"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'histoire se déroule en Espagne et les ficelles pour y amener le protagoniste, Arnaud MADRIER, sont plausibles. Le scénario est captivant : que s'est-il passé lors de la guerre d'Espagne pour que son père s'y engage puis disparaisse tout à coup : trahison, la guerre tout simplement, l'envie d'une autre vie, l'amour, autre chose ? La trame est là : l'arrivée en Espagne, les jours de féria qui rythme l'avancée de l'intrigue et le dénouement à plusieurs voix. Les descriptions de la féria ou de certains paysages sont belles.
Le reste est maladroit, parfois stéréotypés, improbables, mal construit que ce soit dans l'espace ou dans le temps (il n'a pas dormi pendant 36 heures et 2 paragraphes plus loin ce n'est plus que 48h, etc.). La narration et les actes des uns et des autres sont très 21e siècle (embrasser et caresser en pleine rue par exemple).
C'est dommage.
Quel roman ! S'il souffre, à mon avis, de quelques longueurs, répétitions, il ne ménage pas ses effets de surprise. Là où l'on croit que l'auteur est déjà allé loin, il pousse encore le bouchon vers le fantasme, l'irréalisme avant de se dire que tout n'est peut-être pas si éloigné d'une future probable vérité. Ce livre qui pioche allègrement dans le polar et le roman d'anticipation se lit avec avidité et dégoût, mais un dégoût qui demande à continuer la lecture pour voir jusqu'où Alain Delmas peut nous emmener. Et l'on n'est pas déçu.
Difficile de ne pas y voir des pays ou des personnes vivantes ou ayant réellement vécu, néanmoins bien cachées. Alain Delmas décrit un monde économico-politique terrible dans lequel tous les coups, mêmes les plus vils, les plus bas -surtout iceux- sont permis. A chaque fois que l'on passe d'un intervenant à un autre -une ministre, un conseiller...- on se demande ce qu'il va inventer pour tenter de prendre le pouvoir. Un monde violent et incroyablement créatif dans l'art de nuire à son ami et rival. C'est du billard à multiples bandes. Les associations entre deux personnes ne durent que le temps qu'elles profitent au plus futé.
Il y a dans ce roman, comme dans le précédent de l'auteur, Dans l'ombre du viaduc, une ambiance incroyable qui vous saisit et ne vous lâche plus. Il y a aussi, les questions de la dérive de nos sociétés, du pouvoir et de sa violence, de son attrait pour certains qui le veulent quel qu'en soit le prix, de la science lorsqu'elle est dirigée par des personnes ne cherchant que le profit. Tout cela en à peine 300 pages, du grand art.
Espagne , été 1957 . La guerre d'Espagne entre républicains et nationalistes est finie depuis longtemps mais Franco est toujours au pouvoir et les souvenirs sont encore prégnants dans l'esprit de gens qui ont vécu cette période notamment ceux qui ont du voir s'évanouir leur idéaux républicains et passer par la case prison …
Arnaud Madrier , jeune ingénieur français débarque à ce moment-là à Valence afin de mener à bien un projet de détournement de Turia , le fleuve , connu pour ses crues aux conséquences dramatiques . Sur le chantier il se lit d'amitié avec Paco , qui lui propose de découvrir la Feria del Angel dans sa ville natale de Teruel , à deux cent kilomètres de Valence . Pour Arnaud Teruel est aussi synonyme de triste souvenir : c'est en effet le lieu où a disparu son père membre des brigades internationales pendant la guerre d'Espagne . A Teruel il va donc découvrir la famille de Paco : Rafael et Angelina mais aussi son père taciturne , ancien républicain , qui ne s'est jamais remis de son emprisonnement et de la fuite de ses anciens idéaux . En parallèle de sa quête sur les trace de son paternel , Arnaud va aussi faire connaissance avec Ines , une très jeune fille dont il va tomber amoureux malgré les obstacles dressés devant lui par le père d'Inès , ancien colonel franquiste .. Arnaud va alors , malgré lui , chambouler le fragile équilibre établi et conduire indirectement à la mise en lumière de lourds secrets bien enfouis de part et d'autres .
Ce qui surnage dans ce roman c'est l'émotion à fleur de peau qui suinte à travers les principaux personnages et qui va se diffuser chez ses lecteurs .L'auteur capte avec brio cette atmosphère où la tension est palpable à chaque instant et où se mêlent de nombreux sentiments contradictoires : rancoeur , amour , haine , amitié , souffrance et bonheur .On sent le drame poindre à l'horizon malgré le climat de liesse qui règne dans la ville .
L'auteur nous offre ainsi un magnifique roman historique , réaliste , émouvant et au style impeccable qui nous incitera sans aucun doute à découvrir ses prochains récits .
Roman noir, roman sur la quête de l'identité, des origines et de l'histoire de ses parents. Peut-on en être fier ? Doit-on en avoir honte ou peur ou la rejeter ? Doit-on vivre avec le poids des fautes et des erreurs de ses parents, doit-on ou peut-on s'en affranchir ?
Voilà, c'est un peu tout cela ce roman et plein d'autres choses, sur l'amitié, l'amour, la haine, la vengeance, la trahison. Très bien fait, tout commence comme un séjour plaisant dans un charmant village espagnol et la tension monte crescendo, quasi imperceptible au départ puis de plus en plus prégnante. L'intensité est surtout due aux rapports entre les personnages, Paco et Arnaud en particulier. Au fur et à mesure qu'ils se découvrent et apprennent leur histoire leur amitié se renforce mais explose également. Paco est un sanguin qui réagit très vite, contrairement à Arnaud qui prend plus le temps de la réflexion.
Le rythme n'est pas haletant, c'est plus un polar d'ambiance que de situation. Point de courses poursuites, d'actions explosives, violentes, d'objets connectés -on est en 1957-, de bagarres à toutes les pages. L'Espagne est là, présente et très décrite. Franco est encore au pouvoir et l'on sent bien que les gens subissent, n'osent pas dire ou agir de peur de subir les foudres du pouvoir. L'homme fort de Teruel, représentant du caudillo, a les moyens de faire taire les plus téméraire; les plus combatifs.
Ce qui est très agréable dans ce roman, c'est le mélange bien dosé par Alain Delmas : le contexte géographique : Teruel et ses petites rues pittoresques ; le contexte culturel -même si je sais que ça va faire hurler de parler de culture à propos des corridas, mais il n'empêche que c'est culturel, même si l'on n'est contre la mise à mort de taureaux- ; le contexte historique : Franco est à la moitié de son règne, la guerre civile est encore récente et les blessures non refermées, les voisins peuvent s'être combattus durement et vivent maintenant à côté ; l'intrigue qui, si elle n'est pas insoupçonnable ni même hyper originale, est fort bien mise en scène et permet d'aller allègrement au bout des 288 pages sans jamais rechigner ; l'histoire d'amour compliquée est là également pour ajouter une part de drame et de douleur en même temps qu'une dose de sensualité, rien que la description d'Inès laisse le lecteur que je suis tout émoustillé.
Alain Delmas signe là son premier roman, publié chez Intervalles -beau choix-, très prometteur pour la suite.
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