"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sur l’île de Panarea, dans sa chambre d’hôtel, par une journée d’été caniculaire, après sans doute des excès dont il n’a pas de souvenir, Dario est réveillé par la soif. Point d’eau dans la salle de bains et ayant conclu un accord avec les femmes de chambre pour qu’il ne soit jamais dérangé, cette soif d’eau va obliger ce misanthrope notoire qui vient tous les ans s’isoler dans le calme familier de cet hôtel à sortir de sa chambre pour chercher cette eau dont il a tant besoin.
À peine a-t-il mis le nez dehors, qu’il est hélé et suivi par un jeune garçon d’une dizaine d’années, Virgilio et bientôt tout va prendre une étrange tournure pour cet homme qui voulait seulement étancher sa soif.
Cette recherche de l’eau qui devient impossible à trouver va le conduire à descendre à la plage.
Alexis de Moulliac fait ainsi descendre son personnage Dario dans les cercles de l’Enfer jusqu’au neuvième où réside Lucifer, écho à la première partie de la Divine Comédie de Dante Alighieri.
J’ai découvert avec ce roman l’existence de cette toute petite île volcanique, de laquelle on peut voir le Stromboli tout proche et qui vit presque exclusivement du tourisme de luxe. L’auteur, par ailleurs, raille discrètement ces touristes fortunés.
J’ai apprécié les portraits brossés par l’écrivain, décrivant des personnages principalement féminins fort originaux et colorés. Les titres de chaque chapitre en italien et français m’ont permis l’espace de quelques instants de replonger dans cette langue si chantante et ensoleillée.
Roman où vers et prose se mêlent, La descente à la plage a pour thèmes la culpabilité, la mort, les souvenirs, les regrets, la lâcheté mais évoque aussi le problème de l’eau, cette eau vitale qui pourrait, si elle devenait rarissime vite devenir source de conflits et de violence.
La Descente à la plage, premier roman de Alexis de Moulliac, ce périple étrange et mêlé de fantastique a été pour moi assez déroutant, surprenant et un peu énigmatique.
Je remercie Lecteurs.com et les éditions Buchet/Chastel pour cette découverte.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/11/alexis-de-moulliac-la-descente-a-la-plage.html
Pas mal l histoire de cet homme ,j ai eu la chance de le gagner en livre surprise au jeu concours de l été, merci beaucoup j'ai passer un bon moment
L'homme qui voulait étancher sa soif
Pour son premier roman, Alexis de Mouillac a choisi de mettre en scène un misanthrope venu se réfugier à Panarea. La soif va l'obliger à quitter sa chambre et à parcourir l'île jusqu'à cette plage qu'il abhorre. Un périple qui va peu à peu se teinter de fantastique.
Ce matin, quand Dario se réveille dans sa chambre d'hôtel, il a les idées un peu floues, mais surtout la langue pâteuse, sans doute à cause des excès de la veille dont il ne se souvient pas. Tout juste constate-t-il que son lit est entouré de bouteilles vides. Et comme il a demandé à ce qu'on ne le dérange pas, il va bien être obligé de se lever, de sortir chercher l'eau dont il a besoin.
Sur l'île de Panarea, où il trouve refuge depuis une quinzaine d'années, il sait qu'il n'aura pas à aller très loin puisque La superette Da Filippo est à côté. Il n'aura qu'à prendre son pack et pourra retourner se coucher. Sauf que le magasin est fermé et que son gérant a disparu.
Virgilio, le gamin d'une dizaine d'années, croisé en sortant de l'hôtel et qui lui a emboîté le pas, va alors lui suggérer d'aller au bar du Cincotta, l'un des hôtels de l'île.
Comme le Da Pina, l'autre supermarché, est aussi fermé, il s'exécute. En entrant dans le vieil hôtel, il se rappelle le von temps passé avec Cinzia qui faisait bien davantage que les chambres de ses clients. Mais la jeune femme ne pourra pas le contenter cette fois, même pas pour un simple verre d'eau. L’eau qui semble avoir disparu de cette île qu’il lui faut encore arpenter jusqu'à la plage, cette «cuvette des chiottes de l’île. Des îles en général. Du monde entier. La source la plus attractive d’eau non potable, le carrefour de toutes les angoisses.»
Entre temps, il aura croisé Cosimo et Guido, Pina et Lucrezia, se sera remémoré quelques souvenirs et aura chercher à comprendre qui est ce garçon qui l'accompagne durant cette «journée de merde»: «T'u apparais de nulle part, tu sais les choses avant qu’elles n’arrivent, en plus tu ne parles même pas comme un vrai enfant. Et puis ton obsession de la plage, là, d’où ça sort? Je suis fatigué de ne pas comprendre. Donc je n’irai pas plus loin si je n’ai pas de réponses.»
Si la réponse est laconique – «rien, c'est juste pas ton jour» – elle va offrir à Dario l'occasion de se conforter dans sa misanthropie, son malaise gagnant en intensité. Car les autochtones qu’ils croisent dressent un tableau fantasmagorique dans lequel leurs habitudes et leurs traits viennent faire grandir les angoisses de Dario.
Alexis de Mouillac est franco-italien. En le lisant, on s'imagine qu'il a dû lire Buzzati et surtout Italo Calvino pour mener son lecteur sotto voce vers le fantastique. Cette descente à la plage, c'est le chemin vers l'enfer, celui de Dante avec ses différents cercles, mais avant tout celui qu'il a vécu là, le traumatisant sans doute à jamais. Voilà comment ce court roman, parti sur le ton de la comédie, va prendre des allures de drame existentiel. Alors la raison vacille...
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Dario a soif. Seul dans la chambre d’hôtel où il semble vivre un isolement salutaire, il doit se décider à sortir. Une étrange atmosphère règne au-dehors. Dario s’en remet Virgilio, un gamin qui semble connaître aussi bien le fonctionnement du lieu que l’âme de notre héros déshydraté.
C’est un bien curieux récit, teinté d’onirisme et de réflexions sur le sens de la vie, les regrets et les remords, les « loupés et les grands soleils ».
Sans révéler ce qui fait l’essence de ce court roman, j’ai été agréablement surprise par la façon dont l’auteur se sort des méandres d’un récit intriguant, à l’écriture audacieuse. Une plume à suivre.
128 pages Buchet Chastel 11 janvier 2024
#Ladescenteàlaplage #NetGalleyFrance
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