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Elizabeth Barrett écrit les Sonnets portugais pendant les vingt mois qui séparent la première lettre reçue de Robert Browning, le 10 janvier 1845, de leur mariage en septembre 1846. Elle attendra plusieurs années avant de les montrer à son mari. Aussi célèbres en Angleterre que les sonnets de Shakespeare, ces poèmes d'amour appartiennent pleinement au mythe, et c'est à ce titre que Rilke ira jusqu'à apprendre l'anglais pour les traduire. Claire Malroux écarte le voile de la légende, et montre que l'authentique poète qu'était Elizabett Barrett "ne s'est pas perdu dans la femme". Ces Sonnets sont le lieu d'une conversion : elle doit y chasser la mort et la résignation dans laquelle se complaisait jusque-là sa poésie, pour faire place à l'avènement d'un sentiment vrai, partagé, charnel. D'où la modernité de ces poèmes, traversés de nombreux mouvements, interrogations, contradictions sous le frémissement desquels la rigidité de la forme se défait, le langage corseté se délie. Le goût de la sensation vraie, qui se traduit par une grande liberté et audace de parole, fait d'elle une iconoclaste consciente (Virginia Woolf).
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