire n’aurait certainement pas été aussi entraînante sans sa plume virtuose et terriblement bien tournée. L’auteur maîtrise l’art des mots, il les tournicote, les entortille et en fait quelque chose de très personnel, plein d’humour et de dérision.
Cette aisance se retrouve également dans la manière d’aborder le milieu psychiatrique. Les professionnels ont tendance à regarder les personnes souffrant de troubles mentaux avec un regard acéré, presque chirurgical. Les autres préfèrent s’en moquer ou hausser simplement les épaules. Ici, il n’y a ni railleries, ni clichés, ni indifférence ; on observe la scène avec d’autres yeux : ceux du patient. Le lecteur passe de l’autre côté de la barrière, et ce qu’il y trouve est totalement désopilant. Une véritable bouffée d’air frais ! En plus, le récit est très juste et sans la moindre fausse note.
Les personnages sont marquants ! Entre les paranoïaques, les bipolaires et autres grands psychotiques, on ne s'ennuie à aucun moment. Leurs idées sont chaque fois farfelues, leur tempérament à cheval entre candeur et ruses bien ficelées. On a affaire à des adultes, mais ils gardent leur âme et leur spontanéité d’enfants. Ça les rend encore plus attachants.
Ils ont parfois des idées délirantes, qui n'ont de sens que pour eux, mais ensemble ils forment une véritable petite famille. Chacun y va de son petit grain de folie (sans mauvais jeu de mots) : Yves et son aplomb, Sandro et sa phobie des chauves, Lisa et ses strip-teases intempestifs... Autant dire que c’est la fête du slip !
J’ai particulièrement apprécié Yves, si éloquent qu'on a l'impression que c'est lui qui a toute sa tête et les autres qui sont fous. Les médecins lui répètent qu’il souffre de délires paranoïaques, mais pour lui, c'est juste de la clairvoyance. Il décèle ce que d'autres ne voient pas. Enfin, c’est ce qu’il dit ! Ça me rappelle une phrase du talentueux Alexandre Astier dans la série Kaamelott, qui raccorde particulièrement au sujet dont il est question : « […] les fous ils sont fous par rapport à une norme. Mais pour eux-mêmes, c'est les autres qui sont fous. »
En résumé, Les évadés du bocal est une totale réussite. Une course contre la montre qui laisse hors d’haleine, une enquête délurée et un final siphonné ! Le lecteur oscille entre l'amusement et la gravité. Derrière l'humour et la dérision se cache une vérité plus sérieuse, un combat contre les autres, mais aussi contre soi-même. À demi-mot, l'auteur nous livre sa vérité, au travers de personnages qui ne sont pris au sérieux par personne, sous prétexte qu'ils sont psychotiques. C'est un roman qui cache une profondeur touchante sous la généreuse couche de facéties.
Ma chronique : http://april-the-seven.weebly.com/chick-lit---humour/les-evades-du-bocal-bruno-lonchampt
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